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https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/10/20/mourir-est-un-long-travail-parfois-il-fait-peur-mais-il-est-aussi-comme-tout-travail-porteur-de-grandes-richesses_6146656_3232.html

 

« Mourir est un long travail parfois, il fait peur mais il est aussi comme tout travail porteur de grandes richesses »

La médecin Isabelle Marin constate, dans une tribune au « Monde », qu’aujourd’hui l’euthanasie devient un remède à l’incertitude, mais en donnant plus de droits aux malades, on accroît aussi les responsabilités qui pèsent sur le corps médical.

Publié le 20 octobre 2022

 

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ne journée de l’Ecole normale supérieure (ENS), préparée depuis trois ans, a été consacrée le vendredi 9 septembre à l’incertitude. Plus notre monde prévoit, connaît, mesure, plus il s’angoisse de l’incertitude propre à toute vie. « Certitude de la mort, incertitude de l’heure » cette phrase ou son équivalent appartient à toutes les cultures humaines.

Mais le psychologue John Dewey (1859-1952) l’a déjà bien repéré : la peur de l’incertitude est bien celle de souffrances insoupçonnées, reprenant les pensées de Montaigne – on ne craint tant en la mort que la douleur et on redoute la douleur comme avant coureuse de la mort. L’euthanasie permet alors de se prémunir contre cette incertitude. La peur de la mort nous la fait avancer.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Fin de vie : la convention citoyenne prend forme, sur fond de débat sur la méthode du gouvernement

Pendant trente ans, j’ai travaillé dans un hôpital accueillant une population précaire et multiculturelle en Seine-Saint-Denis et j’ai accompagné beaucoup de malades et de familles qui ne m’ont jamais demandé d’abréger le peu qu’il leur restait à vivre.

Pour un projet d’humanité

Or, la question que je découvre, venant de ce monde qui a l’habitude de l’incertitude, en arrivant dans un milieu rural bourguignon est non pas : « Quand va-t-il mourir ? » mais : « Quand faut-il l’endormir ? » Le médecin ne sait pas répondre à la première question, mais peut trancher sur la seconde. Alors l’euthanasie parait la solution la plus efficace pour faire fondre le doute, baisser l’angoisse et finalement édulcorer la mort.

Le sempiternel débat va s’ouvrir sur la dignité d’abord, comme si elle était l’objet d’un diagnostic et non un projet d’humanité, puis sur la douleur et la souffrance, comme si la vie pouvait s’en passer. On oublie alors que des soins appropriés peuvent permettre de diminuer les douleurs et d’accompagner les souffrances. Il serait utile d’éclairer le débat par cette peur de l’incertitude, du hasard.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Fin de vie  : « Les conditions d’une délibération collective ne sont absolument pas réunies »

Nos vies se construisent en effet sur des rencontres, des hasards improbables, des coups de dés et nos plus beaux moments sont souvent les plus inattendus. Le début de la vie connaît lui aussi cette problématique et le déclenchement des accouchements pour le confort des familles et surtout celui des soignants a bien tenté de devenir la norme.

Un nouveau pouvoir médical

Un mouvement s’est amorcé pour refuser cette médicalisation excessive qui déciderait de l’heure et du moment de naître. Comment se fait-il qu’un tel mouvement ne voit pas le jour pour lutter contre la médicalisation de l’heure et du moment de la mort ? Car sous couvert d’augmenter les droits des malades et leur autonomie, c’est au corps soignant que l’on demande de prononcer l’inéluctabilité d’abord puis de soulager et abréger la vie du patient.

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C’est donc en fait un nouveau pouvoir médical qui peut voir le jour. Et les médecins ne sont pas indemnes de l’angoisse de mort, ils participent à cette culture de la certitude et préféreront toujours maîtriser la vie, quitte à l’interrompre, plutôt que de la voir échapper à leurs soins et à leurs techniques.

Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés « Le débat sur l’euthanasie devrait s’inscrire dans une éthique de la discussion »

Je suis d’ailleurs toujours aussi stupéfaite que notre monde s’imagine pouvoir faire peser la souffrance et la mort sur une toute petite partie des soignants. Récemment, une amie en toute fin de vie me demandait ce qu’il fallait faire pour qu’elle meure, n’imaginant pas que la mort venait au bout de son chemin de maladie sans qu’on ne fasse rien. Sa famille s’offusquait du changement de son apparence alors même qu’elle gardait toute sa lucidité et communiquait avec tout son entourage.

Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés Fin de vie : « Légiférer sur l’euthanasie n’est pas une urgence politique »

Mourir est un long travail parfois, il fait peur mais il est aussi, comme tout travail, porteur de grandes richesses et, pour une athée qui ne croit pas aux lendemains, le temps passé vivant est toujours du temps pris sur la camarde. Ça ne sert à rien, me dit-on, quand c’est fini, c’est fini, mais justement, c’est seulement quand la mort vient que c’est fini et tant qu’elle n’est pas là qui sait ce qu’il peut arriver : « Le soleil m’a dit qu’il reviendrait peut être », comme l’a écrit la poètesse Sabine Sicaud (1913-1928).

 

 

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19.12.22

 

« Le propre de la mort est qu’elle ne se raconte pas, ce qu’on peut raconter, c’est la vie »

par Delphine Horvilleur

 
 

FACTS & DOCUMENTS Brigitte Macron Investigation

byFaits & Documents

oct 2022
 

Qui est vraiment Emmanuel Macron ?

oct 2022

 

 

oct.2022

 « La vocation spirituelle de la France »

...Georges Bernanos

hcq

020

 

Après nous le déluge 

Les Temps modernes comme expérience antigénéalogique ...par Peter Sloterdijk

 

 

 

František Kupka,

 

 

N'oublie pas de te souvenir que tu es fragile
que tu te froisses aussi facilement que tu te déplies

N'oublie pas que tes os se cassent comme un rien qu'ils ne sont pas

N'oublie pas de te souvenir que si l'éternité t'habite tu ne l'incarnes pas
éternellement

N'oublie pas de ne pas glisser au fond de l'abime
ni de te lever en pleine nuit pour sauver une âme en péril

 
N'oublie pas de te reposer et d'accueillir la main secourable

 
N'oublie pas que la fontaine s'épuise lorsqu'elle ne se ressource pas

 
N'oublie pas de respirer hors de l'eau

 
N'oublie pas de te souvenir quand tu saignes 
ni n'attends de saigner pour considérer ta douleur 
ou que ton cœur se brise pour commencer à l'écouter

 
N'oublie pas que les cris muets que tu pousses en plein jour ne s'entendent pas, parce que ... c'est comme ça

 
N'oublie pas de dire et de taire aussi

 
N'oublie pas que déjà tu naquis et que c'est peut-être l'unique fois

 
N'oublie pas les marées avant qu'elles ne t'emportent 
et que le sirocco ne t'apprendra pas à voler.
N'oublie pas de te souvenir que tu as été aimé

 
N'oublie pas d'oublier tout ce dont tu as douloureusement manqué

 
N'oublie pas de ne pas oublier que les lendemains chantent
Parfois
N'oublie pas ton droit de lâcher un soupir

 
N'oublie pas de te souvenir que tu as un corps même lorsqu'il s'effondre

 
N'oublie pas la nuit pour rêver et le jour pour jouer
ni les heures à rêver et les nuits à jouir
N'oublie pas le plaisir

 
Ni les larmes ni le sourire 
le parfum du jasmin
le charme de l'églantine 
le thym, la lavande, le romarin

 
N'oublie pas de te souvenir que la bise est cinglante, et qu'il suffit d'un rien pour que parfois tu te brises

 
N'oublie pas de te soutenir
de tous tes rêves
tes plus beaux souvenirs

 
N'oublie pas de marcher pieds nus sur le sable chaud, de courir dans l'eau,
ni la caresse du soleil en hiver sur ta nuque et le long de ton dos

 
N'oublie pas les pleurs qui t'allègent quand tu te sens fondre comme neige

 
Ni la goutte de sang qui a perlé sur le carrare du visage de l'enfant

 
N'oublie pas la hantise qui a foudroyé le cristal de tes nuits.

Virginie Megglé
 
01/03/2018
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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https://www.dedefensa.org/article/comme-larrons-en-foire

 

Comme larrons en foire

• Poutine propose une bonne affaire à Erdogan, le Turc accepte et le Russe se réjouit. • Il s’agit de faire de la Turquie le “centre gazier” destiné à remplacer en les prolongeant vers le ‘Grand Sud’ les infrastructures NordStream démolies par sabotage américaniste-atlantiste. • Bien entendu, les grands esprits européens, sociopathe Macron absolument en tête, haïssent ce projet qui habille leur stupidité de perspectives extraordinaires. • Mercouris, lui, y voit « potentiellement le plus grand bouleversement géopolitique auquel j’ai assisté depuis la chute de l’URSS... »

Qui avait coutume (est-ce Lénine ?) de dire à peu près que certains bouleversements importants mettent des décennies à prendre forme, alors qu’il suffit parfois d’un seul mois, d’une seule semaine pour que ces bouleversements se produisent. Nous y sommes, – nous y sommes encore plus que ce qu’avait envisagé l’approximatif personnage ainsi citée. Plus encore, bien plus, on peut dire que, jamais sans aucun doute depuis qu’existe une perception globale de la géopolitique et de la métahistoire, tant d’événements extraordinaires auxquels il faut des décennies pour se produire, ne se sont empilés aussi rapidement en l’espace de quelques mois. C’est le moment poursuivi, chaque jour accentué, où l’histoire se fait métahistoire pour accélérer, pour prendre tout le monde de cours, pour laisser nombre d’entre nous, ou d’entre eux, interdits, comme poussières « jouant avec cette poussière » sur le bord de la route où file cette course métahistorique.

