CORRELATS
- en A) ......<<<<<<<<<<<<<<<<<<< Le langage humain est un dispositif complexe qui assure à la fois des fonctions de communication et des fonctions de représentation. Le langage est spécifique de l’espèce humaine. Comprendre les mécanismes qui en sous-tendent le développement, c’est jeter une lumière cruciale sur les capacités humaines.
- ROBERT REDEKER ... «L'EDUCATION NATIONALE s'applique à effacer la civilisation française ....'La loi sur la discrimination linguistique dissout la langue française».
- la VIE de l'ESPRIT ....de l'organisme ... corps-esprit-âme....
- de la .... VIE HUMAINE ..... nature et culture ...
- en AN) .... <<<<<<<<<<<<<<<<<<< faire de la langue maternelle une langue à soi, une langue étrangère à celle de la mère : triomphe de la transmission qui se mue en créativité. Autant dire que la « suffisamment bonne mère » est celle qui n’aime personne sinon …la transmission précisément de la langue maternelle, pour qu’elle devienne l’espace d’une pensée.
- AN) ......Michael TOMASELLO "Seul l'homme a la capacité de partager son attention" ou " NOUS .PARLONS DONC NOUS ( ...avons la possibilité de ...) COOPERONS"; ... . >>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>
- AN) .... ... INter – rÂdiations …..... en passant....... lignes de front / nos ENtre-fronts ... >>>>>>>>>>>>>>
- GUERRE(s) ... des CULTURE(s) ...des CIVILISATION(s)...guerre(s) des " WAY OF LIVE" ...des VISIONS DU MONDE... EXISTentielle(s)
- DEMOCRATIE et COMMUNICATION ....à la PENSEE CON-FORME
- en AJ) ....« Ce n’est plus moi qui vit en moi c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20) >>>>>>>>>>>>>>>
EXTRAITS
- 8)... «Bullshit», «top down», «back-up» : les anglicismes envahissent les sphères macronistes. Le langage de l'entreprise utilisé par Emmanuel Macron depuis sa campagne présidentielle s'installe dans la vie publique.
- 7)... D'où vient l'expression «si tu n'existais pas, il faudrait t'inventer» ? L'expression s'entend souvent pour faire part de la candeur, de la bonté ou de l'importance d'un individu. Mais d'où vient cette étrange formule ? Claude Duneton (1935-2012) avait mené l'enquête dans une chronique. Un article qui l'amena jusqu'à un certain Voltaire...
- 6) ... Communiquer par l'art, le geste et la parole. La beauté a une facette objective – l'harmonie des proportions – mais elle est tout autant subjective – c'est alors le sentiment esthétique.
- 5) .... Bock-Côté : «La France fait un pas de plus vers multiculturalisme à la canadienne» ...Nouveau régime marqué par un politiquement correct tatillon qui, selon lui, imposerait une police du langage et de la pensée..
- 4) ... «Mamie Cristina», la dernière locutrice de la langue yagan. Déclarée «trésor humain vivant» par l'Unesco en 2009, Cristina Calderon, aujourd'hui âgée de 88 ans, est la dernière représentante d'un peuple indigène de la terre de Feu chilienne à parler couramment la langue de ses ancêtres.
- 3) ... La pollution sonore envahit les pars naturels américains. La pollution sonore provoquée par l'homme entraîne des effets en cascade pour l'ensemble des écosystèmes.
- 2) ... Le bruit des hommes affaiblit les bêtes. La pollution sonore empêche les animaux de communiquer entre eux, mais altère aussi leur santé.
- 1) ... Jack Lang veut faire de l'arabe l'équivalent de l'anglais ! À l’occasion de la fête de la langue arabe, organisée à l’IMA – Institut du monde arabe –, son président, Jack Lang – dont la carrière ressemble à un placement fructueux et sans risque ! –, vient encore de démontrer sa parfaite capacité à aller dans le sens du vent socialiste en déclarant, dans un entretien à Libération, que « la langue arabe doit être traitée comme l’anglais [car] c’est la quatrième langue la plus parlée au monde, la sixième officielle des Nations Unies, la cinquième en France. Nous sommes dans un pays où la langue arabe devrait être reine. »
- 0) ....En Inde, une fillette sauvage découverte au sein d'un groupe de singes.
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«Bullshit», «top down», «back-up» : les anglicismes envahissent les sphères macronistes
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Le langage de l'entreprise utilisé par Emmanuel Macron depuis sa campagne présidentielle s'installe dans la vie publique.
Séance «team building» dans la majorité. Avec l'élection d'Emmanuel Macron, le langage de l'entreprise s'est installé à tous les échelons de la vie publique. À commencer par son parti La République en marche, réuni en séminaire lundi et mardi autour de différents ateliers de «coworking». Mais le mouvement du président n'est pas le seul à verser dans les anglicismes.
Au gouvernement par exemple, «on ne fonctionne plus en silo, l'idée c'est d'être beaucoup plus transverse». Les cabinets ont peut-être été «sous-staffés» mais il y a des «back-up» pour tous les postes. Avec le terrain, ce qui compte c'est le «bottom-up» mais pour ce qui est d'appliquer le programme du président, c'est «top down». À tous les niveaux de l'État, on met en place des «process» pour «délivrer» du résultat. Parfois, il faut partir «from draft». Souvent, il faut démentir les critiques de l'opposition qui «bullshit»
Les mots sont lâchés le plus naturellement du monde, au détour d'une conversation, voire lors de conférences de presse qui gagneraient à être rebaptisées «masterclass». Ils ne sont pas apparus avec l'installation d'Emmanuel Macron à l'Élysée. Déjà, pendant la campagne présidentielle, les anglicismes inondaient le langage chez les «helpers» d'En marche! dans les espaces de «coworking». Et même avant cela, quand le monde politique s'interrogeait encore sur ses ambitions, Emmanuel Macron avait éludé une question sur le sujet en recourant à l'une des phrases clés de la culture managériale: «sky is the limit».
«Ce vocabulaire traduit un imaginaire et une sociologie. La catégorie qui soutient encore le plus Emmanuel Macron est celle des cadres supérieurs. On est dans l'univers des managers, de ceux qui dirigent, qui sont dans l'idéologie de l'efficacité et de la communication», explique le sondeur Jérôme Sainte-Marie. Pas forcément le meilleur moyen pour s'adresser à une fonction publique encore largement hermétique aux mots et méthodes de l'entreprise. C'est l'enjeu pourtant. Peut-être Emmanuel Macron devrait-il songer à l'expliquer en organisant une «keynote».
