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Catégorie : Articles Publique
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Tenter pourtant ici de parler d’amour, de l’écrire… Comment réussir à pouvoir le penser, puisqu’en ce monde, dès notre mise au jour ( hcq....dès notre conception ....), nous tous avons été saisi d’emblée au flux et reflux de cet émoi d’appel, de réception, d’échange, en nous développant peu à peu dans un lien d’un tout autre type que celui du charnel lien placentaire d’in utéro, celui relationnel d’une enveloppe évanescente entre des êtres qui, génératrice d’amour et de douleur, nous expose aux fluctuations de ses aléas tantôt bienfaisants et porteurs, tantôt délétères et disruptifs ?

 

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Résumé

 

Dans cet article l’auteure développe l’idée que « l’éprouvé d’aimer » s’originerait chez l’humain dans la métabolisation progressive d’« une émotion esthétique » de la première rencontre saisissante de l’infans avec la mère.
Décrit par Meltzer, cet éprouvé intense, médusant tout l’être, surgi par un « choc esthétique » d’amour énigmatique immanent et non-verbal, soulève un ressenti haineux de fort « conflit » interne, s’intégrant et se développant peu à peu au sein de l’évolution des relations mère/enfant qui génèrent un tissage de vécus particuliers « d’expériences émotionnelles esthétiques » plus ou moins ravivées en certains moments ultérieurs de la vie.
Ces expériences correspondent aux effets des corrélations des liens émotionnels fondamentaux d’Amour, (A) de Haine (H) et de Connaissance (C), ces trois passions qui animent ensemble la personnalité humaine (Bion).

Toutes les turbulences émotionnelles de la relation primordiale infantile qui en découlent, en leurs états non encore introjectés voire peu ou mal intégrés chez l’analysant comme chez le psychanalyste, se translatent, se reportent, se déplacent, se transfèrent dans le déroulement des cures qui en réaniment leurs différents effets entre les deux protagonistes ; il en est résumé de récentes avancées théorico-cliniques et fourni quelques exemples portés à la réflexion.
 
Plan de l'article
  1. Prologue
  2. Le « choc esthétique » et la naissance d’une émotion d’amour
  3. USER=Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.#s1n3">Le « conflit esthétique » et la montée de l’émotion de Haine
  4. USER=Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.#s1n4"> « L’expérience esthétique » dans le développement de l’émotion du Connaître
  5. USER=Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.#s1n5">Turbulences en émotions des transferts/contre-transferts dans les cures
    1. USER=Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.#s2n1">1 - L’évolution progressive des concepts
    2. USER=Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.#s2n2">2 - L’expérience émotionnelle des situations cliniques
  6. Vers des devenirs aux « éprouvés d’aimer »

 

Mots-clés

Prologue

« Voilà l’endroit où mon amour, en sa merci,
a dérobé mon cœur et, plus outre, ma vie.
Ici, de ses beaux yeux, il m’a promis son aide,
Puis, de ces mêmes yeux, il me l’a retirée.
Ici, il m’a lié, là il m’a délié ;
j’ai pleuré sur mon sort et, douleur infinie,
je l’ai vu s’éloigner de ce marbre, celui
qui m’a pris à moi-même et puis m’a rejeté. »
 
         
 
Michel-Ange, Poèmes, NRF Gallimard 2013, p 48.   .......     hcqs>>>>>lien écrits>>>>>>

Sculpteur du si fameux Moïse trônant désormais en majesté chez tant de psychanalystes, peintre aux fresques et tableaux universellement encensés, architecte autant qu’urbaniste en ce 16e siècle italien fortement agité, mais aussi poète aux publications posthumes à l’initiative de son neveu, Michel-Ange fut le cadet d’une famille de 5 enfants ; devenu orphelin de mère à 6 ans, son père le plaça alors en nourrice jusqu’à ses 10 ans dans une famille de tailleur de pierres.

Quoiqu’assez peu célébré pour ses écrits poétiques plus ou moins caviardés après sa mort et relégués en arrière-plan du fait de ses glorieuses œuvres plastiques, l’un de ses traducteurs contemporains, Pierre Leyris a souligné sa fascination inouïe pour la Beauté, habité qu’il était par l’émotion conjointe d’Amour extatique et par la douleur, elle-même associée à l’intensité de ses émotions esthétiques.

Ses biographes s’accordent à penser que c’est autour de la cinquantaine, vers le milieu de sa vie car il s’est éteint à 88 ans, qu’il tentera de sculpter cette fois en lui-même au sein des rocs massifs de nos mots familiers, les tourments ressentis à ses très grands émois, pour en transmettre parfois en des accents mystiques, l’écriture poétique à ses récipiendaires.

Après déjà tant de siècles de poésie, d’essais, de mythes, de contes et de romans, de philosophies et depuis près d’un siècle de théories psychanalytiques, après ainsi tant d’œuvres pour évoquer, célébrer, analyser, comprendre nos éprouvés d’amour, quel éclairage oser apporter encore, susceptible d’éclairer quelque obscur repli de ces puissants émois ? Et comment ?

