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Père Ardura: Charles de Foucauld est le «patron des recommençants»
Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
À partir du 15 mai prochain, chacun pourra prier Charles de Foucauld en tant que saint, lui qui avait été béatifié par Benoît XVI le 13 novembre 2005. Éduqué dans la foi chrétienne, jeune agnostique, officier de cavalerie dévoré par ses passions, explorateur, puis, après avoir rencontré un Dieu de Miséricorde, trappiste et enfin ermite donné à tous dans le désert du Sahara: la personnalité et le parcours de ce témoin de l’Évangile sont pour le moins riches et non dépourvus d’aspérités.
Le père Bernard Ardura, de l’ordre des Prémontrés, est président du Conseil Pontifical pour les Sciences historiques et postulateur – entre autres – de la cause de canonisation de Charles de Foucauld. Il souligne d’abord l’actualité du message spirituel de celui qui écrivait «On fait du bien, non dans la mesure de ce qu’on dit et ce qu’on fait, mais dans la mesure de ce qu’on est» (Charles de Foucauld, Conseils spirituels).
Ce que les Papes Paul VI et François ont remis en lumière, c’est qu’il est l’homme de la fraternité. Charles de Foucauld, aujourd’hui, vient nous redire que s’il n’y a pas cette fraternité universelle, notre vie non seulement n’a plus de sens, mais notre existence est en grand danger. Aujourd’hui, cette canonisation est un bienfait pour l’Église, et non seulement pour l’Église, mais également pour la société, car elle intervient alors que nous sommes en train de vivre des semaines où nous voyons précisément le contraire de la fraternité qui semble gagner et avoir le dessus.
Charles de Foucauld est celui qui par toute sa vie a rayonné un amour, un amour sans limite. Il est la réflexion de l’amour de Dieu.
Je crois qu’il invite, nous les chrétiens en particulier, à être les témoins de cet amour. En ce sens, cette canonisation arrive à point nommé. Elle a été retardée [en raison de la pandémie, ndlr], elle aurait dû avoir lieu il y a déjà deux ans. Mais c’est vraiment un grand message de fraternité, et d’une fraternité qui n’est pas seulement philanthropie. C’est une fraternité fondée sur l’amour dont Dieu nous aime, sur l’amour dont Dieu aime tous les autres, ceux qui sont différents de nous, et dans lesquels nous rencontrons des frères.
Vous êtes postulateur de la cause de Charles de Foucauld. Qu’est-ce qui vous a particulièrement marqué dans le fait de suivre ce témoin de l’Évangile?
Ce qui marque particulièrement, c’est ce que Charles de Foucauld appelle sa conversion. En réalité, ce n’est pas une conversion dans le sens où on l’entend habituellement, puisqu’il était déjà baptisé. C’est une conversion dans le sens où l’entend saint Ignace de Loyola. Pour lui, cette conversion est un recommencement. Arrivé à l’adolescence, Charles de Foucauld ne s’est plus reconnu dans les expressions de la foi de son enfance. C’est pourquoi, alors qu’il a 27 ans, il pourra écrire «pendant douze ans, j’ai vécu sans croire en rien et sans croire en personne». Il va alors redécouvrir dans l’église Saint Augustin, à Paris, un Dieu qui est miséricorde, pardon, qui va lui rendre le sens de son existence, qui va lui rendre sa dignité. À partir de ce moment-là, Charles de Foucauld aura compris que ce Dieu d’amour est celui auquel toute sa vie va appartenir. Je crois que c’est là un élément très important de la vie de Charles de Foucauld. Je dirais qu’il est le patron des recommençants, ceux qui ont abandonné peu à peu la pratique religieuse, et parfois même la profession de foi explicite, et qui redécouvrent un jour cela.
Il y a un autre aspect qui me semble très important. Le pape Benoît XVI nous rappelait que la foi chrétienne ne se transmet pas par prosélytisme mais par attirance, par attraction. Charles de Foucauld a été missionnaire, un missionnaire sans prêcher car il n’avait pas de fidèles. Un missionnaire qui a rayonné la bonté de Dieu à travers la façon dont il vivait, dont il se comportait, avec ceux qu’il rencontrait. Un homme dont toute la vie a été un accueil, ouvert à tous.
Vous venez d’évoquer Benoît XVI. Parlez-nous aussi de François: quel lien spirituel pourrait-on faire entre François et Charles de Foucauld?
