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Lors de la fête de Roch Hachana, cette année du 25 au 27 septembre, des milliers de juifs hassidiques se sont rendus sur la tombe du rabbin Nahman de Bratslav à Ouman, en Ukraine. Les mises en garde, la guerre, pas plus que la pandémie de Covid avant elle, n’ont arrêté ces pèlerins qui font de la joie une arme contre toutes les épreuves.

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Publié le 29 septembre 2022 à 18h00 Mis à jour le 29 septembre 2022 à 19h13

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« Ceux qui iront à Ouman se mettront en danger, et Israël ne sera pas forcément en mesure de leur prêter assistance au cas où les choses tournent mal. » Le ministère des Affaires étrangères israélien s’était montré très clair : les pèlerins qui auraient décidé de se rendre dans cette ville du centre de l’Ukraine malgré la guerre le feraient à leurs risques et périls. « Les explosions ennemies russes ne s’arrêtant pas, nous devons prendre soin de nous. S’il vous plaît, évitez de venir à Ouman et priez pour que la paix revienne », avait également imploré l’ambassade ukrainienne en Israël sur sa page Facebook.

 

Pourtant, cette année encore, plusieurs milliers de juifs hassidiques (jusqu’à 20 000 selon certaines sources), venant majoritairement d’Israël (mais aussi des Etats-Unis et, dans une moindre mesure, d’Europe), sont venus se recueillir sur la tombe du rabbin Nahman de Bratslav, à environ 200 kilomètres au sud de Kiev, bravant les avertissements et des menaces de la guerre (voir encadré). Comme chaque année lors de Roch Hachana (du 25 au 27 septembre cette année), le Nouvel An juif, ces pèlerins sont venus rendre hommage à leur tsadik (littéralement « homme juste », en hébreu), leur guide spirituel, mort en 1810.

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Ce pèlerinage, peut-être le plus important en nombre de participant chez les juifs hassidiques, attire chaque année en moyenne de 30 000 à 40 000 personnes, parfois beaucoup plus. Même en 2020, alors que l’Ukraine avait fermé ses frontières pour lutter contre la pandémie de Covid-19, des milliers de fidèles avaient réussi à braver les contrôles pour venir se recueillir, suscitant la polémique. Des centaines d’entre eux avaient également été bloqués à la frontière, contraints de faire demi-tour après des jours d’attente.

Comment comprendre un tel engouement ? Il faut pour cela revenir aux origines de cette communauté hassidique restée fidèle aux enseignements de Nahman de Bratslav, qui fait de la joie et de la relation à Dieu des remparts face à toutes les épreuves.

  • Qu’est-ce que le judaïsme hassidique ?

Le judaïsme hassidique est un courant mystique fondé au milieu du XVIIIᵉ siècle par le rabbin Israël ben Eliezer, autrement nommé « Baal Chem Tov » (littéralement le « maître du bon nom »), en Podolie, région qui fait aujourd’hui partie de l’Ukraine.

Le Baal Chem Tov prônait la joie populaire contre l’austérité et l’élitisme des autorités religieuses de son temps. En outre, il s’opposait vivement à la manière dont étaient étudiés les textes sacrés, qu’il jugeait coupée de toute démarche spirituelle. « Selon les hassidiques, lire la Bible permet d’élever son âme et de se connecter au monde supérieur. Dans les mots, il y a une origine divine. En les lisant, en se concentrant, en les méditant, on se connecte aux étincelles de sainteté contenues dans le texte sacré », décrypte Jean Baumgarten, historien et spécialiste du hassidisme.

Toutes les maladies qui s’abattent sur l’homme viennent de la dégradation de la joie

Le Baal Chem Tov attire vite de nombreux adeptes, qui se réunissent en privé pour méditer les textes, mais aussi pratiquer d’intenses exercices de méditation, des prières extatiques, voire des danses proches de la transe. « Les hassidiques se démarquent à la fois par l’intensité de leur ferveur mais aussi par un rapport au divin avec une forte dimension affective, voire émotionnelle », poursuit Jean Baumgarten.

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Le mouvement se développe en Europe orientale puis gagne petit à petit le reste de l’Europe et les Etats-Unis. Après la seconde guerre mondiale et les politiques antireligieuses de l’URSS, les communautés hassidiques s’établissent surtout en Amérique du Nord et en Israël. Elles comptent aujourd’hui des centaines de milliers de membres, dont environ 165 000 estimés à New York.

