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14 mai 2020 – Il y a beaucoup de dissipation au sein d’institutions et personnalités diverses, qui devraient pourtant être unies dans la fidélité-Système au dogme de notre-UE et de l’européisme. L’on ne sait plus exactement ce qu’est être pro-Système, et ainsi se retrouve-t-on antiSystème sans l’avoir voulu ni y avoir vraiment songé.

L’actuelle fureur tourne autour de la décision des juges de la Cour Constitutionnelle allemande de Karlsruhe, il y a une décade, le 5 mai. Cette affaire a fait grand bruit, comme il se doit, et laisse présager des jours bien difficiles pour l’UE puisqu’elle place cette organisation dans le viseur de la plus haute autorité juridique de son principal membre.

Pour certains, “la messe est dite”... C’est le cas de Régis de Castelnau qui publie, sur son site VuduDroit deux analyses de Philippe Prigent avocat la cour de Paris et de Sébastien Cochard, conseiller de banque centrale, pour commenter cet arrêt de la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe. Il présente ces deux textes très détaillés, qu’il faut lire si l’on veut connaître tous les détours de cette affaire, par ces quelques paragraphes résumant fort bien le propos :

« Dans un article publié sur son blog le 21 avril dernier intitulé “Euro, le miracle ou la mort”  Frédéric Lordon disait la chose suivante :
» “Pour que l’euro ne termine pas cette fois, il ne reste qu’une possibilité hors la stratégie ‘cierges et miracle’ : que l’Allemagne, elle aussi, soit contrainte à cette solution de l’annulation des dettes pour éviter d’y rester comme les copains. La seule chose qui puisse sauver l’euro, c’est que l’Allemagne se voie elle-même incapable d’accommoder le choc titanesque dans le cadre de ses propres prescriptions. Et qu’elle aussi se trouve en situation de devoir arbitrer entre le maintien de ses principes et la préservation de ses intérêts essentiels — entendre : contenir la dislocation économique et sociale. Ce dont l’Allemagne est rigoureusement incapable — transacter sur ses principes avec les autres — peut-être le peut-elle avec elle-même. Encore faudrait-il qu’elle rende le bon arbitrage, qu’elle le rende suffisamment vite et suffisamment fort pour que d’autres n’y soient pas passés avant et que tout n’ait pas explosé avant la Pentecôte allemande. Alors, et alors seulement, l’euro aurait une dernière, une ultime chance.”
» Il est plus que probable que la mort de l’euro entraînera rapidement la désintégration de l’UE.
» En pleine crise du COVID, la Cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe vient de rendre le 5 mai une décision extraordinaire dans laquelle elle montre que la voie germanique sera celle du refus de la solidarité européenne. Pour faire simple, cette juridiction a posé le principe de la supériorité du droit allemand sur le droit européen supranational. L’arbitrage dont parle Lordon semblent bien avoir été rendu par l’arrêt du 5 mai. En faveur des seuls intérêts de l’Allemagne.
» Et il ne faut pas se tromper, la cour suprême allemande n’a pas pris cette décision de près de 80 pages pour des raisons d’opportunité politique ou économique mais bien pour des raisons de principe juridique. On dirait bien que la messe est dite. »

Braquage de la BCE

Les Juges allemands mettaient en cause les décisions de la BCE à partir de l’accord difficilement atteint par les chefs d’État et de gouvernement de l’UE, pour tenter de traiter la crise monstrueuse ouverte par les conséquences budgétaires du Covid19. Il s’agit d’une méthode déjà appliquée et que les Juges allemands avaient déjà très fortement critiquée en 2017 et 2018. Prigent-Cochard présentent la chose de cette façon, pour Castelnau, sur la référence déjà citée :