Comment oser écrire davantage sur cet univers si vaste, si exaltant, si nourrissant et pourtant parfois si dévastateur ? Comment réussir à penser, comprendre, dire, analyser l’ineffable et merveilleux effroi du ressenti d’amour ?

Quel génie humain peut-il vraiment se prévaloir d’accéder à la Genèse de l’Amour ?

Tenter pourtant ici de parler d’amour, de l’écrire… Comment réussir à pouvoir le penser, puisqu’en ce monde, dès notre mise au jour, nous tous avons été saisi d’emblée au flux et reflux de cet émoi d’appel, de réception, d’échange, en nous développant peu à peu dans un lien d’un tout autre type que celui du charnel lien placentaire d’in utéro, celui relationnel d’une enveloppe évanescente entre des êtres qui, génératrice d’amour et de douleur, nous expose aux fluctuations de ses aléas tantôt bienfaisants et porteurs, tantôt délétères et disruptifs ?


Si on éclaire ce sujet à la lumière des dernières avancées théorico-cliniques de la psychanalyse et des observations relatives au développement de la personne et de la personnalité, d’où il ressort que toutes les émotions constituent des liens, il m’a paru intéressant de se pencher sur l’évolution de l’éprouvé d’aimer, au sein des liens passionnels mouvementés entre les émotions d’Amour, de Haine et de Connaissance dont les tissages intimes dans notre croissance mentale, conduisent à valoriser le rôle intérieur et social d’un autre lien primordial qui les rassemble tous, celui de l’émotion esthétique, le lien à la Beauté.

[2] Jacquelyne Poulain-Colombier, « Un quatrième lien :... de ce quatrième lien « Beauté » est décrite nécessaire à repérer et approfondir dans ses évolutions positive ou/et négative, car elle y rappelle que Bion et Meltzer soutiennent comment cette dimension Beauté habite toute l’évolution humaine et « l’atelier du psychanalyste ».


Reste à tenter de suivre le cheminement des effets psychiques de « l’émotion esthétique », de l‘éprouvé de Beauté, ce surgissement d’une catastrophe émotionnelle primordiale, après laquelle les transformations progressives des émotions originelles d’amour-élation fusionnels, de haine persécutrice et de curiosité intrusive pour connaître, peuvent évoluer dans leurs dimensions positives, pour ouvrir une quête d’éprouvé d’amour, bien proche de la plénitude et d’absolu.


Cheminement qui à mon avis, pourrait venir éclairer un certain nombre de versants mystiques de ces explorations d’émotions de pensées et de vécus, éprouvés comme une transcendance.

Le « choc esthétique » et la naissance d’une émotion d’amour

À l’intitulé du thème d’exploration sur « l’éprouvé d’aimer » qui m’a été proposé, a répondu aussitôt en moi cette forte émotion intime d’émerveillement, ressentie à certaines peintures, certains paysages, certaines envolées et stances poétiques, certaines musiques et voix chantées… Et aussi l’émoi à cet étonnant ressenti jailli de chants intérieurs venus d’intangibles secrets ombilics, soutenu d’une vibrance cénesthésique interne, un ressenti inouï de chants profonds chaque fois déjà réveillé dans mon être, lors de grandes rencontres avec l’amour et la splendeur.

Réminiscence d’un fugace antan révolu, enfoui, d’un éblouissement hors des remous de chairs mouvantes enchevêtrées dans leurs métamorphoses, et non accessibles encore aux vêtements des mots, mais hyper-sensitifs aux flux divers et aux cadences d’échanges d’élans de vie ?

Cette émotion intense provient-elle du choc d’une rencontre synchronique du monde du dehors avec le monde interne, une sorte de rencontre d’accordage avec une « expérience proto-esthétique commencée in utéro » [3] D. Meltzer- Meg Harris Williams (1988), L’Appréhension..., ou bien au contraire de son effet tout à fait opposé plus traumatique, générant d’emblée un conflit très énigmatique entre des ressentis ?

Touchons-nous ici à cette irruption subite d’un soudain « conflit esthétique » si brillamment décrit par Donald Meltzer, dans L’Appréhension de la Beauté[4] D. Meltzer- Meg Harris Williams, op cité., quand vient à surgir cette troublante émotion d’infans mis au monde, qui se trouve alors exposé à cet intangible espace aérien du dehors tellement étranger à celui du vécu aquatique de son corps, baignant dans l’humide, sombre et chaud enclos du dedans des chairs maternelles ? Emotion intense conjointe à son premier cri, premier son éruptif de voix, emplissant tout son corps d’un éther brûlant ses poumons et bousculant à la fois tout l’éprouvé de son dedans et de son dehors…

Plonger en pensée dans l’évocation de « l’éprouvé d’aimer » serait-il donc venu réanimer spontanément en moi, une sorte de lame de fond enfouie, peut-être comparable à cette saisissante force réminiscente d’une telle immense et fascinante « émotion esthétique » immergée au fond du temps de notre éclosion à la vie énigmatique de notre espèce humaine ?