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D'où vient l'expression «si tu n'existais pas, il faudrait t'inventer» ?
L'expression s'entend souvent pour faire part de la candeur, de la bonté ou de l'importance d'un individu. Mais d'où vient cette étrange formule ? Claude Duneton (1935-2012) avait mené l'enquête dans une chronique. Un article qui l'amena jusqu'à un certain Voltaire...
Une façon goguenarde de parler d'un individu au comportement bizarre, qui se fait remarquer par quelque excès de gaîté, d'avarice, de crédulité, de gentillesse même est de dire: «S'il n'existait pas, lui, il faudrait l'inventer!»...
Cette tournure burlesque a pris naissance dans les toutes premières années du siècle dernier le XXe! Elle est la parodie d'un vers de Voltaire devenu célèbre durant les débats passionnés qui secouèrent notre pays en 1904, au moment de la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Divorce institutionnel qui fit de la France la première nation laïque au monde: «Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer.»
Un détournement de la Belle Époque
L'alexandrin n'avait d'ailleurs pas été conçu comme une boutade par le philosophe de Ferney, théiste convaincu, zélateur de l'Être suprême et qui détestait les athées. En 1770, lors de la parution du livre d'Holbach, Le Système de la nature, ouvrage entièrement matérialiste qui scandalisa l'Europe, Voltaire s'indigna. Il écrivait à Saurin: «Ce maudit livre est un péché contre nature. Je vous sais bien bon gré d'aimer ce vers: «Si Dieu n'existait pas il faudrait l'inventer.» Je suis rarement content de mes vers, mais j'avoue que j'ai une tendresse particulière pour celui-là.»
Au reste, il faut qu'il y ait quelque profondeur dans cette pensée de Voltaire, puisque les hommes ne chassent jamais un dieu de leur esprit que pour s'en inventer un autre!... Toujours est-il que les gouailleurs de la Belle Époque détournèrent l'alexandrin brusquement mis en vedette, pour l'adapter, par effet comique, à des énergumènes.
Un subtil observateur du langage familier, René Benjamin, relevait la blague à chaud en 1914 dans son Palais de Justice: «Avec volubilité, il le redit vingt fois, l'explique trente et, renversant son buste, il a l'air d'offrir sa barbe à la déesse de l'Amitié. Celui-là, remarque quelqu'un, s'il n'existait pas il faudrait l'inventer!»
Retrouvez les chroniques de Claude Duneton (1935-2012) chaque semaine. Écrivain, comédien et grand défenseur de la langue française, il tenait avec gourmandise la rubrique Le plaisir des mots dans les pages du Figaro Littéraire.
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Communiquer par l'art, le geste et la parole
<<<<<<<<<<<<Cerveau&Psycho<<<<<<<<<<
La beauté a une facette objective – l'harmonie des proportions – mais elle est tout autant subjective – c'est alors le sentiment esthétique. Selon Platon, le Beau, le Vrai et le Bien sont indissociables. Kant s'opposera à Platon en soutenant que le Beau est un produit de notre imagination, que l'idée de beau repose sur les facultés de chacun et que ce n'est pas un concept transcendant. À l'harmonie objective des proportions se substitue l'harmonie subjective, l'imagination jouant librement avec la raison pour devenir le sentiment du beau. Même si l'on trouve chez Platon des considérations qui relèvent de l'esthétique, le terme ne sera forgé qu'au xviiie siècle par le philosophe allemand Alexander Baumgarten. Ce dernier mettra au jour la dimension cognitive du beau, et concevra l'esthétique comme une science qui relierait le beau, l'art et l'expérience sensible : une poétique universelle.
Ainsi, la sensibilité, les sentiments, les émotions colorent notre perception du beau. Les neuroscientifiques fournissent un nouvel élément aux tenants de la beauté subjective : ils constatent qu'une aire du circuit cérébral de la récompense – responsable du plaisir et de la dépendance aux drogues – s'active lorsque nous observons un tableau, une scène ou un visage que nous trouvons beau. Le sens du beau serait niché au cœur du cerveau (voir le Dossier : Neurosciences et esthétique, page 52).
L'art est un moyen de communiquer ses émotions et d'en susciter chez autrui. Communiquer c'est aussi transmettre des informations, des idées, des impressions, des symboles, etc. Les phrases et les mots sont un reflet des représentations mentales, des états de l'âme, des idées. Aussi communique-t-on par les mots, mais, selon l'information à transmettre, les modes d'expression changent. Les mots servent à l'information « objective », mais si l'information est « subjective », les gestes ou les expressions faciales suffisent à l'interlocuteur pour percevoir l'état d'esprit d'autrui. La panoplie des outils de communication de l'homme est riche. Et cela, dès la naissance : les neurobiologistes et les psychologues montrent que le nouveau-né s'exprime par le biais du babillage. Par les sons qu'il émet et par ses jeux de physionomie, le bébé indique la faim qui le tenaille, une douleur, un manque de sommeil (voir Le point sur : Les prémices de la parole, page 36).
Outre le babillage, les tout-petits utilisent aussi le geste pour indiquer ce qu'ils ne savent pas encore formuler. Ils montrent du doigt le jouet ou le gâteau qu'ils souhaitent obtenir. Or les éthologues découvrent que les grands singes communiquent par le geste, en indiquant à un autre singe la zone corporelle où ils voudraient être épouillés ou en lui tapant sur l'épaule pour l'inviter à jouer. Qui plus est, les aires impliquées dans la communication gestuelle chez le singe sont localisées dans une zone homologue des aires du langage chez l'homme (voir Aux origines du langage, page 84). Les aires de la gestuelle chez les grands singes se seraient-elles transformées au fil de l'évolution en aires du langage ? Et l'on s'interroge : le cerveau des hommes politiques ou des Italiens, qui accompagnent leurs discours d'une gestuelle parfois étourdissante, aurait-il conservé l'aire de la gestuelle de nos ancêtres ?