Dixit PhG (c’est son jugement, non-censuré) : « Parmi ces poussières, les plus insignifiantes se trouvent dans les “grands” arrogants et stupides pays européens, UE ou pas, – la France, l’Angleterre, l’Allemagne, – cocus mille fois, impuissants, babillant, suffisants, aussi stupides que l’on puisse imaginer... Quelle honte d’être Européen et Français aujourd’hui ! »

On s’arrête ici à la rencontre Poutine-Erdogan de jeudi dernier, autour de l’offre russe de faire de la Turquie un “centre gazier” (le “hub gazier” dit la presseSystème des salons parisiens, jamais aussi bêtes et creux à chaque nouvelle occasion de commentaires dépassant les bavardages de l’hexagone et de l’Europe sacro-sainte)

L’Europe et le désert de son intelligence

Il s’agit, pour la Russie, de renverser la route du Nord (les NordStream sabotés) et la faire passer au Sud, en transitant par la Turquie (opération tout à fait possible, selon GazProm) : passer de la Baltique à la Mer Noire (ou de la Mer Noire à la Baltique doit penser Liz Truss). Cette idée a aussitôt rencontré l’accueil enthousiaste d’Erdogan, qui voit son pays soudainement transformé en poutre-maîtresse du flot gazier russe vers l’Ouest et le ‘Grand Sud’.

ZeroHedge.com’ parlait, samedi, de l’“accueil impatient” d’Erdogan. Tout le monde pensait aussitôt à l’Europe aujourd’hui soumise aux exigences exorbitantes des USA, quoique ce ne soit qu’une partie du projet (voir plus loin, Mercouris). Le ministre Turc Cavusoglu a observé avec mesure :

« L’affaiblissement de l'Europe dans tous ses aspects n'est pas dans l'intérêt de la Turquie, bien au contraire. C'est une question d'offre et de demande. Quelle proportion de l'Europe ... est-elle prête à acheter du gaz provenant d'un tel projet ? Il faut y réfléchir ensemble. »

Mais ‘ZeroHedge.com’ va à l’essentiel, lorsque le site soulève les objections européennes qui sont évidemment produites et centrées sur cette étrange maladie de la phobie antirusse qui est en train de la saigner à mort. Donc, les réflexions de Taylor Durden, sans véritable surprise lorsqu’il s’agit de jauger l’intelligence européenne où veille ‘Le désert des Tartares’ :

« Quant à l'Europe, ses dirigeants n'y verront probablement qu'un nouveau stratagème de Moscou pour semer la division au sein de l'OTAN ainsi que des pays de l'UE dans leur position unie contre la Russie, et alors qu'ils luttent pour se mettre d'accord sur des mesures énergétiques punitives contre Moscou, mais d’une manière qui n’a pas d’effets plus catastrophiques que ceux que subissent les populations et l'économie européennes.

» Jusqu'à présent, bien sûr, cette délicate tentative de l’Europe de marcher sur un fil, – y compris les efforts visant à plafonner les prix du pétrole russe, – n’a fait que se retourner contre elle et a mis en évidence les tensions et les fractures intereuropéennes, étant donné la forte résistance de pays comme la Hongrie et la Bulgarie.

» La Turquie, qui a aussitôt accueilli avec une grande faveur la nouvelle proposition de Poutine et qui signale maintenant qu'elle va l’étudier, a prouvé tout au long du conflit ukrainien qu'elle était une exception à la règle en ce qui concerne la position ferme et unie de ses alliés occidentaux contre la Russie. »

Macron et le “sens” des choses

Il faut noter à part, comme en exergue de l’état du projet européen et de l’intelligence qui le nourrit, l’extraordinaire réaction de l’Élysée à la proposition russe faite à la Turquie, – comme s’il lui avait été demandé de réagir. Macron, puisqu’il s’agit de lui, estime qu’il n’existe aucune nécessité de créer “de nouvelles infrastructures“ pour le transport de gaz : NordStream 1 et 2 suffisent amplement, on l’avait compris.

Voici ce qu’en dit ‘Le Figaro’, toujours d’un parfait laconisme lorsqu’il s’agit de commenter et d’apprécier la pensée élyséenne, comme la presseSystème l’a été lorsqu’il s’est agi de ne pas trop s’attarder à des commentaires et des supputations concernant les responsables des sabotages des deux NordStream. La nouvelle concernant la proposition de Poutine est courtement expédiée, dans sa première appréciation du 13 octobre (dans ce cas, la spontanéité est la marque de la profondeur politique) :

« “Il n'y a pour nous aucun sens à créer de nouvelles infrastructures qui permettraient d'importer davantage de gaz russe”, a indiqué l'Élysée.

» Le “hub gazier” en Turquie proposé par le président russe Vladimir Poutine pour exporter du gaz vers l'Europe n'a “aucun sens” alors que les Européens veulent réduire leur dépendance aux hydrocarbures venant de Russie, a déclaré jeudi la présidence française. »

Pour “faire sens” à cette remarque sur l’“absence de sens” de la chose exposée dans cette page, on se permettra un détour par les méandres de la psychologie élyséenne du temps présent. On y trouve l’indication de divers “sens interdits” et autres “sens giratoires” qui permettent de comprendre dans quel sens il est justifié d’orienter son jugement et son évaluation des intelligences siégeant là où elles doivent être selon le bon sens et le sens des temps-devenus-fous... Selon ‘France-Soir’ du 12 avril 2022, ce rappel opportun qui vaudra l’essentiel en fait d’explication d’une “sociopathie infantile”, – même pas machiavélique, – qui inspire aujourd’hui les directions européennes, de Liz Truss à Scholz, comme le cercle des ‘European  Sociopaths’ dont Macron serait le centre, se gardant bien de toute fréquentation du “hub gazier” poutino-erdoganesque.

« Après un quinquennat marqué par deux crises majeures (celles des Gilets jaunes et du Covid-19), le démantèlement du système de santé (5 700 lits d’hôpitaux supprimés en 2020, environ 15 000 soignants suspendus), 600 milliards de dette, un rapport dette/PIB de 120 %, des scandales tels que l'affaire Benalla, McKinsey et Rothschild, et un mépris affiché envers les Français, il est intéressant d'essayer de comprendre qui nous gouverne. Le professeur et psychiatre italien Adriano Segatori s'est attelé à la lourde tâche d'analyser Emmanuel Macron. À travers deux vidéos (la première parue en 2017 et l’autre en 2022), il livre quelques pistes... »

Passons aux choses sérieuses...

Nous nous tournons donc vers nos deux compères favoris, Christoforou et Mercouris, dans une brève chronique du 16 octobre. Il faut signaler que Christoforou avait déjà noté l’importance extrême (à comparer avec la réaction macroniste) de la proposition de Poutine, insistant sur l’aspect révolutionnaire que le projet introduit dans tous les schémas de circulation d’énergie en Méditerranée, dans le Sud de l’Europe, etc. Ici, on laisse la parole à Mercouris, essentiellement selon un commentaire qui embrasse la révolution géopolitique qu’introduit l’accord :

 « Je pense que c’est une très importante rencontre [Poutine-Erdogan] parce que, à entendre le langage des deux interlocuteurs après leur rencontre, il est désormais clair qu’il existe une alliance de facto [entre la Russie et la Turquie]... »

Mercouris développe ensuite son appréciation, n’hésitant pas à parler de ka possibilité du “plus grand bouleversement géopolitique depuis la chute de l’URSS”. Tout le monde ne va pas apprécier ce qui se passe, – malgré l’absence totale de sens (le « aucun sens ») de la chose. Une remarque d’Erdogan montre bien que Poutine et lui en sont conscients.

Mercouris : « ... Les mots d’Erdogan, “nous sommes résolus à travailler ensemble et sans doute certains dirigeants et cercles politiques n’aimeront pas que nous soyons décidés à travailler ensemble mais nous sommes résolus à le faite”, et il a dit également que ce travail commun se fera au bénéfice des pays pauvres contre les pays riches et ainsi Erdogan s’aligne complètement sur la ligne de Poutine contre l’Ouest... Les milieux dirigeants et d’affaire en Turquie ont réagi très, très positivement à la proposition de Poutine et tout cela montre que la Turquie est en train de complètement modifier sa position. Je n’ai jamais entendu Erdogan parler à Poutine de cette façon...

» La façon dont Erdogan a répondu à Poutine, avec une vision à long terme, signifie qu’ils sont en train d’intégrer la Turquie dans le système eurasiatique, ce qui est logique pour la Turquie... [...]

» C’est potentiellement un bouleversement géopolitique gigantesque, le plus grand bouleversement géopolitique auquel j’ai assisté depuis la chute de l’URSS... »

Effectivement, note Mercouris, les deux présidents sont conscients du risque qu’ils prennent. Si les expressions de “regime change” et de “révolution de couleur” ont un sens, contrairement au “hub gazier”, c’est aujourd’hui, dans les mois qui viennent dans tous les cas, qu’il faut y prendre garde.

« Cela va rendre l’Ouest extrêmement nerveux et je pense qu’il faut s’attendre dans les prochains mois, très rapidement, à des tentatives de faire tomber Erdogan... Je crois qu’il faut se préparer à cette possibilité... »

Vu d’En Haut

En nous référant aux remarques de Mercouris, qui apparaît comme une de nos plus sûres références actuellement, nous croyons qu’il n’est pas inutile de rappeler un commentaire que nous faisions en 2020, sur la nouvelle période où nous étions entrés, là où l’histoire devient métahistoire. L’événement Poutine-Erdogan, dans la situation générale extraordinaire que nous traversons, y a sans aucun doute sa place. C’était le 2 septembre 2020, sous le titre « Les grands espaces métaphysiques », dans le ‘Journal-dde.crisis’ de PhG :

« ... [C[ette fameuse année 2020, où l’on voit, sous nos yeux, ces mêmes événements qui recèlent tous les secrets du monde acquérir une nouvelle accélération qui est en vérité une nouvelle dimension. Cette année 2020 est absolument fascinante car il se produit en effet une rupture de la perception, consécutive à une rupture décisive de la compression du Temps et de l’accélération de l’Histoire. Désormais, plus rien de nos explications habituelles, de nos références les plus estimées et les plus complexes, – et je parle ici sans l’ombre de la moindre ironie, – plus rien de tout cela n’a plus la moindre capacité de figurer dans le même complexe Espace-Temps où les événements nous ont emmenés.