Une émotion peut-être bien semblable à celle qui vient stupéfier, méduser, éblouir l’infans soudain plongé dans l’ouverture multi-sensorielle hyper-excitatrice du monde extra-utérin inconnu, lumineux, et exposé à la fois à ces imprévisibles bombardements sensoriels externes et internes et à l’instabilité des aléas plus ou moins accueillants de la capacité maternelle d’enveloppements du regard, de la voix, de nourrissage et de rêverie.

N’est-ce pas au décours de l’un de ces temps inauguraux que se déploie l’expression extrême d’une fusion élationnelle, jusqu’à l’identification adhésive ?

N’est-ce pas aussi en cette plongée subite pour le nouveau-né dans le bain saisissant de ce nouveau monde relationnel en devenir, que le lien contenant de la rêverie maternelle avec ses soins, peut alors réussir à faire éclore et développer en confiance la sensation si surprenante d’un bon ressenti, d’un beau énigmatique et d’un éprouvé ineffable d’amour ?

Pourtant ce « coup de foudre » se révèle vite tout autant stimulant pour aimer et se transformer, que pour haïr et souffrir de blessures mortifiantes comme Rank a pu l’explorer sous l’angle du « traumatisme de la naissance ».

C’est une lune de miel ainsi plus ou moins éphémère qui, bien qu’engrammée déjà, -pour toujours- au plein cœur des chairs de l’être tout juste né, - lequel bien que nouvellement enrobé et nourri de la voix, de la peau, du souffle, des seins, du lait et regards de sa mère-, se trouve alors soumis encore à d’autres rythmes surprenants : ceux nycthéméraux du jour et de la nuit, et tous ceux issus des modulations complexes des odeurs, des sons, du goût, du toucher, de l’air et de bien d’autres événements imprévisibles de mises en relation avec cette mère-énigme et autres contacts inconnus.

Lune de miel d’empathie extatique encore espérée en secret -voire toujours quêtée- au cœur d’une vie adulte, bien que jamais retrouvable en sa nature originelle… car même « si de l’archaïque dépendance à la mère, la mère a pu être supplantée, la dépendance elle, n’a pu être abolie !… »[5] Jean Claude Lavie, L’amour est un crime parfait, 1997,...

Le « conflit esthétique » et la montée de l’émotion de Haine

Ce miel de la première rencontre infans/mère hors de la caverne maternelle, dans l’éblouissement énigmatique des sens et des sensations nouvelles, que - depuis Meltzer- on dénommera le « choc esthétique à la Beauté », s’éprouve, se produit, presqu’en simultané avec ce ressenti tragique -qu’on nommera plus tard Douleur-, d’irréfragable perte de la bien chaude capsule maternelle, demeure enveloppante escamotée désormais avec l’exiguïté comprimante de son obscur et gargouillant univers…

 En effet les incessants échanges de projections émotionnelles contraires, « projections identificatoires »[6] Le concept de « projection identificatoire » a été..., et introjections identifiantes successives se bousculent et interagissent alors au sein de ce permanent théâtre psychique de vécus fusionnels d’amour, de stupeur médusante, de cris et de fureurs déferlantes…

C’est un éprouvé vraiment très éprouvant que ce « conflit esthétique » entre des émotions primitives brutes violentes ; car c’est la première expérience conflictuelle dans l’éprouvé global du psychosoma ; un conflit surgi entre un senti tout neuf d’émerveillement et de découverte et un ressenti non moins déboussolant d’absence paniquante du premier abri éprouvé, cette poche alors toujours vibrante et tout soudain disparue… Vécu catastrophique inondé d’une tout autre humeur… car butant sur l’envers d’une brève lune de miel, celui de l’éprouvé mortifère d’une lune de fiels… Premier chemin vers la terreur de chute en abîme sans fond, qui peut pétrifier d’angoisse ou déclencher une explosion de haine rageuse de nouveau-né, luttant contre cette si étrange sensation de contours intermittents inconnus, qui se superpose au ressenti sidérant et stimulant de découverte d’un non moins étrange univers en expansion.

Le sentiment d’éprouvé d’amour émerveillé ne demeure donc ainsi pas isolé très longtemps ; plus ou moins fugace et/ou momentané, il est suivi ou précédé voire même parfois déjà accolé au vécu haineux d’une perte avérée de l’autre habitacle révolu, tellement différent du tout nouveau monde.

Se débarrasser du non-digérable, du non-gérable et du non-concevable, au dehors de soi, dans l’autre et le monde extérieur, est la réaction projective spontanée à la douleur à évacuer, tant qu’on n’a pas trouvé l’attention psychique d’une capacité maternelle assez contenante et rêvante pour transformer ces éléments bruts (Bêta) en un alphabet décryptable de ressentis digestibles et métabolisables, permettant de commencer à apprendre de l’expérience en apprivoisant la réalité. [7] W R Bion, (1962), « Une théorie de l’activité de pensée »,...