 « En janvier 2015, passage à l’acte : sept ans après les plans de rachats de dette massifs des Etats-Unis, de la Grande Bretagne et du Japon, 22 ans après l’interdiction Maastrichtienne, la zone euro a enfin son programme de rachats de dette publiques, son “assouplissement quantitatif” (QE), obtenu par Mario Draghi malgré l’opposition allemande et dénommé ‘Public Securities Purchasing Programme’ (PSPP), qui a fait l’objet de l’arrêt de Karlsruhe le 5 mai.
» Officiellement, il s’agit de soutenir l’inflation, alors que cette dernière est en passe de devenir négative (seul mandat de la BCE : la stabilité des prix). En réalité, il s’agit bien de réduire la pression des dettes publiques, en violant ainsi, sinon la lettre (rachats sur le marché secondaire et non directement à l’émission) mais du moins l’esprit de l’interdiction de financement monétaire. »

Le 5 mai, la Cour a donné trois mois aux institutions européennes (Banque Centrale Européenne [BCE] et Commission) pour justifier leur décision qu’elle ne peut en aucune façon et en l’occurrence accepter en l’état. La Cour rappelait sa propre position selon laquelle c’est elle qui détient l’autorité juridique suprême en Allemagne, et non les institutions européennes, notamment la Cour Européenne ; elle rappelait à la BCE et au reste des institutionnels-UE leur très faible légitimité, notamment démocratique, ce qui renforçait la première assertion mais surtout portait implicitement la critique au cœur de la crise européenne.

Une bataille sévère

Ce qui fut aussitôt remarquable dans cette affaire, avec une réponse circonstanciée et très ferme de l’UE (de la Commission européenne), c’est que la querelle est aussitôt passée au niveau le plus virulent et le plus sonore de communication, alors qu’elle oppose deux très grands acteurs du concert (?), qui ont l’habitude de jouer la même partition, toujours en très bonne coopération et parfois jusqu’à une excellente complicité. Le sel de l’affaire est également dans ceci que c’est la Commission qui a répondu, que la présidente de la Commission est allemande, qu’elle était membre du gouvernement Merkel il y a moins d’un an, et  certainement l’un des plus beaux fleurons de la direction allemande. Pour l’instant, rien n’est dit à ce propos, mais il paraît après tout fort possible que ce facteur joue un rôle, et l’on ne sait éventuellement dans quel sens. (De même, la position du gouvernement allemand vis-à-vis de la décision des Juges est pour l’instant une inconnue, de laquelle on se tirerait aisément en suggérant tout simplement qu’il est divisé.)

Voici  quelques mots sur l’intervention de la présidente de la Commission européenne :

« Dans une déclaration publiée le 10 mai, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a évoqué une possible procédure contre l’Allemagne à la suite du jugement rendu par sa cour suprême contre la BCE. 
» Se laissant le temps d'étudier en détail la décision allemande, la présidente de la Commission prévient que l'institution examinera, à l'issue de cette évaluation, “de possibles prochaines étapes, qui pourraient inclure l'option d'une procédure d'infraction”. Ursula von der Leyen avait déjà annoncé qu’elle prenait cette affaire “très au sérieux” dans une réponse écrite à une question de l'eurodéputé écologiste allemand Sven Giegold, qui a publié cette lettre sur son compte Twitter, quelques heures avant le communiqué de Bruxelles. »

L’affaire ne s’est pas arrêtée là entre les deux protagonistes, alors que certains gouvernements de pays de l’UE intervenaient : Bruno Le Maire, pour la France et pour condamner la décision des juges ; le Premier ministre polonais, eurosceptique et adversaire du centralisme bruxellois, pour approuver bien entendu sa voisine allemande, au plus mauvais des propos.

Entretemps, et très rapidement, et sans la moindre retenue, les juges eux-mêmes sont sortis de leur cadre traditionnel caractérisé par une extrême discrétion et sont intervenus dans la presse. Ils ont nettement réaffirmé la position de la Cour, parfois avec des mots assez imagés qui montrent bien la vigueur de la polémique et leur volonté de ne pas s’en laisser conter. Ainsi, lorsqu’un juge signale aux dirigeants de la BCE qu’il serait temps qu’ils réalisent qu’ils ne font pas partie des “Masters of the Universe”, selon l’expression polémique qu’on emploie pour désigner les puissances financières globalistes, de Wall Street à Bruxelles. On observera ainsi combien l’un des juges (Huber), celui qui emploie cette expression, est attentif à mettre en évidence l’absence de légitimité (démocratique et autres) des institutions européennes, par conséquent la légitimité conservée par les organismes juridiques nationaux dont lui-même fait partie. On comprendra qu’on lise dans l’emploi de ces termes une détermination qui n’est pas particulièrement, ni européiste au sens-UE ni globaliste, – dans tous cas aussitôt entendus et interprétés de la sorte, tels que les rapporte ZeroHedge.com :