» Nous avons véritablement changé d’univers, après les quelques années de confusion, de fureur et de désordre, qui nous ont férocement agités. 2020 est l’année où nous sommes entrés dans l’œil du cyclone de l’Espace-Temps, avec la perspective désormais de pouvoir y trouver, pour les regards qui savent voir les choses derrière les choses, les grands espaces métaphysiques de notre destinée. Nous sommes dans un univers parallèle, un étage au-dessus, où règnent la maîtrise du Temps et la mesure de l’Espace. »

Mis en ligne le 17 octobre 2022 à 12H55

 

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et qu'EN même temps**

 

 

...qu'il EST TEMPS pour MOI

de

RE-prendre pour MES proches-EN-proches

 la voie-voix de trans-mission 

de NÔS voies d'ENtre-élévations de

NÔS "ENtre-consciences ***

 

 

 la vie IN-finie

 Â JE NOUS

***

EN 2003

 

....EN ce mardi le  01.10.22  ..

 

 

***

 

 

 

  ...EN 2012 *** ..?..


 

.....vie-à .....

 

..ses ENtre-affres ...*

..ceux d'ENtre enfer-mement solitaires * ...

.. ceux de son dernier tour * ..et**  

...et ceux de son Entre-DEUX  *-* ..

  *-*

 

 ***

4 décisions interdites dans une crise si on ne veut pas l'achever sur le champ (La crise ! pas le conjoint !!!)

 

 découvre

 

... une vie ...

...re-naÎssante *** ...

EN la vie IN/finie *...

                                                                                    

 

C'est peut-être cela qu'on cherche à travers la vie, rien que cela,

le plus grand chagrin possible pour devenir soi-même avant de mourir.

 Louis-Ferdinand Céline

 

 

 

  

 

..EN Paule & Robert .... et .... leurs ENfants..?..

 

 

 



 

..... EN l'ENtre relation d'amour-comm-UNiom... en 2022... nous sommes ...

 

.....âmes.....

multiples Uns-trine-EN-UN *

 ... INtriquées *....

 

 

..de "proche EN proche"...

EN le TempsXéternel

 EN la JOIE* de l' ENtre-amour-INfini *

 

 

 

 

 Sophie-Benoît-Vincent

le jour de sa prestation de serment d'avocat le 15.12.1987
 

 

 

 

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UN COUPLE-JEux ENtre-médiaire

 

ENtre

 

l'animal & Dieu.*..

 

C’est l’expression de l’imaginaire dans le réel

qui définit le jeu et celui-ci comme tel est

l’ultime phénomène fondamental

de l’existence humaine. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 ***

"Viens, parmi NOUS, que JE- TE voie de près,

Mon espérance se ravive au contact de ta foi et mon âme s'illumine au soleil de la tienne. * " 

plafiat de Maria Vaoltora ***

 

 

 

 

 

.... ET alors ..

..

du paradigme de l'homocoques

*

... symphonie trinitaire...

EN L'UNvisible IN-fini 

 

..... .....

 

 ... l' ENfant-PAIR-ENts ...

 *µ*

 

 

 

 

 

4-formes-d-amours-chez-les-grecs2-mon-carre-de-sable

 

 

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 ... à nos enfants ...

... à nos proches ...

...à nos proches parents ...

  ... à Paule *...

 

 

HOPE.jpg

 

 

.... prophétise à l'esprit,

prophétise *,

l'esprit vint en eux,

et ils reprirent vie...

... se mirent debout sur leurs pieds ...

... grande, immense armée...*

 

 

.... triadique *... 

l'homonisation de l'humain

....des sept ENtre-METAmorphose-EN-lÂ-vie ....

de NOTRE ENtre-INtimité-f-h ...

. de notre ENtre-Âme ........

 

-àLLeLUIà+

..... &§& ..... ÂlleluiÂ..... &§& .....

***

 

 

 

 

          h_f.jpg


 

 ... l' ENfant-PAIR-ENts ...

ENtre - sexué(e)

    

 >>>>>>>> ***  <<<<<<<<<<

 

 

 

 

 

 

 

***

 

 

Les amours sont comme des livres; ils demandent à être écrits, on ne trouve pas toujours l'entrée du premier coup, il faut y revenir, s'acharner, tourner autour, reprendre.

18.01.23

 

La sexuation humaine y est désormais posée comme

essentielle à l’aptitude à être sujet EN le monde.

 CAIRN

2022

 

nous sommes des systèmes tous intriqués les uns dans les autres....comment se disputer correctement ?

Le Temps

2022

FOYER au possible MARIAGE d'AMOUR -comm-UNion tryadique f-h-enfant

homocques

2021

« GREAT RESET ET MŒURS »

Soral

2021

 

 ... Métaphysique de l'amour sexuel ...

..... Arthur Schoppenhauer.....

 2013
   

 

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... et émotionnelleS   CO-CREAtriceS          1 ENtre-section de cordon ombilical         Ncluse 2 intra-uterin     la vie épigénétique......l'environnement ...
Créé le 9 janvier 2023
2. µµµµµ%%%%%........f-h .... sa-VOIR s'ENtre re-Se-VOIR .....EN.....ENfant-PAIR-ENt .....
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                  ENtre - sexué(e)       >>>>>>>> *** 
Créé le 23 octobre 2022
3. ... RECAPITULATIF des INTERVENTIONS de Robert,l'alsacien au sujet de .... l'ENtre-DEUX f-h tryiadiq
(Articles Publique)
... il faut des espaces " CLOS * ....... OUI... à ce qui est VRAI la NATURE suffit à peine.           .........f-h-enfant........ ENtre-FOYER au possible MARIAGE d'AMOUR -comm-UNion tryadique ...
Créé le 20 décembre 2020
4. µµµµµ*** .."Choisir ..c'est renoncer " pour NOS-PROCHEs " ..... c'est renoncer à NOS addictions EGOtiques .... c'est vouloir s'Ouvrir à la voie de la Grande Santé de la vie ...vie-à... L'ENtre-DEUX f-h ...
(Articles Publique)
  "Choisir LA vie , c'est renoncer à SA vie pour son plus proche"           ENtre-lecture à DEUX d'André Gide     >>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>        ...  (  ...    A  JE   NOUS ...  ) ...
Créé le 20 septembre 2018
5. µµµµµ* .... DES mystères de l' ENtre-SEXualité du couple f-h ... asymétrique ....
(Articles Publique)
 >>>> .... Et alors ? ...des tentatives d'ENtre-agir EN homocoques .... Et alors ? .. ENtre-relationnalité GENérale ...TRiPTYQUE ... hcqs vers 2015 ...éros - agapé ..... les deux visages de l'ENtre-amour ...

 

https://www.letemps.ch/societe/se-disputer-correctement

Comment se disputer correctement?

Passer d’une banale discussion à un désaccord brutal, c’est le propre des querelles. Les plus violentes surviennent entre proches: plus on s’aime, plus on se blesse. Selon le philosophe français Maxime Rovere, qui publie un livre sur le sujet, elles sont le miroir de nos interactions les plus complexes

Image IA: Mathieu Bernard-Reymond

Dans ce numéro spécial du magazine T, toutes les illustrations ont été générées par différentes intelligences artificielles, assistées toutefois d’une intelligence humaine, celle du photographe lausannois Mathieu Bernard-Reymond.

Comment les échanges destructeurs entre collègues, amis, amants ou membres d’une même famille peuvent-ils à ce point occulter et parfois anéantir ce que leurs relations comportent d’affection, d’empathie et de bienveillance? C’est ce que questionne le philosophe français Maxime Rovere dans son dernier livre, Se vouloir du bien et se faire du mal. Philosophie de la dispute, paru aux Editions Flammarion. Selon lui, l’humanité a déployé assez d’intelligence pour mettre au point des machines qui explorent Mars, mais pas pour comprendre pourquoi un bouchon mal vissé peut devenir un sujet de discorde entre gens qui s’aiment. Face à ce problème insaisissable, le spécialiste et traducteur de Spinoza ne cherche pas à départager celui qui a raison de celui qui a tort, ni à prodiguer un mode d’emploi pour rester zen face aux reproches. Il décrypte plutôt la mécanique de ce qu’il définit comme nos systèmes complexes d’interactions et nous pousse à devenir acteurs du changement en empruntant la voie de la sagesse.

Pourquoi se querelle-t-on?

Nous sommes formés d’une multitude d’interactions de toutes natures, organiques, mentales, sociales, etc. Une dispute survient lorsqu’une anomalie, grande ou petite, révèle une brèche dans ces systèmes intriqués entre eux. On dit parfois qu’on se fâche pour un «rien», mais le rien révèle toujours quelque chose de profond à toutes les échelles, individuelle et collective.

Est-ce qu’on se dispute plus qu’avant?

Oui, notamment parce que la violence physique recule lentement, ce qui laisse plus de place à la parole. Toute la difficulté est de déceler les restes de cette violence sociale dans nos sujets de discorde, afin de mettre un terme aux réactions en chaîne qui nous font sortir de nos gonds et nous enferment dans les conflits.

Les sujets qui fâchent ont-ils changé?

Forcément. Les disputes sont socialement déterminées par les thèmes qui importent à notre temps – climat, sexualité, enjeux numériques, etc. – et par l’évolution des rapports de pouvoir. On ne se querelle plus sur des questions dont les réponses sont vérifiables en deux secondes sur internet, on vit dans un monde où les enjeux et les défis, comme le soin des personnes âgées, ont de fortes charges émotionnelles. Nos querelles deviennent donc plus intenses. Les rapports à l’autorité évoluent aussi: il n’est plus acceptable de taper sur la table comme nos grands-pères pour imposer nos raisons.

Quels sont les pires types de dispute?