Le ressenti des émotions contradictoires d’amour et de haine au fondement de nos possibilités de croissance psychique humaine, baignent la respiration psychique de l’infans qui ressent son nouvel univers à la fois attirant et repoussant. L’adulte continue d’en être la proie ou le jouet ou l’acteur ou mieux le metteur en scène plus ou moins avisé s’il a pu développer sa soif d’investigation à comprendre et co(n)-naitre. Saluons ici au passage, la belle trouvaille langagière de Lacan pour signifier l’intrication et la co-habitation de ces éprouvés si opposés en l’humain, en appliquant à ceux-ci l’expression de « L’hainamoration » (l’énamoration), malheureusement d’une fonction signifiante seulement efficace à l’usage du français !…

 

« L’expérience esthétique » dans le développement de l’émotion du Connaître

Toutefois avec leurs impacts projectifs « Béta », l’émotion haineuse et l’émotion d’amour, reçoivent en retour leurs effets décryptés plus ou moins « alphaïsants » [8] Néologisme que j’utilise là où Antonino Ferro emploie... de la mère et de l’environnement ; par leurs rôles de contenant, d’interprète, et de rêverie, ces traductions maternelles jouent une fonction transformationnelle de premier ordre, mobilisée par les interactions des processus d’identification projective (projection identificatoire), puis d’identifications « corrélative »[9] Je fais l’hypothèse d’une brève expérience d’identification... et introjective. Ces processus interrelationnels bien complexes et permanents contribuent plus ou moins à développer chez l’infans une plus ou moins grande capacité à tolérer la frustration et la douleur inhérente à la vie en ce monde. Ces subtiles et tumultueuses étapes d’échanges interréactionnels contenu/contenant et relations identificatoires infans/mère stimulent ainsi en la psyché infantile, la soif de connaître, la curiosité d’apprendre par l’expérience et de sonder la réalité et ses inconnues.

Une telle fonction de « curiosité naturelle », notre pulsion épistémophilique, - quasiment envisagée en ébauche pré-conceptuelle prénatale chez Meltzer-explorée grâce à Mélanie Klein et particulièrement ensuite approfondie par W. Bion, est cet autre troisième moteur émotionnel essentiel en l’évolution humaine et ses civilisations. C’est cette sorte d’« instinct pour connaître » (co-naitre) qui soutient l’énergie reliante et corrélative avec les autres éprouvés d’amour et de haine pour apprendre de l’environnement. Ce lien d’émotion dit « Connaissance », en sa quête et ses multiples découvertes, retrouve alors parfois, un certain nombre d’« expériences esthétiques » intimes, contribuant fortement au développement global relationnel et somato-psychique.

A la différence de théorisations cloisonnant le développement psychique des passions humaines 10] Dans le “Prologue” de son ouvrage L’amour Lacan, (EPEL..., Bion introduit la Connaissance comme une fonction corrélante d’apprentissage indispensable à notre évolution psychique. Pour lui, ni le lien Aimer, ni le lien Haïr n’engendrent par eux-mêmes, de façon respective et unilatérale, le lien du Connaître. Car pour ces trois liens basiques de la vie émotionnelle en l’humain, c’est seulement à partir de leur propre expérience émotionnelle vécue et transformée peu à peu au cours des relations primordiales, des jeux d’identifications et de contenant/contenu, que peuvent se développer et s’exercer un processus de corrélation. C’est particulièrement grâce au lien du Connaître conduisant à apprendre de l’expérience, que la fonction de corrélation se déploie, car il dépend à la fois de la capacité de tolérance du sujet à l’expérience de la réalité, et de la capacité de l’environnement à lui transmettre le décryptement détoxiqué de ses ressentis, à travers le filtre des expériences et tolérances parentales acquises.

De sorte que si la corrélation apparaît dans l’expérience du Connaître en co-existence avec l’expérience émotionnelle d’aimer, l’être peut se développer dans une voie ouverte vers la compréhension et à la croissance psychique. Par contre si l’expérience du lien du Connaître est associée à l’émotion maintenue non transformée de haine et de violence, la quête risque de se cantonner à fonctionner essentiellement dans la cruauté et le clivage, voire dans une fusion destructive. [11] W.R. Bion, (1960), Aux sources de l’expérience, PUF 1979,...

Le désir de « connaître » en ses valences émotionnelles positives ou négatives avec ses liens d’amour et/ou de haine, habite aussi de ces faits, l’ensemble des relations du couple psychanalytique,

 

Turbulences en émotions des transferts/contre-transferts dans les cures

« L’incapacité d’utiliser l’expérience émotionnelle provoque un désastre de même ampleur dans le développement de la personnalité » que « l’incapacité de manger, de boire ou de respirer sur la vie elle-même »2] W.R. Bion, (1960), op cité, chap 14 p 59..


Là où l’une entraîne des effets désastreux et fatals pour la vie même du sujet, l’autre conduit à ces désastres pour la personnalité que sont les différents degrés de désordres et détériorations psychiques pouvant être décrits comme un état de quasi « mort de la personnalité ».

1 - L’évolution progressive des concepts


Analystes et analysants connaissent in vivo les turbulences de ces émotions en la cure, que Freud a appelé le Transfert du patient en y ajoutant ensuite tout en le réprouvant -voire en le diabolisant-, le Contre-transfert du psychanalyste, sur lequel Ferenczi poursuivra lui-même ses investigations passionnées 13] Yves Lugrin, Ferenczi sur le divan de Freud- une analyse....