« Une semaine après que la Cour Constitutionnelle allemande ait déclenché une crise en mettant en cause la légalité de l’assouplissement quantitatif de la BCE, suscitant ainsi une réaction de colère de la part de l'UE et de la BCE, les membres de la Cour ont continué à défendre leur décision remettant en question la constitutionnalité du programme de rachat d’actifs de la BCE, et affirmant que les Cours nationales ont un rôle de surveillance, même s’il est limité, sur les juges de l'Union.

» Comme le rapporte  Bloomberg, Peter Huber, qui a rédigé la décision de la semaine dernière pour la Cour Constitutionnelle allemande, a déclaré que les juges voulaient que la BCE prenne la responsabilité du programme de rachat d’actifs et l’explique aux personnes affectées négativement, comme tous ces épargnants allemands qui doivent payer leur banque pour conserver leur argent. Dans une autre interview accordée à un journal, son collègue Andreas Vosskuhle a nié que la cour suprême de l'UE ait toujours le dernier mot en matière de loi pour les régions concernées.

» “Cette décision est bonne pour l'Europe car elle renforce l’État de droit”, a déclaré Vosskuhle à Die Zeit. Les décisions des tribunaux nationaux “sont légitimes et les tribunaux sont tenus d’intervenir dans les cas rares et exceptionnels où les institutions de l’UE transgressent gravement leurs pouvoirs”.

» M. Huber a également déclaré que le tribunal allemand ne veut que la preuve que le programme d'assouplissement quantitatif de la BCE est conforme à son mandat. La banque centrale doit montrer qu’elle n’a pas outrepassé ses pouvoirs, car elle n’a pas le droit de prendre des mesures simplement parce que l’Europe est en crise : “Le message adressé à la BCE est en fait homéopathique”, a déclaré Huber mardi sur le site Internet du Sueddeutsche Zeitung. “Elle ne devrait pas se considérer comme un des ‘maître de l'univers’. Une institution comme la BCE, qui n’est que faiblement légitimée démocratiquement, n’est acceptable que si elle respecte strictement les responsabilités qui lui sont assignées”. »

Plus loin, on mesure effectivement la singularité des positions, jusqu’au même Huber remarquant que la décision de la Cour a été applaudi “par le mauvais côté” (les Polonais et les Hongrois, ennemis du centralisme bruxellois, alors que les juges se défendent absolument d’une telle hostilité, mais veulent que les institutions européennes fonctionnent à plein, mais dans le cadre qui est le leur, – un “mais” qui annule l’autre). On voit qu’il y a là un grand désordre Système-antiSystème, sur lequel nous reviendrons plus loin.  

« “Il s’agit d'un défi direct à l’autorité centrale de la [Cour Européenne de Justice], dans un contexte où la Pologne et la Hongrie sont également soumises à l’examen de la Cour pour leurs diverses infractions au principe de l’État de droit”, a déclaré Sébastien Platon, professeur de droit public à l’Université de Bordeaux. “Rejeter cela, c’est rejeter l’objectif même de cette cour”.
» Contrairement à la Pologne ou à la Hongrie, les juges allemands disent ne pas vouloir empêcher la Cour européenne de contrôler les institutions de la région... “Nous avons reçu beaucoup d’applaudissements qui venaient du mauvais côté”, a déclaré M. Huber, en référence aux commentaires du gouvernement polonais qui se félicite de la décision allemande.
» Les juges allemands acceptent le rôle de la Cour suprême de l'Union européenne et n’interviendront que dans des cas exceptionnels, a déclaré M. Huber. “Nous voulons que la Cour suprême de l'UE fasse mieux son travail”, a déclaré le juge. »