Une autre particularité du hassidisme est qu’il comprend plusieurs « lignées ». Ainsi, dès les débuts du mouvement, plusieurs communautés différentes se créent autour de guides spirituels particulièrement charismatiques, les tsadik. Nahman de Bratslav fut l’un d’entre eux.

  • Qui est Nahman de Bratslav ?

Né en 1772 à Bratslav, ville du cœur de l’Ukraine, il est l’arrière-petit-fils du Baal Chem Tov. Sa vie et ses enseignements nous sont notamment connus par les écrits de l’un de ses disciples, Rabbi Nathan. Plus que n’importe quel autre rabbin hassidique, Nahman de Bratslav a fait de la joie le cœur de sa pensée et de sa pratique.

« Toutes les maladies qui s’abattent sur l’homme, toutes viennent de la dégradation de la joie. Dieu n’est pas avec celui qui est triste. Lorsque l’homme fait une action dans la joie, il s’ouvre au miracle à venir », théorisait-il (cité par Arthur Green dans La Sagesse dansante de Rabbi Nahman, Albin Michel, 2000). Cet accent mis sur la joie se traduit notamment par la danse, au centre de la pratique de Nahman et de ses adeptes. « Lorsque la joie saisit le corps de l’homme, ses mains se lèvent, ainsi que ses pieds. Il ne peut alors s’empêcher de danser », déclarait-il.

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Nahman de Bratslav ne niait pas les difficultés du monde. Pour lui, il s’agit de trouver en soi et en Dieu les moyens de rester dans la joie, sans ressasser un passé déjà révolu ni s’inquiéter d’un avenir sur lequel nous n’avons pas prise. Angoissé par la mort pendant sa jeunesse, sans cesse tourmenté par les plaisirs des sens, Nahman de Bratslav était obsédé par le corps et ses souffrances. Mort de la tuberculose à 38 ans, il perdit également son fils de 1 an quelques années plus tôt. Mais il n’a jamais dévié de son but. « Le plus important est que chacun lutte de toutes ses forces dans le but d’être toujours joyeux », martelait-il.

Dans sa « lutte », Nahman de Bratslav s’est davantage aidé de la méditation que de l’étude des textes et de considérations intellectuelles, ce qui distingue d’ailleurs sa « lignée » de celle d’autres grands maîtres hassidiques. « On le décrivait comme quelqu’un d’un peu agité, qui n’aimait pas spécialement les études. Il a su surmonter ces difficultés par la joie et la méditation, mais une méditation personnelle, basée sur une forme d’isolement, de retrait », analyse Mendel Samama, rabbin à Strasbourg et fin connaisseur du hassidisme.

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Une célèbre pratique naîtra des méditations personnelles de Nahman : la « Hitbodedout » (« esseulement »). Elle consiste à s’isoler (si possible en pleine nature, au plus près de la Création), à faire silence le plus longtemps possible, jusqu’à ce que ce silence devienne insupportable et donne envie de crier. C’est alors le moment idoine pour se lancer dans une conversation sans filtre, avec Dieu, et commencer ainsi la purification de son ego.

  • Comment expliquer sa popularité (et celle de sa tombe) ?

Dans la plupart des lignées hassidiques, les tsadik ont un successeur après leur mort. Mais ce ne fut pas le cas pour Nahman de Bratslav. Lorsqu’il meurt à Ouman en 1810, son fils étant mort également, il n’a pas de successeur naturel. Il n’en avait pas désigné non plus de son vivant, enjoignant à ses fidèles de se débrouiller sans maître. Sa tombe devint alors le seul lien entre la communauté et leur tsadik.

« On les appelle parfois les “hassidiques morts”, car leur guide spirituel n’est plus de ce monde. Cette absence, mêlée au très grand charisme de Nahman de Bratslav, peut expliquer que ce soit développé une espèce de culte de la personnalité autour de lui », analyse Jean Baumgarten. Qui ajoute : « Il y a aussi eu une importante littérature autour de Nahman de Bratslav sous l’impulsion, notamment, de son scribe, Rabbi Nathan. C’est l’une des raisons de sa popularité. »

Plus il est difficile de se rendre à Ouman, plus cela veut dire qu’il faut y aller !

En outre, dans la mystique juive, la tombe d’un maître spirituel est souvent perçue comme un véritable outil de communication avec lui. Au XVIᵉ siècle, par exemple, de nombreux juifs effectuaient des pèlerinages à Safed, dans le nord d’Israël, sur les tombes des premiers rabbins à l’origine du Talmud. « Les mystiques de l’époque se rendaient près des tombes et entraient en conversation avec les grands maîtres du Talmud. Poser la main sur la tombe était également considéré comme un moyen de protection contre le mal, un peu comme une amulette. Les hassidiques se sont inspirés de ces pratiques », décrypte Jean Baumgarten.