Depuis les descriptions fondatrices de ces pionniers, eux-mêmes directement impliqués dans leurs inter-réactions fluctuantes et passionnelles, d’innombrables écrits ont été consacrés à ces mouvements anxiogènes, pour en compléter l’approche et l’origine. La plupart ont constaté qu’ils se rapportent en fait tous, au destin des premières turbulences infantiles dans la relation d’un infans à sa mère et à son environnement, lorsqu’elles viennent se transposer dans la cure sur l’analyste, récepteur (plus ou moins empathique) de l’analysant en souffrance et en attente d’élaboration interne.

L’évolution de la compréhension du Contre-Tranfert s’est surtout développée après 1950 avec les apports successifs de Paula Heiman et de Winnicott, de Racker, Balint, Grinberg, Searles, Rosenfeld, qui vont permettre d’intégrer ce ressenti de l’analyste comme cet autre moteur indispensable au travail dans la cure. Grâce aux avancées dans l’observation et la compréhension de l’évolution des relations du développement psychique du nourrisson (E. Bick) et de l’enfant avec son environnement (H.Segal ,W.Bion, D. Meltzer) l’approche analytique des transferts/contre-transferts s’est depuis lors, encore bien plus affinée

Impossible d’envisager un travail psychanalytique qui ne soit fondé sans l’élaboration de cette relation indissociable Transfert/Contretranfert qui soutient l’évolution de toute cure. (Guillaumin)

On devrait d’ailleurs selon moi, formaliser désormais une écriture générique de ce processus relationnel dont la fonction d’élaboration demeure essentielle en psychanalyse, en l’évoquant comme ce processus dynamique des « transferts <=> contre-transferts ». Dans la même perspective d’intégration des avancées théorico-cliniques en ce domaine, ne faudrait-il pas évoquer sous la forme au pluriel, ces éléments processuels, plutôt que d’accumuler de façon hétéroclite et désordonnée une multiplicité de qualificatifs, dont chacun révèle un de leurs aspects particuliers ?

De plus, « (…) selon que l’on se situe dans une perspective (…} freudienne, lacanienne, kleinienne, winnicotienne ou bionienne le terme de transfert ne recouvre pas les mêmes contenus. On ne se réfère pas aux mêmes contenus, ni au même traitement de ceux-ci, selon qu’il s’agit d’un transfert névrotique ou psychotique ou encore d’un transfert interne, intrapsychique au sujet lui-même » constate avec pertinence Radmila Zygouris [15] Radmila Zygouris, L’amour Paradoxal ou la Promesse....

La littérature psychanalytique démultiplie ainsi les terminologies de ces « bastions »[16] Yves Lugrin, opus cité. « transfert<=>contre-transfert », faute d’établir un consensus de base à propos des vécus émotionnels non transformés de l’infans.....17] Notons que la plupart s’attache surtout au dit « amour...

Il me semble que James Grotstein avance une synthèse simple des apports consensuels les plus récemment travaillés sur ce sujet : « L’identification projective est le dénominateur commun à tout transfert, qu’il s’agisse du déplacement des investissements d’un objet du passé ou d’identification projective de représentations mentales immédiates (…). Le contre-transfert [en est] le pendant obligatoire ; il comprend l’ensemble du répertoire de sentiments et d’émotions de l’analyste dans la situation analytique »[18] James S. Grotstein, (2007) Un rayon d’intense obscurité,... mais il est à différencier de la « rêverie », qui serait « une identification partielle » au patient.

Comme le transfert, le contre-transfert contient donc tous les avatars et variations évolutives émotionnelles des processus identificatoires et relationnels que l’analyste doit pouvoir repérer en lui-même en devenant une sorte d’« objet de transformation » (transforming object de Bollas).

 2 - L’expérience émotionnelle des situations cliniques

C’est le décours de l’évolution d’une cure avec ses temps de scansions émotionnelles et l’accès à son temps « final » d’élaboration continue et inachevable, qui déploie et révèle la dimension nouvelle, transformée de ces rencontres d’émotions originelles, « inédites » au regard des relations communes.

Le cadre limité de cet article ne peut permettre d’aborder les différents aspects d’une pré-conception de l’éprouvé d’aimer, siégeant dans les choix des patients de recourir à certains psychanalystes plutôt qu’à d’autres, et pour le psychanalyste d’accepter en cure certains patients plutôt que d’autres. Il n’est pas plus possible ici d’évoquer et analyser les mises à l’épreuve des éprouvés émotionnels dans les cures, dont en particulier, le devenir des éprouvés d’aimer dans et après la cure.

J’observerai à leur sujet que l’extrême focalisation sur le danger érotique et séducteur de « l’amour de transfert » a semblé depuis Freud, avoir pris une place fantasmatique exorbitante chez nombre de psychanalystes, au lieu qu’il soit traité et approfondi par exemple, comme une régression primaire fusionnelle à l’objet, grâce à l’analyse de processus psychiques d’identification projective massive, intrusive, et même adhésive, chez l’analysant en souffrance d’émotions à partager, voire peut-être chez un analyste, prisonnier potentiel d’une éventuelle contre-identification projective non encore élaborée.[19] Notons que dans son étude du contre-transfert Léon...