Celles qui s’immiscent dans la plus stricte intimité: couple, famille, amis. Car plus on s’aime, plus on a les moyens de toucher les brèches les plus douloureuses de l’autre. Mais il faut savoir que ces turbulences sont quasi inévitables: s’aimer, ce n’est pas seulement être heureux d’être ensemble et se faire du bien, cela implique aussi d’aller chercher chez l’autre, et en soi, par l’autre, les souffrances qui nous encombrent pour découvrir ensemble les moyens d’évoluer.

En quoi le regard philosophique peut-il amener un éclairage différent sur ces turbulences?

Nous avons tendance à «psychologiser» nos blessures et à nous en rendre «coupables» les uns les autres (y compris en mobilisant le passé). La philosophie propose des moyens de s’émanciper de ces représentations. En mobilisant la théorie du chaos ou la complexité, elle met en lumière le fait que nous sommes des systèmes tous intriqués les uns dans les autres, et que nous tendons naturellement à dépasser nos imperfections.

Lire aussi: S’il est constructif, le conflit entre parents profite à l’enfant

Comment réagir pour éviter la casse?

Il n’y a pas de recette qui fonctionne à tous les coups. Mon livre étudie les mécanismes, les biais cognitifs, les erreurs de logique qui nous montent, malgré nous, les uns contre les autres. En particulier, le «tribunal moral», où nous prenons en alternance les rôles du juge, de l’accusateur ou de l’avocat, est un moyen sûr d’aggraver sa propre souffrance et de la répandre autour de soi. En comprenant comment celui-ci fonctionne, on s’aperçoit que nos proches sont en réalité nos miroirs: leurs «défauts» s’emboîtent avec nos propres brèches. Cela permet de voir qu’aucune souffrance n’est nécessaire; mais aussi qu’aucune souffrance n’est gratuite.

S’agit-il d’apprendre à désamorcer les bombes par une meilleure connaissance de nos failles réciproques?

Oui, à condition d’admettre que ce travail ne cesse jamais et qu’en ce domaine les vérités s’évaporent aussitôt mises au jour. Par conséquent, au lieu de se décrire et de s’incriminer les uns les autres, il vaut la peine de se montrer curieuses ou curieux envers les possibilités que révèlent nos interactions. Cela implique une tout autre manière de se parler et de concevoir les choses. Cela demande aussi beaucoup d’entraînement, car l’éthique n’est pas un savoir, c’est une pratique.

Quelle est la clé?
Il n’y a pas de clé unique mais pour surmonter, par exemple, les impasses du jugement moral, il convient de s’entraîner à pardonner – pardonner à soi, aux autres, à ce que la vie nous fait subir, en trouvant les moyens d’accueillir son expérience sans la juger, en explorant les ressources de notre attention pour prendre du recul dans chaque situation. En ce sens, l’expérience ne cesse de déjouer les recettes, et demande à chacun de laisser de côté sa propre identité pour explorer ses capacités d’improvisation. C’est ce qu’on appelle «la liberté».


«Se vouloir du bien et se faire du mal. Philosophie de la dispute», Maxime Rovere, Ed. Flammarion

 

 

Alexis Jenni : « Quand j’étais enfant, mes parents disaient que je broutais les livres ! »

podcast « Keskili » (3/10). L’écrivain Alexis Jenni livre ses conseils de lecture et se confie sur son rapport à la littérature.

Par , et

Publié hier 21.10.22
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https://www.lemonde.fr/podcasts/article/2022/10/21/alexis-jenni-quand-j-etais-enfant-mes-parents-disaient-que-je-broutais-les-livres_6146742_5463015.html#origin=podcast_home

Il y a plus de dix ans, son Art français de la guerre mettait K.-O. le jury du prix Goncourt. Pour Alexis Jenni, ancien professeur agrégé en biologie, ce premier roman n’était pas juste un succès. C’était le résultat d’une expérimentation aboutie qui mettait fin à une longue liste de refus d’éditeurs. Après plusieurs livres aussi publiés aux éditions Gallimard, comme Féroces infirmes ou La beauté dure toujours, c’est son amour pour la culture scientifique qu’il souhaite aujourd’hui partager. Ecrire sur les arbres et sur les espèces disparues est un moyen pour lui de faire réfléchir aux fragilités de notre monde. Il le montre dans son ouvrage Cette planète n’est pas très sûre, histoire des six grandes extensions (éd. humenSciences).

En cette rentrée, il publie un nouveau récit, Le Passeport de monsieur Nansen (éd. Paulsen), consacré à un atypique Prix Nobel de la paix, le Norvégien Fridtjof Nansen, qui a été diplomate pour la Société des Nations au sortir de la première guerre mondiale, mais aussi humanitaire et explorateur polaire et scientifique.

Après une saison 1 enregistrée en 2021, Alexis Jenni est l’invité de la saison 2 du podcast « Keskili » du « Monde des livres » réalisé en partenariat avec le Salon du livre du Mans Faites lire !. Au micro de la journaliste Judith Chétrit, il se confie sur son goût de la lecture et de la littérature.

Ecoutez aussi : Le podcast « Keskili » interroge les auteurs sur leurs souvenirs de lecture

Faisons d’abord resurgir ensemble quelques forts et émouvants souvenirs de lecture. Avez-vous déjà relu les livres de votre enfance ?

Eh bien je ne crois pas ! Pourtant, j’ai beaucoup lu quand j’étais enfant. Mes parents disaient que je broutais. Mais voilà, ce sont des livres que j’ai perdus, ils ont disparu, au fil des déménagements, après le décès de mes parents, je ne sais plus… Donc je ne les ai jamais relus.

Pourquoi vos parents disaient-ils que vous broutiez les livres ?

Parce qu’ils me voyaient, la tête penchée sur la page, comme une vache qui broute dans un pré : elle arrache l’herbe, en tournant la tête, elle avance un peu. Comme le passage de ligne en ligne. Il y avait une sorte de rumination de la lecture. On n’avait pas la télé, par choix du mode de vie de mes parents. Je me fournissais donc en livres et je lisais beaucoup. Ça a été la grande aventure de ma vie que de lire.

Comment choisissiez-vous vos lectures ?

Beaucoup par hasard. Et puis dans des bibliothèques aussi, celle du collège, celle du lycée. Il y avait des vieux trucs totalement poussiéreux, dont je me rends compte aujourd’hui que peu de monde les a lus à part moi ! Je faisais feu de tout bois, je lisais tout ce qui me tombait sous la main.

Encore maintenant ?

Encore maintenant, même si je choisis davantage. Il faut que je lise des choses qui me nourrissent un peu, quand même ! Mais j’ai encore cette envie de lire un peu au hasard, c’est-à-dire de traîner dans les bibliothèques, puis de regarder dans les rayons, de choper un truc parce qu’il y a quelque chose dans le titre qui me plaît.

Le titre, pas forcément la quatrième de couverture ?

Plutôt le titre, et après, je commence à regarder la première page. On voit vite le rapport à la langue qu’a l’auteur. Est-ce que c’est une écriture transparente, qui n’a pas de consistance, ou est-ce qu’il y a une consistance littéraire ? C’est comme quand on écoute un disque : il suffit de dix secondes pour savoir si ça nous convient. Un livre, c’est pareil. Il y a quelque chose dans la musique de la langue qui me touche ou qui ne me touche pas. Et quand ça me touche, je lis, en tout cas, j’essaye. Des fois ce n’est pas bien, et des fois c’est super bien…

Avez-vous un livre à nous suggérer pour aimer lire ?

L’Odyssée, d’Homère. Quand j’étais gamin, mes parents m’ont offert une version pour enfants que j’ai lue et relue, puis j’ai lu la version complète, plusieurs fois aussi. Et je la relirai, parce que c’est un livre complet. Il y a tout. Il y a le monde, l’aventure, l’amour, il y a des monstres, des tas de meurtres horribles, etc. C’est extraordinaire. Les Grecs apprenaient la vie en lisant L’Odyssée. Moi pareil.

Aimeriez-vous en écrire la suite ?

Il n’y a pas de suite à écrire parce que, justement, le livre est clos. En revanche, j’aimerais bien écrire la suite de Bouvard et Pécuchet, de Flaubert. C’est un livre inachevé, pas bien fini, mais, là aussi, c’est un livre où il y a tout. Bouvard et Pécuchet, ce sont deux cinglés qui essaient de comprendre la vie et le monde. Et ils font ça tellement bêtement que tout se termine en catastrophe. C’est un livre qui pourrait continuer. On pourrait faire un Bouvard et Pécuchet contemporain, ça serait très drôle. J’aime beaucoup la perfection verbale de Flaubert, le côté un peu encyclopédique et foutraque à la fois, et aussi parce que c’est la seule occurrence littéraire que je connaisse du Bugey, cette région où j’ai grandi, dans l’Ain, et que personne ne connaît ! Je l’ai trouvée dans Flaubert, par hasard, en lisant : ce nom qui m’est familier m’a sauté aux yeux.

Quelle est votre géographie intime de la lecture ? Votre endroit préféré pour lire ?

Le train. Heureusement, du fait de mon métier, je circule beaucoup et d’autant plus maintenant que j’habite dans le Sud-Ouest. Je fais des voyages en train de plusieurs heures et là je lis très bien, calé dans mon fauteuil, sans pouvoir bouger. Alors que lorsque je lis chez moi, au bout d’un moment, je m’agite. Vraiment, le train est un très bel outil, un très bel endroit, un salon mobile pour lire.

Dans vos livres, dans quelle mesure tenez-vous à faire de vos personnages des lecteurs ?