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Bock-Côté : «La France fait un pas de plus vers multiculturalisme à la canadienne»
Par Alexandre Devecchio
Publié le 30/07/2017 à 19h21
ENTRETIEN - Mathieu Bock-Côté voit dans un amendement adopté mardi dernier par l'Assemblée une étape supplémentaire vers un multiculturalisme d'inspiration nord-américaine funeste pour la liberté d'expression. Il nous met en garde contre une « dérive orwellienne » qu'il constate déjà dans son propre pays.
C'est le plus Français des intellectuels québécois. Mathieu Bock-Côté scrute avec un mélange d'admiration et de crainte notre pays. Et s'interroge sur son devenir. La France va-t-elle conserver sa culture du débat? Rester la patrie des paroles et des idées dissidentes? Ou va-t-elle se soumettre à ce que le sociologue appelle le «nouveau régime diversitaire». Nouveau régime marqué par un politiquement correct tatillon qui, selon lui, imposerait une police du langage et de la pensée.
LE FIGARO - Les députés LREM ont voté un amendement à l'article 1 du projet de loi de moralisation de la vie politique prévoyant une «peine complémentaire obligatoire d'inéligibilité» en cas de manquement à la probité. La probité impliquerait «les faits de discrimination, injure ou diffamation publique, provocation à la haine raciale, sexiste ou à raison de l'orientation sexuelle» précise l'amendement. Que cela vous inspire-t-il?
Mathieu BOCK-CÔTÉ - Vous me permettrez et me pardonnerez d'être franc: j'en suis effaré. Et je pèse mes mots. Évidemment, tout le monde s'entend pour condamner le racisme, le sexisme ou l'homophobie. J'ajouterais que nos sociétés sont particulièrement tolérantes et ont beaucoup moins de choses à se reprocher qu'on veut bien le croire. Mais le problème apparait rapidement: c'est celui de la définition. À quoi réfèrent ces concepts? Nous sommes devant une tentative peut-être sans précédent d'exclure non seulement du champ de la légitimité politique, mais même de la simple légalité, des discours et des idées entrant en contradiction avec l'idéologie dominante. Il faut inscrire cet amendement dans un contexte plus large pour comprendre sa signification: nous sommes devant une offensive idéologique bien plus brutale qu'il n'y paraît.
Prenons l'exemple du racisme. On a vu à quel point, depuis quelques années, on a amalgamé le racisme et la défense de la nation. Pour la gauche diversitaire et ceux qui se soumettent à ses prescriptions idéologiques, un patriotisme historique et enraciné n'était rien d'autre qu'une forme de racisme maquillé et sophistiqué. Ceux qui voulaient contenir l'immigration massive étaient accusés de racisme. Ceux qui affirmaient qu'il y avait un lien entre l'immigration et l'insécurité étaient aussi accusés de racisme. De même pour ceux qui confessaient l'angoisse d'une dissolution de la patrie. Cette assimilation du souci de l'identité nationale à une forme de racisme est une des tendances lourdes de l'histoire idéologique des dernières décennies. On l'aura compris, on accuse de racisme ceux qui ne se plient pas à l'idéologie diversitaire. Quelle sort sera réservé à ceux qui avouent, de manière articulée ou maladroite, de telles inquiétudes?
Prenons l'exemple du débat sur le mariage pour tous aussi. Il ne s'agit pas de revenir sur le fond du débat mais sur la manière dont il a été mené. Pour une partie importante des partisans du mariage homosexuel, ceux qui s'y opposaient, fondamentalement, étaient homophobes. Ils n'imaginaient pas d'autres motifs à leur engagement. Comme toujours, chez les progressistes, il y a les intolérants et les vertueux. Deux philosophies ne s'affrontaient pas: il y a avait d'un côté l'ombre, et de l'autre la lumière. Doit-on comprendre que dans l'esprit de nos nouveaux croisés de la vertu idéologique, ceux qui ont défilé avec la Manif pour tous devraient être frappés d'inéligibilité? Posons la question autrement: faudra-t-il simplement proscrire juridiquement le conservatisme moral et social de la vie politique?
Prenons aussi le cas de la théorie du genre et de ses dérivés, comme l'idéologie transgenre, qui prétend abolir la référence au masculin et au féminin dans la vie publique, et qui émerge un peu partout dans le monde occidental. C'est pour plier à ses injonctions, par exemple, que le métro de Londres cessera de dire Ladies and Gentleman pour se tourner vers un fade «hello everyone». Celui qui s'oppose frontalement - ou même subtilement - à cette idéologie peut être accusé à n'importe que moment de sexisme ou de transphobie, comme c'est déjà le cas en Amérique du nord. Faudra-t-il aussi interdire la vie politique à ceux qui en seront un jour reconnus coupables? Faudra-t-il criminaliser tôt ou tard ceux qui continuent de croire que la nature humaine est sexuée?
Ce n'est pas d'hier qu'on assiste à une pathologisation du conservatisme, réduit à une série de phobies ou de passions mauvaises. Il est depuis longtemps frappé d'un soupçon d'illégitimité. Il y a une forme de fondamentalisme de la modernité qui ne tolère pas tout ce qui relève de l'imaginaire de la finitude et de l'altérité. Ce n'est pas d'hier non plus qu'on assiste à sa diabolisation: on le présente comme une force régressive contenant le mouvement naturel de la modernité vers l'émancipation. D'une certaine manière, maintenant, on entend le pénaliser. On l'exclura pour de bon de la cité. C'est une forme d'ostracisme postmoderne. Disons l'essentiel: cet amendement crée un climat d'intimidation idéologique grave, il marque une étape de plus dans l'étouffement idéologique du débat public. Et ne doutons pas du zèle des lobbies victimaires qui patrouillent l'espace public pour distribuer des contraventions idéologiques. On me dira que l'amendement ne va pas jusque-là: je répondrai qu'il va dans cette direction.
À mon avis, derrière cet amendement, il y a la grande peur idéologique des progressistes ces dernières années. Ils croyaient avoir perdu la bataille des idées. Ils croyaient la France submergée par une vague conservatrice réactionnaire qu'ils assimilaient justement à une montée du racisme, de la xénophobie, du sexisme et de l'homophobie. Ils se sont dit: plus jamais ça. Ils veulent reprendre le contrôle du débat public en traduisant dans le langage de l'intolérance la philosophie qui contredit la leur. Il s'agit désormais de verrouiller juridiquement l'espace public contre les mal-pensants.