Je me limiterai à illustrer l’étroitesse des liens de l’éprouvé d’aimer revécu dans la cure avec l’émergence conjointe ou la réémergence (?) d’une émotion esthétique de Beauté avec deux exemples succincts.

  • Chez des patients adultes, cela se manifeste assez souvent au détour du suivi, avec la découverte bouleversante, d’une rencontre (film, musique, roman, rêve, ou autre événement particulier) qui ouvre en eux-mêmes une transformation progressive et pérenne de leurs investissements.

  • Deux brefs résumés de psychothérapies d’adolescents suivis en CMPP peuvent mettre en lumière le cheminement de l’éprouvé d’aimer dans le cours des « transferts<=>contre-transferts » et son aboutissement au moment de l’arrêt de traitement.

1) A. est un adolescent brillant qui ayant désinvesti la scolarité secondaire juste avant les 1ères épreuves du baccalauréat est venu pendant un peu plus de 2 ans à ses séances hebdomadaires de psychothérapie sur le souhait de sa famille angoissée de ses disparitions fugueuses par lesquelles il partait tagguer murs, camions, voitures et vitrines de la ville. Il manifestera son scepticisme et sa dérision à l’égard de sa psychothérapie avec moi en dessinant de sinistres mais remarquables bandes dessinées aux commentaires cruels et cyniques. Mes interventions utilisant ce champ privilégié pour m’impliquer à jouer avec lui dans ces psychodrames en croquis, ses BD parleront peu à peu de façon implicite de ses angoisses sexuelles et archaïques. Le plaisir partagé de ce mode d’échange constituant un contenant de ses émotions adolescentes, ses fugues pour tagguer s’espaceront au profit de l’investissement scolaire. Ayant brillamment gagné un concours de BD, et ensuite réussi son bac, il souhaitera arrêter son suivi en s’organisant pour devenir créateur de BD.

Ainsi le travail partagé autour de ses liens émotionnels A, H, C, complètement embrouillés pour lui lors de son arrivée, a pu rétablir avec la partie aimante et investigatrice de lui-même, un étayage clarifiant ses émotions avec une mise en relations créatives de leurs effets, dans le cadre de son mode privilégié de communication, fondé sur la représentation picturale soutenue d’interlocutions plus élaborées que des interjections.

2) Ayant annoncé huit mois avant mon départ à la retraite, notre future séparation à B. garçon de 14 ans suivi en psychothérapie en CMPP depuis ses 8 ans, pour hyperactivité et non-investissement scolaire suite au divorce parental du fait de violences paternelles, ce patient fort peu disert et en échec répété sur toute représentation dessinée et écrite, changera alors complètement son mode d’expression en séance. Alors qu’il lui fallait souvent passer un quart d’heure à s’exercer à des tirs et dribbles du ballon contre le mur du bureau, il deviendra soudain seulement concentré à dessiner ou écrire une histoire fantastique. Lors des six dernières séances, il s’appliquera à réaliser avec minutie le dessin d’un visage, tout en me dévisageant avec une attention soutenue. Il annoncera à l’avant-dernière séance, qu’il s’agissait du portrait de la Joconde en jubilant de découvrir sa propre capacité de représentation jamais imaginée possible ; j’y appris alors que sa mère co-dirigeante de son club de foot, assistait à tous ses entraînements et matchs… Après la première partie de notre dernière séance consacrée à la finition des couleurs du portrait, tout le reste du temps passa à s’interroger ensemble sur sa fascination pour ce portrait de la Joconde « qui ne l’avait pas quitté des yeux » lors de sa visite au Louvre, et auquel il pensait depuis très souvent. Tous ses ressentis intenses face à ce tableau en vinrent à être associés au regard de sa mère et au mien dans nos rencontres et lors de ses jeux d’adresse et de ballon, ainsi qu’à la découverte exaltante de sa toute nouvelle capacité à pouvoir se l’imaginer figurable par son dessin. En me quittant il m’indiquera qu’il m’enverrait « son portrait et le mien, et m’écrirait des lettres à mon adresse ». Je reçus ainsi pendant 4 à 5 ans de ses nouvelles lors des vœux de nouvelle année ; ce qui était un grand exploit vu son absence d’investissement antérieur de tout écrit.

En ce cas il paraît notable que la conjonction factuelle de notre prochaine séparation et de sa rencontre avec le tableau de La Joconde, a précipité un travail d’élaboration et d’investigation de son expérience émotionnelle esthétique, réanimant peut-être ici, mais en une autre dimension, son tout premier « choc esthétique ».

Comment ne pas songer ici à cette réflexion d’Adrian Stokes : « D’une manière presque tangible, [une grande œuvre d’art] reste « là-bas », et pourtant elle nous enveloppe. Nous ne l’absorbons pas, nous sommes nous-mêmes absorbés par elle. »20] Citation d’Adrian Stokes (1902-1972) dans l’Appréhension...

 

Vers des devenirs aux « éprouvés d’aimer » ?

Arrivons-nous toujours de nos voyages en émotions d’amour, de haine et du Connaître vers un éprouvé d’amour enrichi de toutes leurs communes pérégrinations intégrant leurs aventures émotionnelles qui nourrissent la personnalité, jusqu’à certains horizons de plénitude esthétique en une émotion de Beauté ?