Probablement au fait de ces traditions, Nahman de Bratslav a expressément demandé à ses adeptes de venir se recueillir chaque année sur sa tombe. « A Roch Hachana, pour quiconque se recueille sur ma tombe d’un repentir sincère, qu’importe la gravité de ses fautes, je m’étirerai de long en large pour le relever de sa déchéance, dussé-je l’arracher à la géhenne par ses papillotes », aurait-il exhorté avant sa mort.

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Ainsi pour les plus dévots des fidèles de Nahman de Bratslav, aucune difficulté n’est de taille face à la joie de converser une fois par an avec leur maître. Aucune guerre ni aucune pandémie ne les arrêtent.

« L’enseignement de Nahman est précisément basé sur les difficultés de la vie et les moyens de les surmonter. En quelque sorte, pour ceux qui veulent le vivre pleinement, plus il est difficile de se rendre à Ouman, plus cela veut dire qu’il faut y aller ! », résume le rabbin Mendel Samama. Et de poursuivre : « Je ne partage pas nécessairement leurs idées ni leur pratique. Mais il faut leur reconnaître un certain courage. Ils vont au bout de leurs idées sans être pour autant des intégristes. Ils agissent avec respect, sans violence, sans rejeter le monde extérieur. »

  • Comment se déroule le pèlerinage ?

Cité minière tombée en désuétude après la chute de l’URSS, Ouman reprend souffle avec vigueur pendant la durée du pèlerinage. Partout (et surtout près de la tombe de Nahman) on peut croiser des fidèles qui dansent, chantent, psalmodient, se livrent à des prières extatiques. L’œil inaverti peut y voir « une fête qui tient de la rave, du Burning Man comme du Kumbh Mela (pèlerinage hindou) ; un Lourdes juif pour la rédemption des éclopés de l’âme », comme le décrivait un journaliste du magazine Néon, qui s’y est rendu en 2019.

Nahman de Bratslav évoque explicitement le manque d’argent ou la guerre comme des obstacles au pèlerinage

Sous les bruits des pétards et des feux d’artifice (interdits cette année, tout comme l’alcool), des échoppes ouvrent dans toute la ville pour l’occasion, et particulièrement près du mausolée du maître, vendant des spécialités culinaires de toute la diaspora, mais aussi des livres de prière, des amulettes ou des tee-shirts à l’effigie de Nahman de Bratslav ou arborant ses citations. Depuis les Etats-Unis, Israël ou l’Europe, des agences de voyages gèrent le logement et le transport, voire les visites guidées. « Ouman, c’est tout un business », résume Jean Baumgarten.

Même si certaines tensions existent avec les habitants de la région, notamment au sujet d’un marché immobilier largement impacté par les constructions d’hôtels et des (immenses) synagogues dans la ville, ce « business » profite aussi à l’économie locale, ce qui peut expliquer pourquoi l’Ukraine n’a pas empêché la venue des pèlerins, à défaut de pouvoir garantir pleinement leur sécurité. Accusée à hue et à dia de nazisme par la Russie, Kiev a également mobilisé des troupes et des interprètes pour s’assurer que le séjour se passe sans encombre.

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Habituellement, l’émulation n’attire pas que des adeptes du tsadik. « Ouman est un peu victime de son succès. Les gens qui y vont aujourd’hui ne sont pas forcément des disciples de Rabbi Nahman. Ce sont des gens qui le respectent, qui espèrent avoir une bénédiction, qui aussi éprouvent une grande joie de participer à une cérémonie juive de cette ampleur », assurait, en 2020, le rabbin Haïm Nisenbaum sur radio J, s’inquiétant alors que l’engouement pousse les pèlerins à prendre des risques pour leur santé, en pleine pandémie.

Cette année encore, les pèlerins ont pris des risques. Venus par la Pologne, la Moldavie ou la Roumanie, ils ont dû enchaîner les navettes en taxis ou en bus, restant parfois bloqués pendant des jours, pour enfin arriver sur place. Dans ses écrits, Nahman de Bratslav évoque explicitement « le manque d’argent ou la guerre » comme « des obstacles » au pèlerinage. Mais un « obstacle » n’est pas une limite insurmontable.

