Cette installation aussi puissante qu’un réacteur nucléaire nécessite d’abattre 1000 hectares de bois.

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En l’absence de recours bloquant, Engie et Neoen ne prévoient pas de débuter les travaux avant 2024. Un branchement au réseau ne surviendrait pas avant fin 2025-début 2026. Un champ de panneaux solaires en Bulgarie. 243152433/diyanadimitrova - stock.adobe.com

Remplacer une forêt de pins maritimes par un champ de panneaux solaires. Le projet présenté mardi par les énergéticiens Engie et Neoen, à 20 kilomètres au sud de Bordeaux, fait grincer les dents. Baptisé Horizeo, le dossier est novateur sur le plan industriel. Il s’agit de construire une centrale photovoltaïque géante de 1000 mégawatts (l’équivalent d’un réacteur nucléaire), qui deviendrait la plus grande de France. Le tout sans un euro de subvention. L’électricité produite, très compétitive, serait vendue directement à des entreprises.

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La centrale serait couplée à un data center et à des batteries de stockage. Elle alimenterait aussi une unité de production d’hydrogène vert. Le tout présente un investissement de 650 millions d’euros. Engie et Neoen avaient tous deux repéré cet emplacement, «un site exceptionnel et rare» à Saucats, explique le directeur du projet, Bruno Hernandez. Plutôt que de se concurrencer, ils ont donc décidé de s’associer.

Le terrain réservé est aujourd’hui une pinède privée et grillagée dédiée à la sylviculture et à la chasse à courre, précisent les énergéticiens. Las, le projet suppose de raser 1 000 hectares de pins (sur les plus de 600.000 que compte la forêt des Landes). «Engie et Neoen s’engagent à réaliser un projet exemplaire en termes de démarche environnementale et sociétale à chaque étape du projet, situé en dehors de tout zonage réglementaire de protection environnementale et sur une chasse privée entièrement clôturée et non classée en zone agricole», précisent les responsables du projet.

Nous sommes pour les énergies renouvelables, mais détruire 1000 hectares de pins maritimes [...] cela ne peut pas nous plaire

Daniel Delestre, président de la Sepanso, association environnementale régionale

Malgré les engagements des industriels, ONG et élus régionaux s’inquiètent déjà. «Comment est-ce possible qu’on rase une forêt au nom de l’écologie ? s’interroge Daniel Delestre, président de la Sepanso, association environnementale régionale. Nous sommes pour les énergies renouvelables, mais détruire 1000 hectares de pins maritimes pour installer des plaques de cristaux de silicium et charcuter la terre pour y enfouir des réseaux de câbles divers et variés, cela ne peut pas nous plaire.»

Le projet représenterait à lui seul plus de 15 % de l’ambition régionale de développement des énergies renouvelables, font valoir Engie et Neoen. Pas de quoi séduire les élus de Nouvelle Aquitaine. «En tant qu’écologiste, je ne peux pas cautionner ce projet, prévient Françoise Coutant (EELV), vice-présidente de la région Nouvelle Aquitaine en charge du climat et de la transition énergétique. Horizeo va à l’encontre de notre schéma régional d’aménagement du territoire, qui précise que le solaire doit être développé “préférentiellement sur des terres artificialisées”. Même sans toucher aux terres agricoles et forestières, nous avons de quoi atteindre nos objectifs de développement des énergies renouvelables.»

Débat public

Même opposition à droite: l’élu régional de la France rurale (affilié LR), Eddie Puyjalon, se dit contre le projet. La pression des développeurs de projets photovoltaïques est très forte dans cette région ensoleillée, en particulier dans la périphérie de Bordeaux. Vu la taille du projet d’Horizeo et les oppositions qu’il suscite, Engie et Neoen ont obtenu lundi que se tienne un débat public. Il devrait durer entre quatre à six mois. «Nous entendons les inquiétudes, promet Bruno Hernandez. Nous sommes pour l’instant sur un projet dont seules les bases sont posées à ce jour. Il évoluera en fonction des échanges avec les acteurs locaux.»

Horizeo n’en est qu’à ses prémices. En l’absence de recours bloquant, Engie et Neoen ne prévoient pas que le premier coup de pelle soit effectué avant 2024. Un branchement au réseau ne surviendrait pas avant fin 2025-début 2026. Si le projet aboutit. Au vu des oppositions politiques locales, nul doute qu’il sera un des enjeux de la campagne pour l’élection régionale de juin prochain.