« Un terme comme « amour » ne peut pas décrire quelque chose (…) [Des] images visuelles peuvent être utilisées pour parler de l’amour, même celui que nous imaginons être un amour mature, mais il y a une autre sorte d’amour qui est mature selon un critère absolu. Cet autre amour, vaguement ébauché, vaguement entrevu par le langage humain, est d’une nature totalement différente ; ce n’est pas seulement une différence quantitative de l’espèce d’amour qu’un animal a pour un autre ou que le bébé a pour le sein. C’est une extension supplémentaire jusqu’à l’« amour absolu » qui ne peut être décrit en termes de réalité ou d’expérience des sens. Pour cela il faut un langage de l’en-deçà et de l’en-delà des sens, quelque chose qui se trouve en dehors de l’expérience des sens et du langage articulé. On peut s’en approcher par des méthodes de communication qui ne relèvent pas seulement de sens». [21] Wilfred.R. Bion, (1992) Cogitations, In Press, 2005,...( hcq....de même de l'amour de la beauté ...de la voie, de la vérité, de la vie ;;;; de Dieu.....)

Ainsi l’« Amour », cet « éprouvé d’aimer » immanent non-verbal, le plus originel et sans possible retour, devenu imprégné des deux autres liens de Haine et du Connaître ne peut-il pas parfois se transmuer en un lien « Beauté » ineffable où, par la force de son ressenti le lien émotionnel du « co-naître » vient en exhausser l’approche toujours énigmatique ?



Bibliographie

  • Wilfred R Bion, (1960), Aux sources de l’expérience, PUF 1979, 137p.
  • W R Bion, (1962), « Une théorie de l’activité de pensée », in Réflexion faite (1967) PUF 1983, 191p.
  • W R Bion, (1992), Cogitations, in Press, 2005, 374p.
  • W R Bion, (1991) Un Mémoire du Temps à Venir-L’aurore de l’oubli Livre III, éd Du Hublot, 2010, 619p.
  • André Bolzinger, « Généalogie de la notion de transfert », in Les Lettres de la Société de psychanalyse freudienne, n° 8, 2002, p. 15-28.
  • Freud : « Observations sur l’amour de transfert » (1915) ; in La technique psychanalytique, Paris, PUF, 1953.
  • Florence Guignard, Quelle psychanalyse pour le xxie siècle ?, t. 1 Concepts psychanalytiques en mouvement, Paris, Ithaque, 2015 , 260p.
  • James S. Grotstein, Un rayon d’intense obscurité, Ce que Wilfred R . Bion a légué à la psychanalyse, (2007) éd Ithaque 2016, 477p.
  • Jean Guillaumin, Transfert/Contre-transfert 1998, L’Esprit du Temps 266p.
  • Jean-Claude Lavie, L’amour est un crime parfait, NRF Gallimard 1997, 213p
  • Yves Lugrin, Ferenczi sur le divan de Freud- une analyse finie ? Paris Campagne Première 2017, 266p.
  • Luis J. Martin Cabré, « La contribution de Ferenczi au concept de contre-transfert » (traduction Henriette Michaud) in Sandor Ferenczi revue Filigrane Printemps Montréal, 2000, pp 7-18 .
  • L’amour, Revue Tribune Psychanalytique, Lausanne N°11 2013, 279p.
  • Les voies du Contre-Transfert 1 et 2 , Revue Filigrane, Montréal vol 13 n°1 printemps 2004 et vol 13 n°2 automne 2004.
  • Donald Meltzer- Meg Harris Williams (1988), L’Appréhension de la Beauté- le Conflit Esthétique – Son rôle dans le développement, la violence, l’art - trad 2000 Larmor-Plage, éd Du Hublot, 254p.
  • Michel-Ange, Poèmes (trad Pierre Leyris), Poésie Gallimard, 2013, 142.
  • Jacquelyne Poulain-Colombier, « Un quatrième lien : +/- B (+/- beauté) », in Le mouvement
  • psychanalytique, vol IV, N°1, 2002.
  • Heinrich Racker, (1979), Études sur la technique psychanalytique- Transfert et contretransfert, Césura Lyon 1997, 259p.
  • Yves Thoret, « La dismorphophobie : comment s’approcher de la beauté », in Revue Evolution Psychiatrique, vol. 68, n° 4 (2003) (Exposé du 21 juin 2003 à la XVIIIème journée psychiatrique du Val de Loire, « La beauté, remède, maladie ou vérité », organisée par le Pr Jean-Bernard GARRE et l’AARP, Abbaye Royale de Fontevraud ; cf site : psychiatrie angevine.)
  • Terminer une cure analytique, SPP Institut de Psychanalyse, janv. 1998, XXXXème séminaire de perfectionnement.
  • Transferts d’amours, Revue Libres Cahiers pour la Psychanalyse éd In Press 2011- 1- N°23, 176p.
  • Radmila Zygouris, L’amour Paradoxal ou la Promesse de séparation, oct 1997, conférence de Sao Polo Rencontre Livraria Pulsional Textes de psychanalyse sur le site de l’auteur.
  • Jean Paul Valabréga, (1980), « Le transfert-contre-transfert et le transféré », Phantasme, mythe, corps et sens, Paris, Payot, 1980,1992.