« Ceux qui sont là cette année sont surtout des hassidim Breslev aguerris, habitués à faire le pèlerinage. Les gens qui ne sont jamais venus à Ouman en ont été découragés à cause de la situation sécuritaire », explique Aaron Chetrit, dirigeant de l’association Ayeh, qui organise des voyages à Ouman, interrogé par i24 News.

La région, pour l’heure, a été épargnée par la guerre et le pèlerinage a pu se dérouler sans encombre, dans une ambiance plutôt « joyeuse », selon divers témoignages. Seuls le couvre-feu (23 heures-5 heures) et quelques alarmes, à l’instar de toutes les villes du pays, ont rappelé aux pèlerins la réalité de la guerre, comme pour donner corps aux enseignements du rabbin de Bratslav sur la difficulté de lutter en permanence pour la joie.

« Heureusement, nous avons été épargnés par la guerre »

Nachmya Schwartz a 55 ans et, depuis vingt-trois ans, il effectue chaque année le pèlerinage à Oumane, dans le centre de l’Ukraine, depuis New York, où il habite et officie en tant que rabbin. Bloqué depuis plusieurs heures à la frontière polonaise sur le chemin du retour, il a accepté de répondre à nos questions.

Comment s’est déroulé votre voyage jusqu’à Oumane ?

Nous avons d’abord fait le voyage en avion, jusqu’en Pologne. Puis nous avons parcouru une longue route dans une petite fourgonnette. Nous avons peut-être roulé quinze ou seize heures depuis la frontière avant d’arriver à Oumane. Le voyage fut long mais agréable ! On a prié, chanté… Nous étions contents d’être ensemble et, heureusement, nous avons été épargnés par la guerre. La seule chose qui nous a marqués, c’est qu’énormément de magasins étaient fermés dans les villes ukrainiennes que nous avons traversées.

Pourquoi était-il si important pour vous d’aller à Oumane, malgré la guerre ?

La religion tient une place centrale dans notre vie et tout ce qui peut renforcer notre foi est important pour nous. Pour notre communauté, le pèlerinage est indissociable de notre foi, et ce depuis plus de deux cents ans ! Nous ne venons pas en vacances. Même si nous n’avons pas beaucoup d’argent, que nous avons beaucoup de choses à faire, il est important pour nous d’aller à Oumane durant Roch Hachana.

Rabbi Nahman est notre rabbin. Il est à l’origine de beaucoup d’enseignements, de textes, qui ont aidé de nombreuses personnes, et qui m’ont beaucoup aidé personnellement. Nous le considérons comme un intermédiaire entre les fidèles et Dieu. Se rendre sur sa tombe, particulièrement lors de Roch Hachana, est une manière de rester connecté à lui, de respecter ses enseignements et de lui adresser nos prières. Cela nous permet aussi de recevoir son aide, pour comprendre les textes sacrés ou face à n’importe quel problème que l’on peut rencontrer dans notre vie.

Comment vous sentez-vous après ces quelques jours passés en Ukraine ?

Je suis en bonne santé, Dieu merci. Et je me sens aussi très en forme spirituellement. C’est difficile de l’expliquer avec des mots. Mais les milliers, voire les dizaines de milliers de personnes qui étaient à Oumane ont vécu une expérience d’un très haut niveau spirituel. Nous étions connectés à Dieu, à la Torah, et à notre saint tsadik.

A Oumane, avez-vous ressenti les effets de la guerre ?

C’est une terrible guerre, les gens meurent, les bâtiments explosent… C’est une énorme tragédie pour l’Ukraine, et toutes nos pensées vont au peuple ukrainien. Mais, pour notre part, nous n’avons à peu près rien vu de la guerre, à part les alarmes, le couvre-feu et la longueur du voyage. Oumane n’est pas en zone de guerre. Mais il est vrai que la nuit, il n’y avait personne dans les rues, contrairement aux autres années. Il y avait également plus de soldats et de policiers.

Nous avons énormément de gratitude envers le peuple ukrainien, l’Etat et la ville, qui ont été très chaleureux envers nous. Je connais les Ukrainiens depuis des années. Ils sont ouverts d’esprit, ouverts de cœur. Ils nous ont accueillis, nous ont guidés… Alors même qu’ils vivent une guerre terrible.

Y retournerez-vous l’année prochaine ?

Oui, bien sûr, pourquoi ne le ferais-je pas ? Je n’annulerai que si cela devenait dangereux pour ma vie, ce qui n’était, à mes yeux, pas le cas cette année, ni les années précédentes.

 

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