Je n’y ai jamais pensé, mais c’est vrai que dans L’Art français de la guerre, il y a un lecteur de L’Odyssée, un militaire, que j’avais inventé, et qui avait ce livre dans sa malle. Quand il y avait des alertes, alors qu’il était au Tonkin, dans ses fortins et sous les bombardements, il lisait des passages de L’Odyssée. Or, un jour à Toulon, au Salon du livre, un type qui vient acheter mon bouquin me dit : « Je suis militaire. Là, je pars en Afghanistan et j’emporte des bouquins parce que, quand on se fait attaquer la nuit, on ne peut pas dormir. Alors je lis ! » J’avais donc inventé un type réel ! C’est arrivé plusieurs fois dans L’Art français de la guerre. Je pensais que j’avais un peu exagéré dans l’invention, eh bien non. Des gens sont venus me voir pour me dire qu’ils faisaient la même chose que mes personnages…

« L’Odyssée » pourrait figurer parmi ces chefs-d’œuvre que certains lecteurs délaissent parce que c’est long. Y a-t-il un livre qui vous rebute, pour cette raison ou pour une autre ?

Je ne suis pas un bon lecteur de poésie – je lis surtout du roman. Mais je pense à René Char, ce poète que tout le monde adore et que je n’arrive pas à lire, que je n’arrive même pas à comprendre. Et quand je comprends, je trouve ça un peu niais, alors je pense que je me trompe ! Vu le nombre de gens qui aiment sa poésie, il doit bien y avoir quelque chose… Je n’arrive pas à y accéder. C’est bizarre, c’est un mystère…

Quel type de livres offrez-vous ?

Plutôt des romans, et surtout des romans que j’aime bien, pas trop connus, je pense. Il y a une autrice que j’ai beaucoup offerte, c’est Emmanuelle Bayamack-Tam. Je suis un fan absolu de tout ce qu’elle écrit. Je suis son diffuseur autour de moi. Et puis il y a Charles-Albert Cingria. C’est un auteur suisse romand qui écrivait entre les années 30 et les années 50 et qui me plonge dans des plaisirs littéraires intenses. On ne sait pas trop de quoi ça parle. Ça raconte des trucs et des machins, mais avec une beauté de langue et avec un humour… Je suis extrêmement attaché à ce qu’écrit cet homme-là, qui a longtemps été pour moi une sorte d’idéal littéraire.

Dans l’écriture, est-il plus facile de décrire des lieux ou des personnages ?

Les personnages se décrivent par l’action. Ils se décrivent par les dialogues, les scènes, par ce qu’ils font. Et c’est vrai que moi, quand je crée un personnage, il se crée de lui-même : au bout de 100 pages, petit à petit, il apparaît. Les paysages, on peut les décrire directement en les voyant, mais il faut, à mon avis, des dizaines et des centaines de pages pour décrire un personnage.

Est-ce qu’il y a un livre dont vous voudriez être le héros ? Ou l’héroïne, pourquoi pas ? Partons sur l’héroïne !

Une héroïne, oui, dans les albums des aventures de Valérian, de Pierre Christin et Jean-Claude Mézières, que je lisais passionnément adolescent : j’aurais adoré être Laureline, la compagne du héros. Ce personnage-là a beaucoup compté pour ma constitution de la femme idéale. Elle est une femme énergique, forte, intelligente, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, avec de l’humour. Qu’elle soit extrêmement jolie rajoute aussi à la chose.

Y a-t-il un livre paru récemment que vous avez envie de lire ?

Il y en a beaucoup, parce que je suis un goinfre. J’en ai un qui m’attend à la maison et que j’ai envie de lire : Sur l’épaule des géants, de Laurine Roux. C’est un bouquin qui est publié par les Editions du Sonneur et qui comprend des gravures, de très belles gravures [d’Hélène Bautista], genre gravures sur bois d’un noir très profond. L’idée d’un livre illustré, où il y a une sorte d’aller-retour entre le texte et le dessin, me plaît beaucoup.

Et vous avez ça en tête pour vos propres ouvrages ?

J’aimerais bien. Après, il faut trouver l’illustrateur, et puis il faut que l’éditeur soit d’accord, etc. Mais bon, un jour j’y arriverai !

Qu’apporte la lecture, selon vous ?

Un élargissement du monde. Il y a cette idée de réalité augmentée dont on parle beaucoup, sur les métavers, etc. Mais ça existe déjà : ça s’appelle un livre ! Dans le livre, il y a le langage en action. La littérature fait bouger la langue, elle fait bouger le langage, et elle nous permet d’être au monde.

Si vous deviez choisir un livre dont vous changeriez la fin ?

Je ne sais pas, mais cette question me rappelle une histoire. J’ai écrit un livre qui raconte la conquête du Mexique par les conquistadors [La Conquête des îles de la Terre ferme, Gallimard]. Tout se termine dans le sang, dans l’incendie de Mexico, etc. Un ami est venu me voir et m’a dit : « Mais quand même, tu exagères ! Tu aurais pu faire qu’à la fin ce soit les Indiens qui gagnent ! » Pourquoi pas les Aztèques qui gagnent sur les Espagnols, en effet ? Quoique les Aztèques étaient des violents aussi. Je ne sais pas si on aurait gagné au change.

Est-ce que vous l’avez seulement envisagé pendant l’écriture ?

Pas du tout ! Je pensais raconter cette épopée tragique qui se termine mal, mais vraiment sous la forme d’un roman avec un arrière-plan historique réel. Il y a un écrivain, Laurent Binet, qui a inventé ça, dans Civilizations. Il a inversé la conquête, et donc l’Europe est conquise par les Incas. C’est une bonne idée !

Y a-t-il un livre dont la lecture vous a privé d’une partie de vous-même ? En causant une désillusion, par exemple ?

Ah, quelle horreur ! J’ai plutôt l’impression que tous les livres m’augmentent, que tous me disent une réalité, m’apportent quelque chose, une brique de plus dans la construction. Franchement, tout bon livre me grandit.

Enfin, un livre si captivant qu’il vous a fait rater un train ?

Impossible ! Je suis super angoissé par les horaires, j’ai une horloge dans le ventre. Ce doit être mes origines suisses, ça fait tic-tac tout le temps. Mais je pense à un auteur de roman policier que j’adore, qui s’appelle Hervé Le Corre. Lui, peut-être, pourrait réussir un jour à m’emporter assez.

« Keskili » est un podcast du Monde, réalisé en partenariat avec le Salon du livre du Mans Faites Lire ! et animé par la journaliste Judith Chétrit. Suivi éditorial : Joséfa Lopez. Captation et réalisation : Eyeshot. Identité graphique : Mélina Zerbib, Yves Rospert. Partenariat : Sonia Jouneau, Victoire Bounine.

 

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« Spinoza démasqué », d’Henry Méchoulan : la chronique « philosophie » de Roger-Pol Droit

Spinoza, héros fondateur de la modernité ? Un livre du spécialiste de l’Amsterdam du XVIIᵉ siècle s’emploie à déboulonner la statue.

Publié hier 21.10.22

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https://www.lemonde.fr/livres/article/2022/10/21/spinoza-demasque-d-henry-mechoulan-la-chronique-philosophie-de-roger-pol-droit_6146747_3260.html

« Spinoza démasqué », d’Henry Méchoulan, Cerf, 408 p., 25 €, numérique 15 € (en librairie le 27 octobre).

SPINOZA, HÉROS OU MENTEUR ?

Impossible, aujourd’hui, d’échap­per à Spinoza (1632-1677). Ce n’est plus seulement un immense philosophe parmi d’autres, tels Descartes, Leibniz ou Kant. Auteur d’une œuvre difficile, exigeante entre toutes, il est devenu, pour beaucoup, la clé de la modernité, son héros fondateur. En combinant critique de la religion et salut par la raison, cheminement solitaire et réflexion politique, il symbolise à la fois la résistance au fanatisme, l’endurance envers les persécutions, l’invincible souveraineté d’une vie philosophique libérée de toute illusion et de tout mensonge.

Lire aussi (2020) : Article réservé à nos abonnés « Spinoza est le grand profanateur de la “tradition sacrée” humaniste »

Et si cette silhouette, désormais habituelle, était à critiquer, à ­confronter aux faits historiques, au détail des textes ? Baruch ­Spinoza est-il vraiment ce « juif chassé par les siens », entouré de menaces, contraint à la prudence, si souvent dépeint et célébré ? Est-il réellement le lecteur objectif et scrupuleux de la Bible parvenant à disqualifier la Révélation et les prophètes ? Est-il, enfin, ce garant des libertés républicaines et démocratiques que glorifie l’image pieuse de sa pensée politique ? La réalité semble autrement compliquée.

Un fort volume, Spinoza démasqué, s’emploie à déboulonner la statue. Ce n’est certes pas la première attaque envers l’auteur de l’Ethique et du Traité théologico-politique. Mais, cette fois, le démolisseur est un chercheur ayant consacré toute sa vie à l’environnement social, politique et culturel où évolua Spinoza. Henry Méchoulan, directeur de recherche émérite au CNRS, est sans doute le meilleur connaisseur d’« Amsterdam au temps de Spinoza », titre d’un de ses nombreux travaux (PUF, 1990).

Complots imaginaires

Avec un luxe de détails et de références, il défait pièce par pièce l’histoire habituellement racontée. Un jeune juif violemment ­exclu, victime de rabbins fanatiques ? Baruch aurait préparé son départ volontaire, refusé accommodements et mains tendues de la communauté la plus ouverte de l’époque. Dans la société tolérante des Pays-Bas, le philosophe se serait ensuite inventé maints complots imaginaires. Surtout, sa lecture critique de la Bible et sa défense des libertés politiques ­seraient des leurres.

Lire aussi (2020) : Article réservé à nos abonnés « Spinoza est le grand profanateur de la “tradition sacrée” humaniste »

Maîtrisant l’hébreu, Henry Méchoulan reprend les critiques envers l’Ancien Testament que Spinoza formule, recense ses citations tronquées, met en lumière ses traductions fautives ou faussées, tout comme les interpré­tations mensongères de la Loi juive et du statut des prophètes. Le verdict de l’auteur est sans appel : Spinoza a bien fondé la modernité, mais en cochant les principales cases de l’antisémitisme, et même en préparant, à sa manière, les totalitarismes à venir – dans la mesure où il exige des ­citoyens, pour la sécurité de tous, « obéissance » aveugle et absolue, soumission inconditionnelle à l’autorité souveraine de l’Etat.