Mise au net à l’allemande

« Nous voulons que la Cour suprême de l'UE fasse mieux son travail », nous dit le juge allemand Huber. Si l’on sollicite l’image du verre à moitié plein ou à moitié vide, on peut vite traduire que le juge Huber, qui affirme que la Cour (et l’Allemagne par conséquent) ne cherche qu’à faire mieux “travailler” les institutions européennes, dit également que la Cour Constitutionnelle allemande, en toute légitimité, s’arroge le droit et l’autorité de dire aux institutions européennes quelles sont les limites dans lesquelles elles doivent “travailler” pour “travailler” mieux, ce qui implique que la Cour allemande se reconnaît le droit et l’autorité supérieures à ceux de ces institutions.

Ce n’est nullement une querelle de forme limitée à la forme mais une querelle de forme qui nous conduit sur le fond à l’essentiel. Elle est menée à l’allemande, en bon ordre et au pas cadencé, en respectant les règles, sans excès mais avec quelques piques très lisibles et significatives (“vous n’êtes pas ‘The Masters of Universe’”). Elle met au net les prérogatives et les légitimités des uns et des autres, – et l’on voit dans quel sens...

Là-dessus surgit une intervention inattendue et quelque peu explosive, – celle de George Soros, un authentique Master of the Universe, lui. Pour une fois, sa cible n’est pas à trouver dans les “fascistes” à la sauce postmoderne type-Pologne et Hongrie, mais bien avec l’Allemagne et sa Cour de Karlsruhe, – « the most highly respected institution in Germany » selon Soros. (Il s’agit l’interview présentée comme ayant été donnée au Guardian et qu’on retrouve dans  ZeroHedge.com, comme une reprise d’une  interview du 11 mai de Gregor Peter Schmitz deProject Syndicate.) Il s’agit là, dans le contexte, d’un événement tout à fait remarquable et absolkument sympathique, comme taillé sur mesure pour ajouter chaos & confusion à la confusion et au chaos régnant déjà..

Un article d’Alexandre Keller, dans Spoutnik-français du 13 mai 2020, reprend toute l’affaire de l’intervention de Soros dans le cadre général de l’intervention de la Cour de Karlsruhe, pour mieux définir la position du grand homme et s’interroger sur sa légitimité dans la circonstance. Le titre de l’article, où l’on retrouve des éléments déjà mentionnés en plus de l’intervention de Pierre-Antoine Plaquevent, spécialiste de Soros, est celui-ci : « Conflit UE-Allemagne: George Soros veut-il une “gouvernance de milliardaires contre les peuples” ? » Nous reprenons cet article ci-après.