LE FIGARO. - En France, le racisme n'est pas une opinion, mais un délit...
Mathieu BOCK-COTÉ. - Ce qu'il faut savoir, c'est que la sociologie antiraciste ne cesse d'étendre sa définition du racisme. Elle instrumentalise le concept noble de l'antiracisme à des fins qui ne le sont pas.
J'en donne deux exemples.
Pour elle, ou du moins, ceux qui s'opposent à la discrimination positive se rendraient coupables, sans nécessairement s'en rendre compte, de racisme universaliste, qui écraserait la différence et la diversité. Traduisons: le républicanisme est raciste sans le savoir, et ceux qui la soutiennent endossent, sans nécessairement s'en rendre compte, toutefois, un système raciste. Ils participeraient à la perpétuation d'une forme de racisme systémique.
Inversement, ceux qui soutiendraient qu'une communauté culturelle ou une religion particulière s'intègre moins bien que d'autres à la nation seront accusés de racisme différentialiste car ils essentialiseraient ainsi les communautés et hiérarchiseraient implicitement ou explicitement entre les différentes cultures et civilisation. Ainsi, une analyse sur la question ne sera pas jugée selon sa pertinence, mais disqualifiée parce qu'elle est à l'avance assimilée au racisme.
Je note, soit dit en passant, que les seuls militants décomplexés en faveur de la ségrégation raciale se retrouvent dans l'extrême-gauche anticoloniale, qui la réhabilite dans sa défense des espaces non-mixtes, comme si elle devenait légitime lorsqu'elle concerne les minorités victimaires. Mais ce racisme, apparemment, est respectable et trouve à gauche ses défenseurs militants …
Nous avons assisté, en quelques décennies, à une extension exceptionnelle du domaine du racisme: il faut le faire refluer et cesser les amalgames. En gros, soit vous êtes favorable au multiculturalisme dans une de ses variantes, soit vous êtes raciste. Multiculturalisme ou barbarie? On nous permettra de refuser cette alternative. Et de la refuser vigoureusement.
Il y a aujourd'hui une tâche d'hygiène mentale: il faut définir tous ces mots qui occupent une place immense dans la vie publique et surtout, savoir résister à ceux qui les utilisent pour faire régner un nouvel ordre moral dont ils se veulent les gardiens passionnés et policiers. Il faut se méfier de ceux qui traquent les arrière-pensées et qui surtout, rêvent de vous inculper pour crime-pensée.
LE FIGARO. - Cela rappelle-t-il le politiquement correct nord-américain? En quoi?
Mathieu BOCK-COTÉ. - Le politiquement correct n'est plus une spécificité nord-américaine depuis longtemps. Mais pour peu qu'on le définisse comme un dispositif inhibiteur qui sert à proscrire socialement la critique de l'idéologie diversitaire, on constatera qu'il s'impose à la manière d'un nouvel ordre moral, et qu'on trouve à son service bien des fanatiques. Ils se comportent comme des policiers du langage: ils traquent les mots qui témoigneraient d'une persistance de l'ancien monde, d'avant la révélation diversitaire. Ceux qui n'embrassent pas l'idéologie diversitaire doivent savoir qu'il y aura un fort prix à payer pour entrer en dissidence. On les traitera comme des proscrits, comme des parias. On leur collera une sale étiquette dont ils ne pourront plus se départir. Populiste, réactionnaire, extrême-droite: les termes sont nombreux pour désigner à la vindicte publique une personnalité insoumise au nouvel ordre moral. Dès lors, celui qui se présente dans la vie publique avec cette étiquette est disqualifié à l'avance: il s'agit d'une mise en garde adressée à l'ensemble de ses concitoyens pour leur rappeler de se méfier ce se personnage. C'est un infréquentable: on ne l'invitera, à la rigueur, que pour servir de repoussoir. On lui donnera la parole peut-être mais ce sera pour dire qu'il dissimule ses vraies pensées en multipliant les ruses de langage. Alors nos contemporains se taisent. Ils comprennent que s'ils veulent faire carrière dans l'université, dans les médias ou en politique, ils ont intérêt à se taire et à faire les bonnes prières publiques et à ne pas aborder certaines questions. La diversité est une richesse, et ceux qui bémoliseront cette affirmation n'auront tout simplement plus droit de cité. En France, le politiquement correct a pour fonction de disqualifier moralement ceux qui ne célèbrent pas globalement ce qu'on pourrait appeler la société néo-soixante huitarde. Avec cet amendement, le pays fait un pas de plus vers le politiquement correct en le codifiant juridiquement, ou si on préfère, en le judiciarisant: désormais, il modèlera explicitement le droit.
La liberté d'expression est pourtant un droit sacré aux États-Unis protégé par la constitution? Qu'en est-il au Canada?
Mathieu BOCK-COTÉ. - Nous sommes à front renversé. Pour le dire rapidement, la liberté d'expression est juridiquement bien balisée chez nous mais la vie publique est écrasée par une forme de consensus idéologique diversitaire qui rend impossible des débats semblables à ceux qu'on trouve en France. Autrement dit, le contrôle de la parole dissidente s'exerce chez nous moins par le droit que par le contrôle social. Un politicien qui, clairement, s'opposerait au multiculturalisme, par ailleurs inscrit dans la constitution canadienne, verrait sa carrière exploser. On a le droit de dire bien des choses, mais personne ne dit rien - il faut néanmoins tenir compte de l'exception québécoise, où la parole publique est plus libre, du moins en ce qui concerne la question identitaire. Je note, cela dit, que ces dernières années, on a assisté à des tentatives pour judiciariser le politiquement correct. Inversement, en France, la liberté d'expression est soumise à mille contraintes qui me semblent insensées mais la culture du débat demeure vive, ce qui n'est pas surprenant dans la mesure où elle est inscrite dans l'histoire du pays et dans la psychologie collective.
Comment ce «politiquement correct» est-il né? Quels sont les conséquences sur le débat public?
