« Je ne serais pas arrivé là si… » « Le Monde » interroge une personnalité sur un moment décisif de son existence. Cette semaine, l’homme du théâtre de l’absurde raconte ses débuts dans le théâtre et cette fantaisie héritée de sa mère.
Auteur, metteur en scène, réalisateur, acteur, Jean-Michel Ribes, 75 ans, quittera, à la fin de l’année, le Théâtre du Rond-Point, qu’il dirige depuis 2001. Fondant son projet sur « l’audace joyeuse » et « le rire de résistance », l’ancien compagnon de route de Roland Topor (1938-1997) a transformé ce lieu en temple parisien des auteurs vivants. A travers ses pièces (comme Théâtre sans animaux) ou ses séries télévisées (Merci Bernard, Palace), il a sans cesse cultivé l’humour absurde.
Je ne serais pas arrivé là si…
… Si je n’avais pas eu le soutien de ma mère. Je viens d’un milieu aisé, bourgeois, mais perturbé. Mon père nous a quittés quand j’avais 6 ans. J’étais très attaché à lui. Cet éloignement fut sentimentalement très douloureux. J’ai soutenu ma mère dans son chagrin, et, par la suite, c’est elle qui m’a soutenu.
Je n’étais pas très équipé pour la réalité, je m’inventais des histoires, attiré plutôt par l’univers artistique. De loin, mon père s’y est opposé avec force et violence. Heureusement ma mère était là. Elle a surmonté ses malheurs avec un grand sens de l’humour et beaucoup de courage. Décoratrice d’intérieur, elle avait une liberté, une cocasserie. Ma fantaisie vient directement de la branche maternelle. Si je m’étais retrouvé coincé chez mon père, j’en aurais crevé. Ma mère a été mon oxygène.
Comment votre père s’est-il opposé « de loin » à vos aspirations ?
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