Voilà de quoi susciter de vifs débats, c’est le moins que l’on puisse dire. D’autant plus qu’est publiée, au même moment, dans « La Pléiade », une nouvelle édition des Œuvres complètes de Spinoza, sous la direction de Bernard Pautrat (Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1 952 pages, 76 euros). Traductions nouvelles ou récentes, substantiels appendices historiques et biographiques, notes et commentaires à foison s’inscrivent dans la tradition de l’illustre collection.

Spinoza héros de la vérité, ou maître du mensonge ? Dans ­quelles proportions ? Avec quels enjeux ? Questions ouvertes, ­auxquelles il devient difficile d’échapper.

Retrouvez ici toutes les chroniques et les articles de Roger-Pol Droit

 

CORRELATs

 

 https://lhistoiredusoir.com/lodyssee-de-homere-premiere-partie.html

 

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https://www.cairn.info/revue-philosophique-2004-1-page-5.htm

 

 

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.....il n’y a que des « mots » trompeurs, des opinions vides......

 

 

1Peu de temps après la mort de son père spirituel, Platon n’hésite pas à rendre un hommage appuyé au « vénérable et redoutable » Parménide ; mais, en même temps, il ne peut pas s’empêcher d’avouer : étant donné sa profondeur (báthos), « je crains tout à la fois que ses paroles, nous ne les comprenions pas, et que ce qu’il pensait en les prononçant nous dépasse beaucoup plus » [1][1]Platon, Théétète, 184 a (trad. M. Narcy).. Mais ce que Platon ne dit pas, c’est que cette difficulté l’a poussé à essayer de déchiffrer le logos parménidien. Vingt-cinq siècles après, Marcel Conche en a fait autant, et c’est sur le chemin de Parménide que j’ai eu la chance et le grand honneur de faire sa connaissance. Et je peux témoigner que Platon avait raison : la pensée de Parménide nous a tellement dépassés qu’elle a pu être à l’origine d’interprétations très diverses [2][2]À propos de mes divergences par rapport à l’interprétation de… et, même si l’Éléate était surpris d’apprendre qu’il était à la fois un et multiple [3][3]Cette référence s’inspire du titre du travail de J. Brunschwig,…, il faut admettre que le chemin de recherche qu’il a inauguré reste ouvert, car sa richesse est inépuisable.

2Le dialogue que je voudrais entamer avec Marcel Conche concerne l’un des passages les plus controversés du Poème, l’énigmatique vers 8 . 35. Nous nous sommes occupés de ce texte dans notre travail Les deux chemins de Parménide [4][4]Paris-Bruxelles, Vrin-Ousia, 2e éd., 1997., et Marcel Conche a commenté avec perspicacité notre interprétation [5][5]M. Conche, op. cit., p. 163-164., mais il n’a pas été convaincu par le texte que nous proposons de suivre à la place du texte traditionnel. Je voudrais renforcer les arguments donnés il y a quelques années dans le travail cité ci-dessus, car les échos de la lecture (il ne s’agit pas d’une conjecture) que nous proposons n’ont été que très restreints [6][6]À notre connaissance, il n’y a qu’une exception – mais de…, malgré les points obscurs que notre solution permet d’éclairer. Regardons donc le contexte de ce passage.

3Après avoir mis en rapport ce qui est en train d’être (tò eón) et les activités humaines capables de le saisir aussi bien conceptuellement (noeîn) que par le discours (légein) au début du fragment 6 ( « il est nécessaire de dire et de penser ce qui est » ), Parménide renforce les liens qui unissent « l’être » et « la pensée » dans le passage 8 . 34-6 a :

ταὐτὸν δ᾽ἐστι νοεῖν τε καὶ οὕνεκεν ἔστι νοήμα.
οὐ γὰρ ἄνευ τοῦ ἐόντος, ἐν / ἐφ᾿ / ᾥ πεφατισμένον ἐστιν,
εὑρήσεις τὸ νοεῖν.

4Ces deux lignes et demie nous ont été transmises par Simplicius (Phys. 87 et 143) et, les vers 8 . 35-36 a, par Proclus (In Parm., 1152). L’apparat critique des éditions classiques de H. Diels [7][7]H. Diels, Parmenides Lehrgedicht, Berlin, 1897, p. 38 ;… ne font état d’aucune divergence entre les deux sources, mais des consultations directes de la tradition manuscrite nous ont permis de détecter quelques variations, dont l’une est de taille.

5Le vers 8 . 34, comme nous l’avons déjà dit, n’est cité que par Simplicius. La tradition manuscrite n’est pas unanime dans le cas de hoúneken (version acceptée aujourd’hui, qui se trouve dans Phys., 87 E, 143 F), qui apparaît comme oúneken dans le Ms. Mosquensis 3649 (Phys. 87) et comme hoû héneken dans les Mss. D (Phys. 87, 143), E (Phys. 143) et F (Phys. 87). En 8 . 35 les divergences concernent d’abord pephatisménon (Simpl., Phys. F, 87, 143, version acceptée), devenu pephotisménon [*][*]Dans la translitération du grec nous soulignons (o) les… dans grand nombre de manuscrits, parmi lesquels quelques-uns de Simplicius (Mosquensis 149, Phys. 87 ; E et B, Phys. 87 ; D, Phys. 143 ; G’, Phys. 87, 143), ainsi que chez Proclus. Mais la variation principale concerne la préposition qui précède le relatif : en chez Simplicius ; eph’ (= epí) chez Proclus. Nous essayerons de démontrer qu’il faut retenir la lecture de Proclus.

6Regardons le passage dans son ensemble. Nous avons déjà dit qu’il s’agit encore une fois d’établir un rapport entre ce qui est en train d’être, la pensée, et la possibilité de l’exprimer. À la ligne 8 . 34, le mot hoúneken signifie, comme l’ont déjà souligné, entre autres, H. Diels [8][8]H. Diels, op. cit. (1897), p. 85.En ligne, K. von Fritz [9][9]K. von Fritz, « Nous, noeîn and its derivatives in Pre-Socratic…, et J. Wiesner [10][10]J. Wiesner, Études sur Parménide, II : Problèmes…, « ce pour quoi » : « Penser et ce pour quoi la pensée est, sont la même chose. » Remarquons que déjà Simplicius avait interprété le passage dans le sens que nous proposons lorsqu’il a écrit dans son commentaire que « s’il y a ce pour quoi (hoû héneka) la pensée existe, il est évident qu’il s’agit de quelque chose d’intelligible, car c’est à cause de l’intelligible (noetoû héneka) qu’il y a la pensée et l’intellect » (Phys 144 . 22-4) [11][11]Sur l’interprétation de Parménide par Simplicius, cf.…. Ce point de vue justifie, enfin, le lien causal gár qui précède la formule áneu toû eóntos à la ligne 8 . 35, car eón reprend ici « hoúneken ésti nóema ». Comme « ce pour quoi la pensée est » est « ce qui est », on peut dire que, cela va de soi (gár), sans cela la pensée n’existe pas.

7Cette logique montre très clairement que ce qui est en train d’être (tò eón) est synonyme de « ce pour quoi la pensée est ». Sans ce qui est, la pensée est impossible, car (encore une fois gár à 8 . 36) il n’y a que ce qui est en train d’être (« car il n’y a pas, et n’y aura pas, autre chose que ce qui est » 8 . 36-7). La pensée est condamnée à être pensée de ce qui est. « Denken heisst : Seiendes denken », avait proclamé E. Hoffman [12][12]E. Hoffman, Die Sprache und die archaische Logik, Tübingen,…. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a rien en dehors de ce qui est en train d’être.

8On pourrait ajouter que le passage 8 . 34-7 nous offre un contexte adéquat pour interpréter l’énigmatique fr. 3 : « C’est le même penser et être. » [13][13]Peut-être pour cette raison O. Vuia avait proposé d’insérer ce… Comme « être » deviendra « ce pour quoi la pensée est », nous comprenons pourquoi ce fragment si peu bavard avait affirmé l’identité entre « être » et « penser ». Mais du fait du caractère causal de l’ « être » (car c’est grâce à lui que la pensée pourra exister), toute interprétation idéaliste du fr. 3 est exclue a priori : la pensée n’est cause de rien : « Je ne perçois que ce qui est présent, et ce qui est présent, c’est la seule chose que je perçois. » [14][14]H. Heitsch, « Sein und Gegenwart im frühgriechischen Denken »,… Ceci revient à dire que « eón est la conditio du noeîn », comme avait affirmé von Fritz [15][15]Cf. K. von Fritz, op. cit., p. 238. J. Mansfeld, pour sa part,…. La pensée ne peut saisir que ce qui est en train d’être maintenant. Les êtres humains normaux n’ont pas le redoutable pouvoir de Chalcas...

9Au milieu de ce raisonnement clair et précis, une phrase contenant le relatif hôi (datif) joue un rôle décisif, mais aussi bien la structure de la formule comme sa signification ont été l’objet de discussions très passionnées. W. Leszl n’hésite pas à affirmer que « même si le reste [du passage] est clair, la signification de l’incise “en hôi pephatisménon esti” ne l’est pas » [16][16]W. Leszl, « Approcio epistemologico all’ontologia parmenidea »,…, et J. Wiesner trouve au moins sept manières différentes d’interpréter cette ligne [17][17]J. Wiesner, Études, cit., p. 184-185.. Commençons par l’étude de la version acceptée de manière presque unanime jusqu’à aujourd’hui (version que, comme nous l’avons déjà dit [18][18]Cf. supra, p. 6, n. 1., nous contestons). L’interprétation qui se rapproche le plus de la démarche parménidienne est celle qui affirme que l’être (en réalité, « ce qui est train d’être », participe présent) se trouve énoncé (pephatisménon) dans la pensée. La logique du raisonnement impose cette interprétation, car la pensée a besoin d’un objet et celui-ci ne peut être que « l’être », qui, de ce fait, se trouverait comme logé dans la pensée. S’il en est ainsi, l’antécédent de hôi c’est la pensée, et le sujet du participe serait tò eón : « Sans ce qui est en train d’être (áneu toû eóntos), tu ne trouveras pas la pensée, dans laquelle (en hôi) [tò eón] est exprimé. » Malgré sa cohérence totale avec la démarche parménidienne [19][19]Cette possibilité affirme, en effet, que, étant donné que le… cette interprétation du passage a trouvé un nombre très restreint de partisans, ce qui certainement s’explique par la syntaxe « tordue », selon l’expression de Verdenius [20][20]W. J. Verdenius, Parmenides, Amsterdam, 1942, p. 39., qu’elle suppose, car le relatif précède son antécédent.