Mathieu BOCK-COTÉ. - C'est un des résultats de la mutation de la gauche radicale engagée dans la suite des Radical Sixties. Il s'institutionnalisera vraiment dans les années 1980, dans l'université américaine. On connait l'histoire de la conversion de la gauche radicale, passée du socialisme au multiculturalisme et des enjeux économiques aux enjeux sociétaux. La lutte des classes s'effaçait devant la guerre culturelle, et la bataille pour la maîtrise du langage deviendra vitale, ce qui n'est pas surprenant pour peu qu'on se souvienne des réflexions d'Orwell sur la novlangue. Celui qui maîtrise le langage maîtrisera la conscience collective et certains sentiments deviendront tout simplement inexprimables à force d'être censurés.
Mais revenons à l'histoire du politiquement correct: dans les universités nord-américaines, on a voulu s'ouvrir aux paroles minoritaires, ce qui impliquait, dans l'esprit de la gauche radicale, de déboulonner les grandes figures de la civilisation occidentale, rassemblées dans la détestable catégorie des hommes blancs morts. Autrement dit, la culture n'était plus la culture, mais un savoir assurant l'hégémonie des dominants sur les dominés: on a voulu constituer des contre-savoirs idéologiques propre aux groupes dominés ou marginalisés. C'est une logique bien bourdieusienne. Les humanités ont été le terrain inaugural de cette bataille. Ce serait maintenant le tour historique des minorités (et plus exactement, de ceux qui prétendent parler en leur nom, cette nuance est essentielle) et ce sont elles qui devraient définir, à partir de leur ressenti, les frontières du dicible dans la vie publique. Ce sont elles qui devraient définir ce qu'elles perçoivent comme du «racisme», du «sexisme», de «l'homophobie». Et on devrait tous se soumettre à cette nouvelle morale. On invite même le «majoritaire» à se taire au nom de la décence élémentaire. On demeure ici dans la logique du postmarxisme: les nouvelles minorités identitaires sorties des marges de la civilisation occidentales sont censées incarner un nouveau sujet révolutionnaire diversifié.
Mais on a oublié qu'il peut y avoir un intégrisme victimaire et un fanatisme minoritaire, qui a versé dans la haine décomplexée de l'homme blanc, jugé salaud universel de l'histoire du monde. La société occidentale est soumise à un procès idéologique qui jamais, ne s'arrête. Je vous le disais tout juste: ces notions ne cessent de s'étendre et tout ce qui relève de la société d'avant la révélation diversitaire finira dans les déchets du monde d'hier, dont il ne doit plus rester de traces. Et il est de plus en plus difficile de tenir tête à ce délire. À tout le moins, cela exigera beaucoup de courage civique.
Et en ce moment, l'université nord-américaine, qui demeure la fabrique institutionnelle du politiquement correct, est rendue très loin dans ce délire: on connait le concept de l'appropriation culturelle qui consiste à proscrire les croisements culturels dans la mesure où ils permettraient à l'homme blanc de piller les symboles culturels des minorités-victimes. On chantait hier le métissage, on vante désormais l'intégrité ethnique des minorités victimaires. On veut aussi y multiplier les safe spaces, qui permettent aux minorités victimaires de transformer l'université en un espace imperméabilisé contre les discours qui entrent en contradiction avec leur vision du monde. C'est sur cette base que des lobbies prétendant justement représenter les minorités-victimes en ont appelé, à plusieurs reprises, à censurer tel discours ou tel événement. Pour ces lobbies, la liberté d'expression ne mérite pas trop d'éloges car elle serait instrumentalisée au service des forces sociales dominantes. Ils n'y reconnaissent aucune valeur en soi et croient nécessaire de transgresser les exigences de la civilité libérale, qui permettaient à différentes perspectives de s'affronter pacifiquement à travers le débat démocratique. Ces lobbies sont animés par une logique de guerre civile.
Ce qui est terrible, c'est que la logique du politiquement correct contamine l'ensemble du débat public. Elle vient de l'extrême-gauche mais en vient à redéfinir plus globalement les termes du débat politique. Tous en viennent à se soumettre peu à peu à ses exigences. Le politiquement correct entraine un appauvrissement effrayant de la vie intellectuelle et politique. Les thèmes interdits se multiplient: la démocratie se vide des enjeux essentiels qui devraient être soumis à la souveraineté populaire dans la mesure où on ne veut voir derrière elle que la tyrannie de la majorité. On psychiatrise de grands pans de la population en l'accusant de mille phobies. On présente le peuple comme une masse intoxiquée par de vilains préjugés et stéréotypes: il faudrait conséquemment le rééduquer pour le purger de la part du vieux monde qui agirait encore en lui.
On trouve de plus en plus de spécialistes du procès idéologique. Ils patrouillent l'espace public à la recherche de dérapages - ce terme est parlant dans la mesure où il nous dit que la délibération publique doit se faire dans un couloir bien balisé et qu'il n'est pas permis d'en sortir.
J'ajouterais une chose: les gardiens du politiquement correct ne se contentent pas d'un ralliement modéré aux thèses qu'ils avancent: ils exigent de l'enthousiasme. Il faut manifester de manière ostentatoire son adhésion au nouveau régime diversitaire en parlant son langage. Bien des journalistes militants se posent aussi en inquisiteur: ils veulent faire avouer aux hommes politiques ou aux intellectuels leurs mauvaises pensées. Ils les testent sur le sujet du jour en cherchant la faute, en voulant provoquer la déclaration qui fera scandale. Ils veulent prouver qu'au fond d'eux-mêmes, ce sont d'horribles réactionnaires.
LE FIGARO. - Est-il le corollaire du multiculturalisme?
Mathieu BOCK-COTÉ. - Le multiculturalisme est traversé par une forte tentation autoritaire - pour ne pas dire plus. Il est contesté - plus personne ne croit sérieusement qu'il dispose d'une adhésion populaire. Il doit alors faire taire ses contradicteurs. Il le fait en les diabolisant. Ceux qui rapportent les mauvaises nouvelles à son sujet sont accusés de propager la haine. Une information qui ne corrobore pas les récits lénifiants sur le vivre-ensemble sera traitée au mieux comme un fait divers ne méritant pas une attention significative, au pire comme un fait indésirable qui révélerait surtout la psychologie régressive de celui qui en témoigne. D'ailleurs, on le voit avec les poursuites à répétition contre Éric Zemmour: on pensera ce qu'on voudra de ses idées, mais ce qui est certain, c'est qu'il est poursuivi pour ce qu'on appellera des crimes idéologiques. Il ne voit pas le monde comme on voudrait qu'il le voit alors on travaille fort à le faire tomber. Et on se dit qu'une fois qu'on sera débarrassé de ce personnage, plus personne ne viendra troubler la description idyllique de la société diversitaire. On veut faire un exemple avec lui. Je note par ailleurs que Zemmour n'est pas seul dans cette situation: Georges Bensoussan et Pascal Bruckner ont aussi goûté aux charmes de la persécution juridique. J'en oublie. Il s'agissait d'odieux procès.