Notes

 [1]

Michel-Ange, Poèmes, NRF Gallimard 2013, p 48.

 [2]

Jacquelyne Poulain-Colombier, « Un quatrième lien : +/- B (+/- beauté) », in Le mouvement psychanalytique, vol IV, N°1, 2002.

 [3]

D. Meltzer- Meg Harris Williams (1988), L’Appréhension de la Beauté- le Conflit Esthétique – Son rôle dans le développement, la violence, l’art - trad 2000 Larmor-Plage, éd Du Hublot, p 38.

 [4]

D. Meltzer- Meg Harris Williams, op cité.

 [5]

Jean Claude Lavie, L’amour est un crime parfait, 1997, p. 31.

 [6]

Le concept de « projection identificatoire » a été développé par Florence Guignard, pour remplacer le terme d’« identification projective » qui traduit mal la primauté de mouvement projectif sur celui de l’identification. Elle développe son analyse dans son dernier ouvrage : Quelle psychanalyse pour le xxie siècle ?, t. 1, Concepts psychanalytiques en mouvement, Paris, Ithaque, 2015.

 [7]

W R Bion, (1962), « Une théorie de l’activité de pensée », in Réflexion faite (1967) PUF 1983 pp 125-135, et (1960), Aux sources de l’expérience, PUF 1979.

 [8]

Néologisme que j’utilise là où Antonino Ferro emploie plutôt “alphabétisaiton”.

[9]

Je fais l’hypothèse d’une brève expérience d’identification “corrélative”, pour indiquer une identification à mi-chemin entre la « projection identificatoire » (cf supra) et la mise en route de l’introjection émotionnelle .

[10]

Dans le “Prologue” de son ouvrage L’amour Lacan, (EPEL Paris 2009) Jean Allouch rappelle les différences entre les théories des passions de Saint Augustin, Pascal, Scheler et Lacan, selon lesquelles la Connaissance est fondée par l’Amour chez Saint Augustin et Pascal, mais également aussi par la Haine chez Scheler, alors que chez Lacan ni l’un, ni l’autre ne peuvent en engendrer le chemin, de sorte que seules trois passions co-habitent isolément : l’amour, la haine et l’ignorance.

 [11]

W.R. Bion, (1960), Aux sources de l’expérience, PUF 1979, chap. 26-27-28.

 [12]

W.R. Bion, (1960), op cité, chap 14 p 59.

 [13]

Yves Lugrin, Ferenczi sur le divan de Freud- une analyse finie ? Paris Ed. Campagne Première 2017

[14]

Nous n’en développerons pas ici tous les apports et scansions historiques publiés dans une montagne de recherches.

 [15]

Radmila Zygouris, L’amour Paradoxal ou la Promesse de séparation, oct 1997, conférence de Sao Polo Rencontre Livraria Pulsional -Textes de psychanalyse publiés sur le site de l’auteur. L’auteure précise aussi qu’il conviendrait de nommer la représentation projetée d’amour qui naît dans l’aire d’une demande d’un non-encore-advenu, comme « transfert paradoxal », étant donné qu’il est d’emblée « voué à une séparation obligée qui ne ressemble à aucune autre ». Car tout contrat analytique contient le paradoxe d’être à la fois promesse d’ouverture à la subjectivation et promesse de séparation. Double visée tout à fait essentielle dans la cure qu’elle définit comme « lien inédit ».

 [16]

Yves Lugrin, opus cité.

 [17]

Notons que la plupart s’attache surtout au dit « amour de transfert » (et fort peu aux contre-transferts). Dans la liste fort longue des re-définitions et/ou descriptions des phénomènes « transferts <=> contre-transferts ». on peut citer en vrac et de façon non exhaustive : le ‘symptôme transitoire’ (Ferenczi), ‘l’amour en transfert’, le ‘report d’affects’ ; le ‘tout contre-transfert’ ; le ’substitut d’amour’ ; le ‘mandataire d’amour’ ou ‘l’amour mandataire’ ; la ‘translation d’amour’ ; ‘l’amour transférentiel’, le ‘transport d’amour ‘, le ‘transmour’, le ‘transfert en identification projective’, le ’transfert paradoxal’…

[18]

James S. Grotstein, (2007) Un rayon d’intense obscurité, Ce que Wilfred R . Bion a légué à la psychanalyse, éd Ithaque 2016, p.244.

 [19]

Notons que dans son étude du contre-transfert Léon Grinberg a évoqué dès 1956, les effets de « la contre-identification projective » (cf traduction par Jean-Michel Assan en voie de parution, de ses textes relatifs à la contre-identification projective, (communication privée).

[20]

Citation d’Adrian Stokes (1902-1972) dans l’Appréhension de la Beauté, D.Meltzer et M.Harris, opus cité, p.197.

 [21]

Wilfred.R. Bion, (1992) Cogitations, In Press, 2005, p.340.

 

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