Lorsque pour la première fois, j’ai dit au Pape François à l’occasion des vœux de la Curie: «je crois que nous avons un miracle pour la canonisation de Charles de Foucauld», il m’a dit «alors travaillez, ça c’est intéressant, je veux le canoniser». Puis j’ai fait parvenir au Pape l’édition italienne du volume écrit par Pierre Sourisseau, la biographie de Charles de Foucauld, et le pape François a voulu l’offrir aux responsables de la Curie au Noël suivant.
Il ne faut pas non plus oublier que l’encyclique Fratelli tutti était déjà terminé, lorsque le Pape a ajouté un numéro dans lequel il parle explicitement de Charles de Foucauld, «le frère universel».
Que représentait Rome pour Charles de Foucauld?
Rome était pour lui – comme pour tout chrétien – un point de référence obligé, dans la mesure où Charles de Foucauld, tout en ayant un caractère très marqué, et peut-être même une tendance à l’autonomie, a toujours vécu dans la plus grande et édifiante obéissance. Obéissance à son évêque, obéissance au préfet du Sahara, et donc aussi aux directives du Saint-Père.
Par exemple, lorsqu’on s’est aperçu et on s’est ému ici à Rome du fait que Charles de Foucauld célébrait la messe, mais qu’il n’y avait personne, qu’il conservait le Saint-Sacrement dans sa chapelle, mais il n’y avait personne, on s’est ému en disant «mais s’il devient malade, s’il meurt, que va-t-il arriver au Saint-Sacrement ?». Il va alors rester des mois et des mois sans pouvoir célébrer la messe, sans pouvoir tenir le Saint-Sacrement auprès duquel il passait de longues heures d’adoration. Charles de Foucauld est un modèle d’obéissance, alors que lui, militaire, ne l’était pas du tout. Sa conversion, son retour à Dieu, a fait qu’il s’est ouvert pleinement à la grâce, et qu’il a donc été transformé de l’intérieur par cet amour de Dieu qui est allé en quelque sorte le repêcher pour le faire rentrer dans la bergerie du Bon Pasteur.
Charles de Foucauld devient saint aujourd’hui, mais quels sont les saints qui l’ont inspiré, qui l’ont guidé?
Il y a certainement des saints qui l’ont inspiré, peut-être même sans qu’il le sache. En tous cas, il a une grande dévotion pour Saint Charles Borromée, son saint patron. Mais je crois que lorsqu’on relit Charles de Foucauld, il y a certaines de ses expressions, de ses phrases, qui nous font repenser exactement à Saint Augustin. Saint Augustin lui aussi est un homme qui a eu, lui, une véritable conversion. Il est passé de l’indifférence, de l’agnosticisme, à une adhésion de foi absolument extraordinaire. Voilà pourquoi Charles de Foucauld est un chaînon. Il est un chaînon et nous, nous nous tournons aujourd’hui vers lui. Par la canonisation, il nous est présenté comme modèle et intercesseur. Profitons-en pour entrer, grâce à Charles de Foucauld, dans cette grande famille des amis de Dieu. Cet aspect de la communion des saints a été très présent dans toute sa vie.
Je pense que cette canonisation est pour nous une occasion de renouveau intérieur, dans la façon de vivre notre foi. Charles de Foucauld avait voulu recevoir de la part de l’abbé Huvelin des leçons de religion, des leçons de catéchisme, et l’abbé Huvelin lui a dit: «mettez-vous à genoux et confessez-vous», avant de l’envoyer communier. Notre religion n’est pas la religion du livre, n’est pas une religion des leçons bien apprises. C’est celle de Quelqu’un, le Christ, le Fils de Dieu, venu pour partager notre condition humaine, pour nous racheter, et pour nous ouvrir les portes du Royaume.
À ceux qui ne connaissent pas Charles de Foucauld, quels conseils donneriez-vous pour l’approcher?
Je conseille de reprendre ce bel ouvrage de Pierre Sourisseau, publié en 2016 aux éditions du Cerf: Charles de Foucauld, 1858-1916, biographie. On peut le suivre très facilement et on s’aperçoit alors qu’il n’est pas né saint, il l’est devenu, en laissant opérer en lui la grâce de Dieu et en collaborant avec générosité à cette grâce qui l’a transformé littéralement, et qui a fait de ce militaire impénitent, de ce militaire indiscipliné, qui n’avait pas assez de son argent pour assouvir toutes ses passions, qui a fait de lui un homme entièrement donné, qui s’est anéanti au milieu des plus pauvres, dans le désert du Sahara, et qui a laissé un signe très fort, celui de la fraternité.
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