Mais on peut aussi vouloir aller plus loin. Au Québec, en 2008, une universitaire bien en vue proposait au gouvernement de donner à certaines autorités devant réguler la vie médiatique le pouvoir de suspendre pour un temps la publication de journaux proposant une représentation négative de la diversité.
Tout cela pour dire que le multiculturalisme, pour se maintenir, doit diaboliser et maintenant pénaliser ceux qui en font le procès.
Mais il faut voir que le multiculturalisme ne fait pas bon ménage avec la liberté d'expression, dans la mesure où la cohabitation entre différentes communautés présuppose une forme de censure généralisée où chacun s'interdit de juger des traditions et coutumes des autres. On appelle cela le vivre-ensemble: c'est une fraude grossière. On le voit quand certaines communautés veulent faire inscrire dans le droit leur conception du blasphème ou du moins, quand elles veulent obliger l'ensemble de la société à respecter leurs interdits moraux, comme on a pu le voir dans l'affaire des caricatures. Je dis certaines communautés: il faudrait parler, plus exactement, des radicaux qui prennent en otage une communauté en prétendant parler en son nom.
Le génie propre de la modernité, c'est le droit d'examiner et de remettre en question n'importe quelle croyance, sans avoir à se soumettre à ses gardiens qui voudraient nous obliger à la respecter. Ce sont les croyants qui doivent accepter que des gens ne croient pas la même chose qu'eux et se donnent le droit de moquer leurs convictions les plus profondes, sans que cette querelle ne dégénère dans la violence. On nous demande de respecter la sensibilité des uns et des autres, comme s'il existait un droit de ne pas être vexé et un droit de veto accordé à chaque communauté pour qu'elle puisse définir la manière dont on se la représente.
LE FIGARO. - Ce type de disposition peut-il être également utilisé par les islamistes pour interdire toute critique de l'islam?
Mathieu BOCK-COTÉ. - Naturellement. C'est tout le sens de la querelle de l'islamophobie: il s'agit de transformer en pathologie haineuse et socialement toxique la simple critique d'une religion ou le simple constat de sa très difficile inscription dans les paramètres politiques et culturels de la civilisation occidentale.
Les islamistes excellent dans le retournement de la logique des droits de l'homme contre le monde occidental pour faire avancer des revendications ethnoreligieuses. De la même manière, ils sauront user de ces nouvelles dispositions pour présenter comme autant de propos haineux les discours qui cherchent à contenir et refouler leur influence, notamment en critiquant la stratégie de l'exhibitionnisme identitaire fondée en bonne partie sur la promotion du voile islamique dans l'espace public. On cherchera à faire passer toute critique un tant soit peu musclée de l'islamisme pour une forme de haine raciale ou religieuse méritant sanction juridique et politique. Soit dit en passant, en 2015-2016, le Québec est passé bien près d'adopter une loi qui aurait entrainé une pénalisation de la critique des religions en général et de l'islam en particulier. Elle était portée par une institution paragouvernementale officiellement vouée à la défense et la promotion des droits de la personne. On voit à quel point aujourd'hui, cette mouvance s'est retournée contre les idéaux qu'elle prétend servir.
Mais l'islamisme n'est pas l'islam, me direz-vous? C'est vrai. Mais il devrait être permis de critiquer aussi l'islam, à la fois dans son noyau théologique et dans ses différentes variétés culturelles, tout comme il est possible de critiquer n'importe quelle autre religion. À ce que j'en sais, la critique abrasive, la moquerie, l'humour, la polémique, appartiennent aussi au registre de la liberté d'expression en démocratie libérale. Il est à craindre que dans une société de plus en plus patrouillée médiatiquement par la bien-pensance progressiste, la critique de l'islam devienne tout simplement inimaginable.
On en revient à l'essentiel: la restauration de la démocratie libérale passe aujourd'hui par la restauration d'une liberté d'expression maximale, qui ne serait plus tenue sous la tutelle et la surveillance des lobbies qui participent à l'univers du politiquement correct. L'amendement dont nous parlons propose exactement le contraire. C'est très inquiétant.
Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 31/07/2017.
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«Mamie Cristina», la dernière locutrice de la langue yagan
Le 18 mai 2017 <<<<<<<<<<<<<<<LFP<<<<<<<<<<<<<<<<<
Déclarée «trésor humain vivant» par l'Unesco en 2009, Cristina Calderon, aujourd'hui âgée de 88 ans, est la dernière représentante d'un peuple indigène de la terre de Feu chilienne à parler couramment la langue de ses ancêtres.
À bientôt 89 ans, Cristina Calderon est la dernière locutrice native du peuple yagan, ethnie indigène de la terre de feu chilienne, à la pointe sud du continent américain. Avec «mamie Cristina», comme l'appellent ses proches, un pan important de cette langue amérindienne risque de disparaître.
«Je suis la dernière locutrice yagan. D'autres le comprennent mais ne le parlent pas ou n'en ont pas la même connaissance que moi», explique la vieille dame à un groupe de journalistes à Villa Ukika, où résident la plupart des descendants de cette ethnie, estimés à une centaine. Cette localité se trouve à un kilomètre de Puerto Williams, le village le plus austral de la planète.
Après la mort de sa sœur Ursula, Cristina, visage buriné à la peau mate arborant de fines lunettes, a été déclarée en 2009 «trésor humain vivant» par l'Unesco, qui lui a reconnu son rôle dans la préservation et la transmission de la langue et des traditions de son ethnie.
Cette femme a partiellement transmis le yagan, langue parlée menacée d'extinction au profit de l'espagnol, à ses petites-filles et à une nièce. «Les générations les plus jeunes connaissent également la langue yagan mais pas au niveau de Cristina, il va donc y avoir une perte irréparable», explique à l'AFP l'anthropologue Maurice Van de Maele, qui réside à Puerto Williams.