L’auto-légitimité de Soros

 « “Je suis particulièrement préoccupé par la survie de l’UE, parce que c’est une union incomplète. Elle était en train d’être créée. Mais le processus n’a pas été accompli et cela rend l’Europe exceptionnellement vulnérable.”
» La mise en garde est de George Soros. Mais n’aurait-il pas mieux fait de rester dans l’ombre? En alertant sur le  risque de disparition de l’Union européenne dans les colonnes du Guardian le 12 mai, le milliardaire a braqué les projecteurs sur lui.
» Contacté par Sputnik, Pierre-Antoine Plaquevent, auteur de l’essai ‘Soros et la société ouverte, métapolitique du globalisme’ (Éd. Retour aux sources), évoque une nouvelle étape dans la stratégie de ce qu’il qualifie de “gouvernance globale”. “George Soros, c’est l’émergence d’un acteur politique qui se juge lui-même chargé d’une mission, même s’il n’est pas élu et si les gens se demandent d’où il sort”, explique-t-il au sujet du milliardaire qui pilote depuis son Open Society Foundation (OSF) une myriade d’ONG très actives dans le domaine politique, humanitaire, mais aussi dans celui de la fabrique de l’opinion publique via les médias.
» “C’est un acteur qui a avancé dissimulé, de façon furtive, pendant des décennies, aux yeux du grand public, et qui désormais a décidé d’émerger de plus en plus. Le problème, c’est sa légitimité à peser sur les grandes décisions, notamment dans les institutions européennes”, déplore Pierre-Antoine Plaquevent.
» De fait, dans cette longue interview au quotidien britannique, l’homme d’affaires hongrois fustige la décision du 5 mai dernier prise par la Cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe. La plus haute juridiction allemande avait alors exigé que la Banque centrale allemande cesse d’ici à trois mois d’acheter des emprunts d’État de la zone euro pour le compte de la Banque centrale européenne (BCE), sauf, ont précisé les juges, si cette dernière était bel et bien en mesure de prouver que ces rachats de titres de dette souverains étaient justifiés.
» Dans le cas contraire, la Bundesbank serait obligée, du fait même de ce jugement, de cesser son programme d’achats de titres. En clair: l’Allemagne, par la voix de ses juges constitutionnels, s’inquiète toujours autant d’avoir à financer le déficit budgétaire de ses voisins. L’Italie a ainsi accumulé une créance de l’ordre de €1 000 milliards dans le cadre des rachats de titre de dette par les Banques centrales nationales sous l’égide de la BCE.
» Pour George Soros, c’est tout simplement une catastrophe. “Le jugement [de Karlsruhe]constitue une menace qui pourrait aboutir à la destruction de l’Union européenne en tant qu’institution fondée sur le droit», a-t-il fait valoir dans le Guardian. Et de poursuivre par un raisonnement quelque peu tortueux: “Précisément parce que [ce jugement]a été rendu par la Cour constitutionnelle allemande, qui est l’institution la plus respectée en Allemagne”. Traduire: les institutions nationales historiques, pourtant beaucoup plus directement démocratiques, devraient s’incliner face au droit européen. C’est d’ailleurs le sens de la déclaration le 10 mai de la présidente de la Commission européenne, l’Allemande Ursula von der Leyen. “Nous examinons de possibles prochaines étapes allant jusqu’à une procédure pour infraction aux traités européens”, a-t-elle prévenu. Et la patronne de l’exécutif européen de faire acte d’autorité :
» “Je peux vous le garantir : la politique monétaire dans l’Union relève d’une compétence exclusive, le droit européen prévaut sur le droit national.”
» Ainsi, Ursula von der Leyen tance-t-elle la Cour Constitutionnelle allemande sans aucun mandat démocratique direct des Allemands eux-mêmes. Pas sûr que Berlin, qui – au rebours de la France – a conservé la prééminence de sa Constitution sur le droit communautaire, apprécie.
» L’épisode du coronavirus aura-t-il fini de faire tomber les masques ? À mesure que l’UE s’enfonce dans la paralysie, sa nature antidémocratique –pour ne pas dire oligarchique– apparaît. À Bruxelles, les groupes de pression ont pris le dessus sur les peuples, selon Pierre-Antoine Plaquevent.
» Comme il le pointe dans son ouvrage Soros et la société ouverte, George Soros exerce via sa fondation Open Society, ses ONG et autres think tanks affiliés, un lobbying intense auprès des institutions européennes et de leurs élites. C’est le cas du Parlement européen : le piratage de fichiers internes de l’Open Society Foundation en 2016 avait révélé l’existence d’un document de travail interne intitulé “Reliable allies in the European Parliament” (“Alliés fiables [de l’OSF]au Parlement européen”). Y étaient recensés quelque 226 des 751 députés européens susceptibles de promouvoir les valeurs mondialistes de George Soros, parmi lesquelles un monde sans frontières et une ‘société ouverte’ sans État comme ‘cadre’ de l’exercice de démocratie.
» “Le projet de Soros, c’est un mode de gestion de l’humanité par des personnalités non élues. Bill Gates est une sorte de ministre qui s’occupe de la santé sans aucun diplôme en médecine et promeut la vaccination à l’échelle planétaire, George Soros de la philanthropie en faveur des migrants. […]C’est une sorte de gouvernement qui passe par-dessus les États”, explique Pierre-Antoine Plaquevent.
» Autre preuve de l’entrisme tous azimuts de l’OSF, l’ONG European Center for Law and Justice dévoilait  une liste de juges  de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) ayant des liens avérés avec la galaxie Soros. “C’est vraiment utiliser le droit international pour le détourner et ligoter les États. Ce document sur les juges de la CEDH démontre que l’OSF met ses hommes partout”, constate-t-il. Et d’ajouter : “Tout l’enjeu, c’est de savoir quelle va être la forme de l’ordre mondial dans les années à venir.” »