10Si l’orthodoxie de la syntaxe impose de placer l’antécédent d’abord et le relatif après, tò eón serait l’antécédent de hôi, et pephatisménon reprendrait « la pensée ». C’est cette possibilité qui a été plébiscitée, au moins, à partir de H. Diels [21][21]Cf. H. Diels, op. cit. (1897), p. 37.. Le schéma général en est celui-ci : « sans l’être, dans lequel il se trouve exprimé, tu ne trouveras pas le penser ». C’est la traduction proposée, parmi d’autres, par Verdenius ( « you will not find knowing apart from that which is, in which is utterly » ) [22][22]W. J. Verdenius, op. cit., p. 40., Tarán ( « without Being, in what has been expressed, you will not find thought » ) [23][23]L. Tarán, op. cit., p. 86., Conche ( « Car sans l’être dans lequel il est devenu parole, tu ne trouveras pas le penser » ) [24][24]M. Conche, op. cit., p. 128. et Collobert ( « Car sans l’étant, dans lequel il est exprimé, tu ne trouveras pas le penser » ) [25][25]C. Collobert, L’être de Parménide ou le refus du temps, Paris,…. Bormann adopta lui aussi ce point de vue car, selon lui, « la connaissance de l’être se trouve communiquée ou exprimée dans l’être » [26][26]K. Bormann, Parmenides. Untersuchungen zu den Fragmenten,…, et P. A. Meijer a justifié à sa manière cette interprétation car « thinking is in being » [27][27]P. A. Meijer, Parmenides beyond the Gates. The divine….

11Il faut dire tout d’abord que, si nous suivions la plupart des interprètes, la phrase relative de 8 . 35 poserait un problème grave, car elle ferait de Parménide un hégélien, ou, pire encore, un heideggérien [28][28]Heidegger interprétait que, chez Parménide, « la vérité,… avant la lettre qui aurait placé la pensée dans l’être, et, par conséquent, l’être « penserait ». C’est le sens locatif d’en hôi qui conduit directement vers cette bizarrerie, car, si la pensée se trouve dans l’être, l’être pense. Il y a quelques années E. D. Phillips a eu le courage de dire très haut ce que les partisans de cette interprétation pensent tout bas, mais personne ne l’a suivi : « La totalité de l’être pense à sa propre totalité. » [29][29]E. D. Phillips, « Parmenides on thought and being »,… Si l’être était capable de penser, Gorgias [30][30]Cf. Gorgias, fr. 3, § 77-82. aurait eu raison : dans tout ce qui est pensable, il y aurait de l’être. Mais Gorgias évoque cet argument pour réfuter la nébuleuse parménido-mélissienne. Le défaut principal de cette manière de regarder les choses est le suivant : si l’être est la cause de la pensée, l’effet ne peut pas être exprimé ou communiqué dans la cause.

12Il va de soi que les chercheurs intelligents qui n’attribuent pas à Parménide cet idéalisme avant la lettre, ont essayé de nuancer la portée du texte, au moins, dans leurs traductions. C’est le cas de J. Wiesner qui, dans le résumé en français de son article, propose cette paraphrase : « C’est seulement avec l’être, dans le champ duquel la conception est exprimée avec succès, qu’on trouvera le noeîn. » [31][31]J. Wiesner, Études, op. cit., p. 191. P. Aubenque en a fait autant : « Sans le verbe [italiques d’Aub.] être, dans lequel la pensée trouve son expression, tu ne rencontreras pas la pensée » [32][32]P. Aubenque, op. cit., p. 122., mais à la page suivante il semble faire coïncider son interprétation avec celle qui découlait de la syntaxe « tordue » et qui faisait de l’être l’antécédent du participe, car il affirme que ce n’est pas la pensée qui est exprimée ; c’est l’être : « Le ésti est le pephatisménon, le “dit” dans lequel, et dans lequel seulement, la pensée trouve son expression légitime. »

13Peut-on conserver le sens causal de l’être par rapport à la pensée sans faire de celui-ci quelque chose d’immanent (en hôi) à l’être ? Oui, mais à condition d’adopter dans le vers 8 . 35 la version transmise par Proclus dans son Commentaire au Parménide de Platon. La tradition manuscrite de ce Commentaire est constituée par des familles très diverses [33][33]Cf. Plato Latinus, éd. R. Klibansky - L. Labowsky, vol. III :…, mais dans tous les cas au lieu du locatif en hôi nous trouvons l’expression eph [= epí]’ hôi, ce qui pourrait laisser entendre qu’elle se trouvait déjà dans l’original de Proclus. La même lecture apparaît dans la traduction latine de Guillaume de Moerbeke, qui conserve en grec les citations d’origine. Ce texte, selon J. M. Dillon, « a l’avantage de nous permettre de saisir avec certitude le texte grec original » [34][34]J. M. Dillon, op. cit., p. XLIV.. Nous avons constaté la citation du vers 8 . 35 de Parménide au fol. 189v° du manuscrit le plus important de la traduction latine de Moerbeke, l’Ambrosianus A 167 sup. (cod. A) [35][35]Sur la valeur de ce manuscrit, cf. Klibansky-Labowsky, op.…. Selon C. Steel, « l’Ambrosianus est le témoin le plus important de la tradition, car il se rapproche le plus de l’archétype [...] et les mots en grec étaient déjà certainement dans le modèle » [36][36]C. Steel, op. cit., p. 4*..

14Plusieurs raisons penchent du côté de l’adoption d’eph’hôi. Tout d’abord, il y a la signification de la phrase relative, qui fait allusion à l’ « expression » de quelque chose, qui, de ce fait, devient pephatisménon, « exprimé ». La formule la plus normale utilisée en grec pour nommer quelque chose est « épí + datif ». Lorsque quelqu’un (A) donne à quelque chose (C) un certain nom (B), on utilise le schéma suivant : « A nomme (c’est-à-dire, place le nom de) B sur (epí) C. » [37][37]Cf. A. P. D. Mourelatos, « A onomázei C (= the internal…. Le complément au datif exprime l’objet qui reçoit le nom, et, dans une phrase passive, le nom avec lequel l’objet est mentionné [38][38]Cf. Platon, Parm. 147 d : « N’est-ce pas à quelque chose (epí…. La préposition epí a dans ce cas valeur causale [39][39]Cf. LSJ, s.v. epí, III : « various causal senses », surtout…, car l’objet est considéré comme la cause du nom qu’on lui applique, et ce nom est « porté » comme s’il s’agissait d’une étiquette collée « sur » lui [40][40]Epí signifie aussi « supporter = porter sur ».. Parménide lui-même nous donne un bel exemple de cette procédure dans son fr. 9 : les choses ont chacune leurs caractères propres, et elles sont nommées (onómastai) « grâce » à eux (epí toîsi te kaî toîs). Selon Woodbury, l’interprétation que nous proposons surgit tout naturellement de la paraphrase par Simplicius de ce texte : « le froid s’appelle [ainsi] grâce (epí) au dense » (Phys. 180 . 8). « L’expression onomázein epí tini (mettre un nom sur quelque chose) est utilisée pour exprimer le rapport entre les hommes et la réalité. » [41][41]L. Woodbury, « Parmenides on names », Harvard Studies in…

15Cette nuance d’epí + datif se trouve dans le texte transmis par Proclus que nous proposons d’adopter. Le participe pephatisménon est en rapport avec le penser (car c’est la pensée qui est exprimée), et le relatif reprend son antécédent « normal » – car il avait été présenté avant –, tò eón. La pensée est possible donc « grâce » (epí) à ce qui est en train d’être, qui est sa cause, et qui est exhibé dans ce qui est énoncé. L’énonciation (légein, phatízein, phrázein) concrétise le fait de penser dans des pensées (noémata), mais le support de la pensée est ce qui est, qui est comme le matériel de toute pensée possible.

16P. Aubenque a soulevé quatre objections à l’encontre de notre position [42][42]P. Aubenque, op. cit., p. 122, n. 62.. En guise de conclusion de ce travail, nous essaierons d’y répondre. La première objection ( « Cordero ne fournit pas d’exemple d’epí + datif [...] avec un verbe au passif » ) trouve sa réponse dans la référence que fait P. Aubenque lui-même à la page 118 de notre livre, dans laquelle nous avions cité le fr. 9 de Parménide, mentionné aussi ci-dessus (verbe onómastai, au passif). Mais nous pouvons ajouter Platon, Rép. 470 b : « On lui donne le nom (kékletai) de subversion à cause (epí) de la haine domestique. » P. Aubenque nie qu’une nuance causale soit attachée à cet emploi (2e objection). Il est vrai que nous ne prétendons pas qu’epí joue le rôle d’un complément agent, mais le sens « causal » retenu par LSJ, que nous adoptons, fait allusion à cet élément qui permet de donner un nom à la chose, et sans lequel le nom n’existerait pas ; c’est le cas des puissances (dynámeis) grâce auxquelles les choses ont été nommées (onómastai) dans le cas du fr. 9 de Parménide. Cela ne veut pas dire que l’être ne soit que « l’occasion » de la nomination (comme déduit P. Aubenque dans sa 3e objection du fait que, selon lui, l’être n’est pas « la cause » aussi bien de la pensée que du dire). Parménide et Simplicius nous encouragent à nous défendre et à revenir au caractère causal de l’être, que nous soutenons : « sans ce qui est, tu ne trouveras pas le penser » (Parm., 8 . 35-6) ; et, surtout Simplicius : « c’est à cause (hénéka) de l’intelligible [c’est-à-dire, de l’être] qu’il y a la pensée et l’intellect » (Phys. 144 . 22). La dernière objection de P. Aubenque concerne notre source. Simplicius, « qui recopie de longs passages, est un citateur plus sûr que Proclus, qui ne cite [...] que des vers isolés ». L’objection serait valable si P. Aubenque s’était appuyé sur l’état de la copie du poème consultée par Proclus, qui semble être inférieure à celle de Simplicius. L’extension des citations n’a rien à voir, et, même dans son laconisme, Proclus est la seule source du fr. 5 de Parménide, ainsi que des deux premiers vers du fr. 2, qu’il cite, d’ailleurs, en entier. Si la version de Simplicius du texte de 8 . 35 n’était pas à l’origine des efforts titanesques pour conserver la cohérence du Poème, elle aurait pu être retenue. Celle de Proclus, en revanche, permet une compréhension aisée du texte, et elle trouve des échos dans d’autres passages (notamment, le fr. 9). Rien n’empêche donc de l’accepter.