Ce peuple nomade a atteint les confins du cône sud il y a 6000 ans environ. Avant l'arrivée des Européens sur le continent américain, leur population était d'environ 3000 personnes. Outre le célèbre cap Horn, l'extrême sud du Chili est composé d'innombrables îles, archipels et canaux, qui rendent la navigation d'autant plus difficile.
Depuis deux générations les yagans ont souffert de nombreuses épidémies
Les yagans sillonnaient les mers agitées de cette région du globe, qui a vu disparaître plus de 10.000 marins et 800 navires depuis le 17e siècle, selon les données de la marine chilienne. Allant d'île en île, les hommes chassaient les animaux marins, tandis que les femmes se chargeaient de construire les logements, de maintenir le feu allumé et de préparer les aliments.
À moitié nus, ils recouvraient leur corps de graisse de lion de mer et utilisaient des peaux de loup pour résister aux basses températures de la Terre de feu, où la moyenne annuelle est de 5 degrés. «Pour les yagans, il s'agissait de conditions très favorables. Ils vivaient pratiquement nus, étant donné que les températures à cet endroit, un archipel entouré de mer, ne sont pas aussi basses», explique M. Van de Maele.
Mais voilà deux générations que les yagans, qui ont souffert de nombreuses épidémies et dont les traditions se sont diluées dans la vie moderne, ne pêchent plus. Ils se consacrent désormais à l'artisanat, la construction, au tourisme, au métier de femme de ménage ou à la restauration. L'influence occidentale a commencé à se faire sentir il y a 150 ans, avec la présence de colons européens dans le secteur: les indigènes ont progressivement abandonné leurs coutumes, se sont sédentarisés et ont commencé à porter des habits.
Ainsi, «mamie Cristina», qui s'habille comme n'importe quelle grand-mère chilienne, confectionne des paniers traditionnels tressés en joncs, des répliques des canoës utilisés par ses ancêtres ainsi que des tissus en laine qu'elle vend dans sa petite boutique située à l'avant de sa maisonnette de Villa Ukika. Sa petite-fille, également prénommée Cristina, vient d'écrire un livre sur sa vie, intitulé «Mémoire de ma grand-mère yagan».
«Elle ne sortait pas beaucoup en mer. Elle a enseigné (la langue yagan) dans la crèche d'Ukika mais maintenant elle a arrêté», explique à l'AFP Veronica Morales, coordinatrice du programme de conservation bioculturelle de la région sous-Antarctique. Outre cet artisanat traditionnel, la connaissance des lieux, des routes montagneuses, de la topographie, des contes et légendes locales perdurent parmi les yagans, souligne la spécialiste.
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La pollution sonore empêche les animaux de communiquer entre eux, mais altère aussi leur santé.
Marielle Court, le 09 mai 2017
La pollution sonore provoquée par l'homme entraîne des effets en cascade pour l'ensemble des écosystèmes.
Unique en son genre par son ampleur, l'étude menée par une équipe de chercheurs américains sur le bruit dans les zones naturelles protégées des États-Unis n'est pas très encourageante. Publiée le 5 mai dans la revue Science, elle montre que dans plus de 60 % des zones observées, les bruits générés par les hommes sont deux fois plus élevés que les bruits naturels. Pis, dans 21 % de ces lieux supposés être des havres de paix pour toutes les espèces, le bruit d'origine humaine était jusqu'à dix fois plus important. Les chercheurs ont effectué des relevés dans 492 sites et mesuré le bruit pendant des millions d'heures.
«Ce qui est impressionnant, car très rare, c'est d'avoir dressé une carte sonore des milieux naturels à l'échelle d'un très grand pays », commente Jérôme Sueur chercheur au Muséum national d'histoire naturelle, spécialiste en acoustique et biodiversité. Pour extrapoler les mesures à un plus grand nombre de sites, l'équipe américaine installée à Fort Collins dans le Colorado a estimé les excès de bruit à partir d'une modélisation se basant sur les transports, le développement urbain et l'extraction minière. «Jusqu'à présent on s'occupait assez peu de cette pollution sonore », poursuit le chercheur du Muséum alors qu'elle «peut avoir des conséquences importantes sur la faune sauvage, telles que la possibilité pour les animaux d'entendre leurs prédateurs approcher ou même, influencer leur capacité à s'accoupler », note l'équipe dans Science.
«Alors que l'on sait que le bruit est un facteur de stress important, très peu est fait en ville pour lutter contre et encore moins dans les milieux naturels », regrette Jérôme Sueur. «Il existe en France depuis 1975 une seule et unique zone de silence dans le Parc naturel régional de Chartreuse. L'accès des véhicules à moteur et des appareils sonores est fortement limité. Cette zone n'a été créée ni pour les promeneurs ni pour les animaux, mais pour les moines de l'ordre des chartreux qui ont fait vœu de silence », rapporte celui qui a entrepris un programme de recherche en France visant à mesurer la biodiversité à partir des sons. Un travail effectué dans le monde depuis cinquante ans sous un angle artistique par l'Américain Bernie Krause, musicien de formation qui a enregistré 5000 heures de sons émis par quelque 15.000 espèces d'animaux.
«La prochaine fois que vous vous promenez dans une forêt, faites attention aux bruits qui vous entourent, au débit de la rivière, au vent dans les arbres au chant des oiseaux, ces bruits sont aussi magnifiques que ce que vous pouvez admirer avec vos yeux et mérite notre protection », rappelle Rachel Buxton, principal auteur de l'étude de Science.
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Le bruit des hommes affaiblit les bêtes
Marielle Court le 09 mai 2017
La pollution sonore empêche les animaux de communiquer entre eux, mais altère aussi leur santé.
Les effets nocifs de la pollution sonore sur la santé humaine sont connus depuis longtemps: sommeil perturbé, risque cardiovasculaire, retard d'apprentissage… On commence à bien mesurer aujourd'hui que l'excès de bruit est tout aussi nuisible pour la faune sauvage.
