https://www.lefigaro.fr/sciences/trouble-borderline-quand-les-emotions-debordent-20230423

 

 

DÉCRYPTAGE - Lié à une insécurité émotionnelle pathologique, ce trouble de la personnalité plonge l’individu dans une grande souffrance.

Ils ont du mal à réguler leurs émotions, sont souvent impulsifs et entretiennent des relations particulièrement difficiles avec les autres. «En France, on estime que 2,5 % de la population active présente des caractéristiques du trouble de la personnalité borderline», observe l’association Aforpel (un réseau de professionnels de la prise en charge de ce trouble, www.aforpel.org). Longtemps appelée «état limite», puisqu’on ne savait pas comment classer cette pathologie qui ressemblait tantôt à une névrose, tantôt à une psychose lors de courts épisodes dissociatifs, on la nomme aussi «labilité émotionnelle» en raison de ses manifestations soudaines, disproportionnées et instables.

 

Le trouble de la personnalité borderline découle d’une «représentation de soi en manque de bien-être, de sécurité émotionnelle et de valeur personnelle. Nos patients se sentent défaillants, indignes d’être aimés», explique la psychiatre Déborah Ducasse, responsable du Centre de thérapies des troubles de l’humeur et émotionnels/borderline, au CHU de Montpellier. Incapables de se donner à eux-mêmes la satisfaction et l’assurance intérieure dont ils ont besoin, ils en chargent leur environnement ou leur entourage et projettent, attendent, exigent, bref surinvestissent les liens dont ils deviennent dépendants. «C’est une addiction relationnelle, observe la psychiatre. Paniquées à l’idée d’être abandonnées, les personnes multiplient les demandes de réassurance, s’acharnent à plaire et à correspondre à ce qu’on attend d’elles, testent les limites pour vérifier la fiabilité de la relation, peuvent fouiller dans le portable de l’autre ou contrôler ses fréquentations pour éviter toute “trahison”.» Mais arrive toujours ce moment douloureux où elles se trouvent déçues ou frustrées. Certaines, pour y échapper, peuvent également fuir ou saboter la relation.

Cette redoutable insécurité naît d’une interaction entre une vulnérabilité génétique et un environnement familial invalidant. «Invalidant ne veut pas dire mal intentionné, tient cependant à préciser Déborah Ducasse. Souvent, les parents ou les autres figures référentes n’ont pas été en mesure, pour diverses raisons (éducation personnelle, difficultés psychiques…), d’aider l’enfant à réguler des émotions particulièrement intenses et variées.» Les parents ont pu réprimer l’expression de la colère ou du chagrin, par exemple, parce qu’ils en avaient peur. Ou manquer de ressources pour accompagner la vulnérabilité de l’enfant. Celui-ci a pu aussi percevoir de hautes exigences de performance de la part de ses proches, et dès lors considérer les émotions comme des obstacles à son devoir de réussite.

Ce trouble est à prendre très au sérieux puisqu’il plonge l’individu dans une immense souffrance. «Les patients sont éprouvés par une grande colère et rongés par la honte. Ils peuvent alors s’attaquer à eux-mêmes, s’automutiler ou tenter de mettre fin à leurs jours.» Une étude publiée en 2006 dans Jama Psychiatry et référencée par l’Institut américain sur la santé mentale, révèle que 80 % des sujets atteints de trouble de la personnalité borderline présentent des comportements suicidaires et que 9 % d’entre eux se sont suicidés. Des chiffres que Déborah Ducasse confirme.

Ressources intérieures

Les médecins savent aujourd’hui soigner cette maladie, même si les traitements médicamenteux ne sont pas efficaces sur le trouble borderline - certaines molécules sont en revanche prescrites lorsqu’il est associé à un autre trouble, comme la bipolarité. La psychothérapie est donc à privilégier. «Les thérapies cognitives et comportementales de troisième vague, basées sur la méditation, obtiennent de très bons résultats. Elles permettent aux patients de travailler sur la représentation de soi, la manière dont ils se perçoivent.» Peu à peu, ils apprennent à s’identifier à leurs ressources intérieures, à reconnaître leurs caractéristiques personnelles et positives, y compris celles qui sont liées à leur pathologie et notamment l’hypersensibilité. Ainsi ils développent leur plein potentiel.

L’entourage a aussi besoin d’être aidé, explique Déborah Ducasse, qui propose au CHU de Montpellier un accompagnement qu’elle décrit dans le livre Le Trouble borderline expliqué aux proches (Odile Jacob). «Nous leur délivrons d’abord un maximum de connaissances scientifiques sur la maladie, ses origines, ses manifestations, les mécanismes psychiques à l’œuvre. Puis nous leur permettons de mieux interagir et communiquer: il s’agit pour eux de reconnaître et de valider ce que ressent la personne en souffrance, mais aussi de comprendre leur propre fonctionnement et d’apprendre à se positionner avec justesse pour mieux se relier.» Aider sans s’épuiser, telle est l’idée.

 

 

 
1 commentaire
  • Poum-poum

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Enfin un article qui aborde ce trouble de la personnalité dont on ne parle jamais dans la presse nationale. Pour en avoir supporté dans mon entourage, je peux dire que les borderline sont aussi horribles. Manipulateurs, moitié normaux, moitié pathologiques. Ils asservissent leur entourage par peur d'être quittés. Ont régulièrement des réactions explosives et insensées pour un petit rien qui les dérangent. Hyper sensibles pour eux-mêmes et sans empathie pour leur entourage qui les subit. Et pour finir ont des troubles de mémoire lors du passage d'un état normal à un état pathologique. Sont de mauvaise foi. Accusent toujours les autres et ne se remettent jamais en cause. Une horreur ces gens !! Et on en parle jamais. Pourtant il y en a beaucoup.

 

 

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