AntiSystème, ruines & poussières

Les déclarations de Soros, qui sont réellement explosives, n’ont guère attiré l’attention, notamment parce qu’elles sont noyées dans le cadre d’une interview qui aborde de nombreux sujets, – Covid19, la situation aux USA avec les élections USA2020, etc. Pourtant, dans le cadre de la décision de la Cour de Karlsruhe, qui est commentée par Soros comme catastrophique, elle a une importance majeure, effectivement en mettant en évidence le rôle de Soros avec ses diverses machinations autour de l’UE et dans l’UE. L’intérêt de cette situation est bien entendu que Soros est vivement frappé par une décision majeure de la Cour de Karlsruhe, d’une Allemagne qui est normalement une alliée objective et sans faille de ses divers projets.

Or, la décision du 5 mai de la Cour de Karlsruhe, qui est parfaitement expliquée dans tous ses aspects par les invités de Castelnau (Prigent-Cochard), nous place devant cette alternative absolument diabolique pour le  diable-Soros, selon ce qu’il en sortira, selon que cette décision sera repoussée ou acceptée : « En résumé, soit l’Allemagne sort de l’euro[si la décision du 5 mai est rejetée],soit l’Allemagne reste car elle aura eu gain de cause avec la BCE. Mais dans ce cas la France et l’Italie doivent, elles, sortir [de l’euro]pour reprendre le contrôle de leur banque centrale afin de rendre leur dette soutenable. Cette opposition frontale est irréductible. Dans ce contexte, la meilleure solution collective serait une planification concertée du démantèlement de la zone euro.
» Mais, comme l’a théorisé Hegel, l’Histoire est avant tout tragique. »

... “Tragique” certes, mais aussi un peu tragique-bouffe. C’est une situation bouffonne, après tout, que de voir Soros s’élever contre « the most highly respected institution in Germany », – quelque chose qui s’est toujours trouvée à ses côtés, pour le même combat, et qui soudain tient dans la situation la place d’un Salvini ou d’un Orban ! En effet, ceci est remarquable dans le tourbillon crisique du 5 mai que nous avons décrit : il n’y a aucun des usual suspects ; aucun populiste, aucun pro-russe déguisé en “lutin des légendes scandinaves” (nommé troll), aucun extrémiste de droite/anti-migrant, aucun gouvernement avec la Liga ni même de simulacre-Syriza, aucun comploteur d’un exit hors de l’UE.

Ainsi Covid19, – puisqu’au départ, dans les écroulements budgétaires divers, il y a bien entendu et évidemment Covid19, – poursuit-il sa mission de déstructuration, en brouillant les pistes avec une incroyable maestria.

Dans ce ballet furieux, vous ne distinguez plus où se situent le Système, les intérêts du Système, l’objectif du Système, l’hybris du Système, et vous en venez à conclure que la somme de toutes ces incertitudes où s’entrechoquent des magistrats de la démocratie européiste exemplaire, des dirigeants institutionnels de l’UE, des “Masters of the Universe”, finit par produire un tohu-bohu et un chaos nécessairement antiSystème. En effet, tous ils participent à ces agitations qui dérangent l’ordre imposé par le système et nécessaire au Système. C’est cela que nous entendons lorsque nous écrivons (lorsque  PhG écrit) « Pour dire autrement, désormais tout le monde est ou sera antiSystème...[...] Effectivement, tout le monde devient antiSystème et chacun se dit être antiSystème dans ce chaos puisque le Système dans son propre désordre devient ruines & poussières. »

Nous ne sommes pas là pour vous dire qui l’emportera, des juges de la Cour de Karlsruhe, de madame la Présidente de la Commission, du complotiste diabolique de la “Société Ouverte”. Eux-mêmes ne savent plus qui ils sont, ce qu’ils font, et pourquoi ils font ce qu’ils font ; même le Système leur semble parfois antiSystème.