Est-ce en raison de ces images toujours impressionnantes de grands cétacés immobilisés sur les plages? Les chercheurs ont depuis quelques années établi des liens entre ces échouages et le bruit en mer dû aux sonars des navires, aux moteurs ou encore aux extractions minières. Sur la terre ferme, la première grande publication sur le sujet est plutôt récente. En 2003, des scientifiques montrent dans la revue Nature comment les mésanges des villes - pour se faire entendre de leurs congénères - sont obligées d'adopter un chant plus aigu que celles des campagnes, dont les vocalises n'entrent pas en concurrence avec le bruit urbain. En ville, les animaux peuvent aussi chanter plus fort pour couvrir le bruit généré par les activités humaines. C'est ce que l'on appelle l'effet Lombard, lorsqu'on élève instinctivement la voix en entrant dans une pièce bruyante pour couvrir le bruit environnant. Depuis, une centaine d'études ont été publiées sur ce même thème concernant d'autres oiseaux ou encore des batraciens.
Expérience sur les rainettes
Mais tous ces travaux ou presque «sont consacrés aux effets des nuisances sonores sur la communication acoustique», souligne Thierry Lengagne, chercheur au Laboratoire d'écologie des hydrosystèmes naturels et anthropisés (CNRS/université Claude-Bernard Lyon-I). En revanche, les conséquences du bruit sur la santé de la faune sauvage n'ont été que très peu étudiées.
C'est pour explorer cette voie que l'équipe de Thierry Lengagne a mené une expérience très révélatrice publiée dans Conservation Biology.«Nous sommes allés chercher des petites rainettes vertes, des mâles, dans des zones totalement exemptes de bruit de circulation», raconte le spécialiste. Avant de mener leur expérimentation, les scientifiques ont mesuré dans la salive des grenouilles le niveau de corticostérone afin de déterminer leur état de stress. «Puis nous avons séparé nos rainettes en différents groupes», poursuit le chercheur. Une partie a été placée dans une salle «contrôle». Outre la bonne température, la nourriture adéquate, ces grenouilles pouvaient entendre tous les soirs les bruits de chœurs enregistrés autour de leur marre. Dans une salle voisine, un autre groupe bénéficiait des mêmes conditions, à une différence près: «Un haut-parleur diffusait nuit et jour le bruit d'un trafic routier, soit l'équivalent de 40.000 voitures par jour avec des pics le matin et le soir. En seulement dix jours, nous avons mesuré une hausse de 63 % de l'hormone du stress», précise le scientifique.
Un stress qui s'est directement traduit par une baisse de l'efficacité du système de défense immunitaire des batraciens. Les animaux soumis au bruit avaient une moins bonne capacité de guérison quand on leur injectait un produit réactif dans la patte. Les rainettes stressées sont alors probablement plus sensibles aux maladies.
Autre découverte de l'étude, le bruit impacte les capacités de séduction des mâles. Car les chercheurs ont observé que le sac vocal d'un mâle stressé s'éclaircissait, perdant sa franche coloration orange-rouge. Or, une grenouille mâle avec un sac vocal orange foncé indique aux femelles qu'elle est en très bonne santé et, donc, à choisir pour la reproduction. «Si même les mâles puissants affichent une couleur plus claire équivalente à celle des mâles plus faibles, les femelles ne peuvent plus choisir les meilleurs reproducteurs!» explique le chercheur. Autant de mesures qui montrent que la pollution sonore agit directement sur la santé d'animaux sauvages habitués au calme.
À l’occasion de la fête de la langue arabe, organisée à l’IMA – Institut du monde arabe –, son président, Jack Lang – dont la carrière ressemble à un placement fructueux et sans risque ! –, vient encore de démontrer sa parfaite capacité à aller dans le sens du vent socialiste en déclarant, dans un entretien à Libération, que « la langue arabe doit être traitée comme l’anglais [car] c’est la quatrième langue la plus parlée au monde, la sixième officielle des Nations Unies, la cinquième en France. Nous sommes dans un pays où la langue arabe devrait être reine. »
Notre pays a déjà sa langue souveraine, merci !
Quant à l’anglais, monsieur Lang oublie que l’Empire britannique – « sur lequel le Soleil ne se couche jamais », disait-on – s’étendait, jadis, aux quatre coins du monde, ceci expliquant cela ; l’anglais a été adopté comme langue officielle dans 32 États sur 50 aux États-Unis, lesquels se sont développés sur les principes du libéralisme économique et ont essaimé sur la planète, comme chacun sait. Cerise sur le gâteau : Adam Smith, père fondateur de l’économie politique, était écossais !
L’arabe ne saurait donc être comparé à la langue de Dickens, au moins dans l’Histoire contemporaine.
Que les liens avec le monde musulman soient anciens, c’est un fait, mais plus pour le pire que le meilleur ! Et si François Ier a « noué la première alliance entre un empire chrétien et un non chrétien avec Soliman le Magnifique », c’était pour contrer Charles Quint à défaut de s’enrichir intellectuellement, comme ce fut le cas avec l’Italie. Toujours pas de minaret en vue à Chambord !
Dans son essai Aristote au mont Saint-Michel, le médiéviste Sylvain Gouguenheim avait tempéré cet apport majeur de l’islam à la chrétienté, ce qui lui valut un lynchage en règle.
Affirmant que « c’est une chance d’avoir été ensemencé par ses cultures », Jack Lang ne fait ainsi que réciter un catéchisme islamophile sans réelle consistance. Catéchisme qui, sous couvert d’enrichissement culturel – toujours à sens unique, au passage ! –, promeut en réalité l’enseignement de l’arabe au nom d’un électoralisme patent. Cet engouement massif pour la langue arabe trahit, surtout, un ancrage identitaire parallèle et un esprit de conquête. C’est un défi lancé à la nation française sur son propre sol.
Enfin, essayer de « faire comprendre qu’elle est rattachée à autre chose qu’à la religion » est un contresens : l’arabe est indissociable du Coran. C’est dans cette langue que ce dernier fut révélé à Mahomet ; celle choisie exclusivement par Dieu, selon les musulmans. Son enseignement revêt forcément une connotation religieuse.
Une fois de plus, la gauche et ses thuriféraires – de Paris, Bruxelles et d’ailleurs ! – prouvent que le Grand Remplacement n’est pas une lubie d’extrême droite mais bien une réalité tangible.
À ce rythme de négation du réel et de notre culture, Albert Camus sera bientôt cloué au pilori pour avoir écrit :
« Ma patrie, c’est la langue française. »
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