17En effet : Parménide est très cohérent : étant donné la priorité qu’il a accordée au fait d’être, le penser s’exprime ép’eónti, c’est-à-dire, « grâce » (ou « à cause de » : epí n’abandonne jamais son pouvoir causal) à ce qui est. La formule eph’hôi, que nous proposons d’adopter, consacre ce principe au beau milieu de l’exposé des sémata de ce qui est, dans le long fragment 8. Et, à la ligne suivante, Parménide exprime la même idée, mais d’une manière négative : sans ce qui est (áneu [43][43]Áneu, en tant que privation, est l’expression contraire à epí. toû eóntos), le penser n’existe pas. Voici donc le sens du passage 8 . 34-6 : « Penser ( hcq...seul....) et ce pour quoi la pensée est, sont la même chose ; car sans ce qui est, grâce auquel il est énoncé, tu ne trouveras pas le penser. » Le penser n’existe que lorsqu’il exprime quelque chose sur ce qui est en train d’être. Et comme « il n’y a pas, et il n’y aura pas, autre chose que ce qui est » (8 . 36 b-7), la pensée n’a qu’un seul objet : ce qui est. Lorsque ce qui est est absent de la pensée ou du dire, il n’y a que des « mots » trompeurs (8 . 52), des opinions vides.

Notes

  • [1]
    Platon, Théétète, 184 a (trad. M. Narcy).
  • [2]
    À propos de mes divergences par rapport à l’interprétation de M. Conche, cf. mon compte rendu de son Parménide. Le Poème : Fragments (Paris, PUF, 1996) dans La Revue philosophique, 1997 (4), ainsi que N. L. Cordero, « Parménide platonisé », Revue de philosophie ancienne, 2000 (1).
  • [3]
    Cette référence s’inspire du titre du travail de J. Brunschwig, « Parménide un et divisible », L’âge des sciences, 3 : « La philosophie et son histoire », Paris, 1990.
  • [4]
    Paris-Bruxelles, Vrin-Ousia, 2e éd., 1997.
  • [5]
    M. Conche, op. cit., p. 163-164.
  • [6]
    À notre connaissance, il n’y a qu’une exception – mais de taille – L. Couloubaritsis, Mythe et philosophie chez Parménide, Bruxelles, Ousia, 2e éd., 1990.
  • [7]
    H. Diels, Parmenides Lehrgedicht, Berlin, 1897, p. 38 ; H. Diels-W. Kranz, Die Fragmente der Vorsokratiker, I, p. 238.
  •  
  • [8]
    H. Diels, op. cit. (1897), p. 85.
  •  
  • [9]
    K. von Fritz, « Nous, noeîn and its derivatives in Pre-Socratic Philosophy (excluding Anaxagoras) », I : From the beginnings to Parmenides, Classical Philology, 40, 1945, p. 237.
  •  
  • [10]
    J. Wiesner, Études sur Parménide, II : Problèmes d’interprétation, éd. P. Aubenque, Paris, 1987, p. 179 et Parmenides. Der Beginn der Aletheia, Berlin/New York, 1996, p. 151. Pour cet auteur, le passage souligne l’identité ( « la même chose » ) de ce qui est, et sa traduction est la suivante : « Als Identisches kann es erkannt werden und weil die Erkenntnis Bestand hat. »
  • [11]
    Sur l’interprétation de Parménide par Simplicius, cf. A. Stevens, Postérité de l’être. Simplicius, interprète de Parménide, Bruxelles, 1990, passim.
  • [12]
    E. Hoffman, Die Sprache und die archaische Logik, Tübingen, 1925, p. 8.
  • [13]
    Peut-être pour cette raison O. Vuia avait proposé d’insérer ce texte entre 8 . 33 et 8 . 34, comme prémisse de 8 . 34 (cf. Remontée aux sources de la pensée occidentale : Héraclite, Parménide, Anaxagore, Paris, 1961, p. 82).
  • [14]
    H. Heitsch, « Sein und Gegenwart im frühgriechischen Denken », Gymnasium, 18, 1971, p. 428.
  • [15]
    Cf. K. von Fritz, op. cit., p. 238. J. Mansfeld, pour sa part, avait écrit que « la pensée suppose ce pour quoi (weshalb) il y a pensée » (Die Offenbarung des Parmenides und die menschliche Welt, Assen, 1964, p. 85).
  • [16]
    W. Leszl, « Approcio epistemologico all’ontologia parmenidea », dans La parola del passato, 43, 1988, p. 309, n. 40.
  • [17]
    J. Wiesner, Études, cit., p. 184-185.
  • [18]
    Cf. supra, p. 6, n. 1.
  • [19]
    Cette possibilité affirme, en effet, que, étant donné que le penser et la cause de la pensée sont la même chose (cf. aussi fr. 3), sans ce qui est (c’est-à-dire, sans la cause de la pensée), il n’y pas son effet, la pensée, car c’est chez elle qui s’exprime ce qui est. La priorité de l’être sur la pensée est ainsi confirmée, car s’il n’y a rien (comme dira Gorgias, mais dans un but opposé à celui de Parménide) il n’y aura non plus la pensée, qui est expression de ce qui est.
  • [20]
    W. J. Verdenius, Parmenides, Amsterdam, 1942, p. 39.
  • [21]
    Cf. H. Diels, op. cit. (1897), p. 37.
  • [22]
    W. J. Verdenius, op. cit., p. 40.
  • [23]
    L. Tarán, op. cit., p. 86.
  • [24]
    M. Conche, op. cit., p. 128.
  • [25]
    C. Collobert, L’être de Parménide ou le refus du temps, Paris, 1993, p. 19.
  • [26]
    K. Bormann, Parmenides. Untersuchungen zu den Fragmenten, Hamburg, 1971, p. 84.
  • [27]
    P. A. Meijer, Parmenides beyond the Gates. The divine revelation on being, thinking and the doxa, Amsterdam, 1997, p. 83.
  • [28]
    Heidegger interprétait que, chez Parménide, « la vérité, entendue comme pareil dévoilement du Pli, laisse à partir de lui la pensée appartenir à l’être » (Essais et conférences, tr. fr., Paris, 1958, p. 302). C’est à cause de J. Beaufret que, comme on le sait, s’est produite en France une regrettable heideggérianisation de Parménide. Heureusement ce phénomène n’a pas atteint d’autres latitudes.
  • [29]
    E. D. Phillips, « Parmenides on thought and being », Philosophical Review, 64, 1955, p. 558.
  •  
  • [30]
    Cf. Gorgias, fr. 3, § 77-82.
  • [31]
    J. Wiesner, Études, op. cit., p. 191.
  • [32]
    P. Aubenque, op. cit., p. 122.
  • [33]
    Cf. Plato Latinus, éd. R. Klibansky - L. Labowsky, vol. III : « Parmenides nec non Procli Commentarium in Parmenides », Londres, 1953, p. XXXVI, et Proclus’ Commentary on Plato’s Parmenides, éd. G. R. Morrow et J. M. Dillon, Princeton, 1987.
  • [34]
    J. M. Dillon, op. cit., p. XLIV.
  • [35]
    Sur la valeur de ce manuscrit, cf. Klibansky-Labowsky, op. cit., p. XII, et C. Steel, éd. critique de Proclus. Commentaire sur le « Parménide » de Platon, traduction de Guillaume de Moerbeke, t. I, Louvain, 1985, p. 3*.
  • [36]
    C. Steel, op. cit., p4*.
  • [37]
    Cf. A. P. D. Mourelatos, « A onomázei C (= the internal accusative) epí B », The Route of Parmenides, Yale Univ. Press, 1970, p. 184.
  • [38]
    Cf. Platon, Parm. 147 d : « N’est-ce pas à quelque chose (epí tini) que tu appliques chaque nom ? » ; Soph. 218 c : « Le fait sur lequel (eph’hôi) nous parlons. »
  • [39]
    Cf. LSJ, s.v. epí, III : « various causal senses », surtout § 5, « on names ».
  • [40]
    Epí signifie aussi « supporter = porter sur ».
  • [41]
    L. Woodbury, « Parmenides on names », Harvard Studies in Classical Philology, 63, 1958, p. 149. Lorsqu’il s’agit d’une personne, cette formule exprime « le nom que l’on donne à quelqu’un ou la “chose” qui est nommée dans (epí) une personne : le nom ou la “chose” correspondent (fits) à la personne », p. 160.
  •  
  • [42]
    P. Aubenque, op. cit., p. 122, n. 62.
  • [43]
    Áneu, en tant que privation, est l’expression contraire à epí.
  • [*]
    Dans la translitération du grec nous soulignons (o) les voyelles longues (?).